La normalisation entre l'Arabie saoudite et Israël a figuré par les plus importants sujets que le secrétaire d'État américain, Anthony Blinken, a abordé avec les responsables saoudiens, notamment le dirigent de facto Mohammed Ben Salmane, lors de sa très sensible visite de deux jours dans le Royaume. Au terme de laquelle, et à l'occasion d'une conférence de presse conjointe, le Chef de la diplomatie saoudienne Faisal bin Farhan a déclaré que la normalisation avec Israël aura de grands avantages pour tout le monde, mais que ces avantages seront limités sans une voie vers la paix avec les Palestiniens.
L'administration américaine a inscrit le dossier de la normalisation entre Israël et l'Arabie saoudite comme stratégique et prioritaire. Joe Biden et ses équipes veulent décrocher l'accord des saoudiens avant la fin de leur mandat.
Anthony Blinken et avant lui Jake Sullivan ont annoncé que les États-unis souhaitaient vivement parvenir à une normalisation. Un évènement historique que Biden veut arracher aux républicain et l'inscrire dans son bilan. Les deux hommes tentent depuis quelques semaines d'aplanir les différents avec MBS, que leur appareil de parti traitait de pariah.
Comme l'a annoncé aujourd'hui le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, devant la presse, l'Arabie saoudite n'est pas fondamentalement ou idéologiquement contre une normalisation complète avec l'état hébreu. Au contraire, MBS est convaincu qu'une alliance Riyadh-Tel Aviv pourrait booster l'influence mondiale de son pays. Le choix de l'emplacement de Nom, la ville technologie, écologique et futuriste, symbole de la vison 2030 de MBS, à 142 km du port israélien Elat et à 873 de Jeddah, démontre de l'ouverture du prince héritier à une intégration régionale.
En attendant, Mohammed Ben Salmane, ne faisant pas très confiance aux démocrates et à Biden exige un certain nombre de conditions :
- Un deal d'armement très significatif
- Une alliance de Défense
- Un programme nucléaire saoudien
- Des accords longs et indépendant des changements politiques américains
Cette liste non-exhaustive des conditions saoudiennes à la normalisation avec Israël divise aussi bien les démocrates que les républicains. Selon la presse israélienne, Blinken aurait entrepris des démarches pour chercher un accord avec le camp républicain. Entre temps, il continu à faire pression sur Netanyahu pour trouver un deal avec les palestiniens et de brandir la carte des droits de l'homme, dans l'espoir de limiter les concessions de son pays à MBS.
Blinken a déclaré, jeudi 8 juin 2023, que Washington continuera à jouer un rôle clé dans la promotion et l'élargissement de la normalisation entre Israël et le Royaume, et a ajouté, lors de la conférence de presse conjointe avec son homologue saoudien, que Washington maintiendra la question des droits de l'homme à l'ordre du jour des discussions bilatérales avec l'Arabie saoudite.
Pour sa part, le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lors de la même conférence : «Nous pensons que la normalisation avec Israël aura de grands avantages pour tout le monde, mais que ces avantages seront limités sans une voie vers la paix avec les Palestiniens». Quant au dossier des droits de l'homme, Bin Farhan a souligné que Riyad «ne cédait pas à la pression en termes de droits de l'homme».
Reuters a rapporté que la visite du secrétaire d'État américain Anthony Blinken en Arabie saoudite n'a pas été couverte par les médias du royaume jeudi, à un moment où les relations entre les deux pays sont tendues, malgré les efforts américains pour désamorcer les divergences liées aux prix du pétrole, à l'ouverture de Riyad à la Chine et à l'Iran.
Blinken est le deuxième haut fonctionnaire américain à se rendre chez le plus proche allié stratégique de Washington au Moyen-Orient en moins d'un mois, après la visite du conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, M. Jake Sullivan, le 7 mai.
Médiatisation au minima à Riyadh
Les réunions de Blinken avec le prince héritier Mohammed ben Salmane, le dirigeant de facto du royaume, et les ministres des Affaires étrangères des pays du Conseil de coopération du Golfe, n'ont été traitées que dans les pages intérieures d'Al-Watan et d'Okaz, les deux plus grands journaux d'Arabie saoudite.
Les deux journaux ont plutôt consacré leurs premières pages à d'autres sujets, notamment l'arrivée de la star française du football Karim Benzema à Djeddah pour rejoindre le club Al-Ittihad.
Selon un responsable américain, le secrétaire d'États américain et le prince héritier saoudien ont eu des entretiens «ouverts et francs» pendant une heure et quarante minutes, au cours desquelles ils ont abordé des questions telles que le conflit au Yémen, la guerre au Soudan et en Israël, ainsi que les droits de l'homme.
Le journal semi-officiel de langue anglaise Arab News a couvert les déclarations de Blinken lors de ses entretiens au siège du Conseil de coopération du Golfe, notamment ceux concernant le Yémen, mais n'a pas abordé les efforts diplomatiques américains visant à normaliser les relations entre l'Arabie saoudite et Israël.
Invité à une réunion au Conseil de coopération du Golfe auquel ont participé l'ensemble des membres, Blinken a déclaré dans son allocution : «Nous partageons la même volonté de réduire les tensions entre Israéliens et Palestiniens, de maintenir un horizon d'espoir et d'œuvrer en faveur d'une solution à deux États», en référence à la volonté des Palestiniens d'établir un État dans les territoires occupés par Israël depuis la guerre de 1967.
Et d'ajouter : «Nous coopérons également avec les pays de la région pour élargir et renforcer la portée de la normalisation des relations avec Israël».