Les épidémiologistes du Centre de recherche et de politique en matière de maladies infectieuses de l'Université du Minnesota (CIDRAP) ont présenté la semaine dernière, trois scénarios possibles de propagation du Covid-19, auxquels les États-Unis auront à faire face les mois à venir : petites flambées récurrentes, vague monstre ou crise persistante. Selon cette étude le Coronavirus subsistera pendant des mois, voire des années.
Alors que l'administration Trump pousse pour déconfiner le plus tôt possible les américains, de nouvelles études viennent plomber l'ambiance : « Le Coronavirus n'est pas prêt de partir, il restera avec nous pendant assez longtemps.»
«C'est une lutte qui durera plusieurs mois à quelques années. Il ne s'agit pas de dépasser le pic de la pandémie, comme certains semblent le croire.» affirme le Dr Marc Lipsitch, co-auteur de deux analyses récentes - l'une du Center for Infectious Disease Research and Policy de l'Université du Minnesota, l'autre de la Chan School publiée dans Science - qui décrivent une variété de formes que la vague pandémique pourrait prendre dans les mois à venir
«Un seul cycle de distanciation sociale, fermeture des écoles et des lieux de travail, limitation de la taille des rassemblements, fermetures d'intensités et de durées variables, ne suffira pas sur le long terme.» croit savoir l'épidémiologiste.
« Dans l'intérêt de gérer nos attentes et de nous gouverner en conséquence, il pourrait être utile, pour notre état d'esprit pandémique, d'envisager cette situation - du moins existentielle - comme une «vague soliton»: une vague qui ne cesse de rouler et de rouler, de continuer sous sa propre puissance sur une grande distance.», recommande Dr Lipsitch.
Pour comprendre à quoi ressemble notre avenir, explique le chercheur, il peut être utile d'imaginer la trajectoire du virus comme une vague ondulante.
Dans l'article scientifique publié le 6 mai, l'équipe de Harvard, constituée de l'épidémiologiste des maladies infectieuses Yonatan Grad, son stagiaire postdoctoral Stephen Kissler, le Dr Lipsitch, son doctorante Christine Tedijanto et leur collègue Edward Goldstein, a examiné de plus près divers scénarios de la propagation de la pandémie en simulant la dynamique de transmission à l'aide des dernières données Covid-19 et des données de virus apparentés.
L'analyse décrit ainsi trois différentes formes que la vague pourrait prendre:
Scénario n ° 1 : Pics et vallées
Il s'agit d'une première vague de cas ( l'actuelle vague ) suivie d'une trajectoire constamment cahoteuse de «pics et de vallées» qui diminuera d'intensité progressivement sur un an ou deux.
Scénario n ° 2 : Pic de l'automne
Ce scénario suppose que la vague actuelle sera suivie d'un «pic d'automne» plus important, ou peut-être d'un pic hivernal, avec par la suite des vagues plus petites, similaires à ce qui s'est produit pendant la pandémie de grippe espagnole de 1918-1919.
Scénario n ° 3 : Lente combustion
Dans ce cas de figure, la pandémie montre un pic printanier intense suivi d'une «combustion lente» avec des hauts et des bas moins prononcés.
Les auteurs de cette étude concluent que, quelle que soit la réalité qui va se matérialiser (en tenant compte des mesures barrières et dans l'attente d'un vaccin), «nous devons être prêts pour au moins 18 à 24 mois supplémentaires d'activité Covid-19 importante, avec des épicentres qui apparaissent périodiquement dans diverses zones géographiques.»
Chacun des scénarios imaginés par les chercheurs montre qu’un seul cycle de distanciation sociale ne sera probablement pas suffisant à long terme. Le monde devra faire face à des restrictions et des confinements occasionnels au cours des prochaines années, jusqu'à ce qu'il y ait une immunité généralisée ou un vaccin efficace.