La concurrence entre les grandes puissances profite souvent aux pays du Sud. C’est ce qui arrive actuellement entre la France et la Chine en Afrique. Selon les derniers chiffres de l’AFD, le Maroc est le premier bénéficiaire des financements de l’Agence française de développement (AFD). Et pour cause, la France qui a accusé quelques reculs en Afrique entend bien défendre sa position en arrêtant de parcelliser l’Afrique en deux : anglophone et francophone et en optant pour le « Tout Afrique ».
La France est aux petits soins avec le Maroc. Au cours de la visite d’une délégation de journalistes marocains à l’Agence française de développement (AFD) à Paris le 13 décembre dernier, Pascal Collange, Responsable pays au sein du Département Afrique au sein de l’agence a révélé que le Maroc reste le premier bénéficiaire des financements de l’AFD avec 2,9 milliards d’euros octroyés au 15 octobre 2018. Au cours de l’exercice écoulé, l’AFD a financé des projets dans le pays à hauteur de 431 millions d’euros. La visite des médias marocains s’inscrivait dans le cadre d’un programme lancé par le Quai d’Orsay sous le thème « Villes durables: Organisation des collectivités locales ».
Aller de l’avant
Pascal Collange a confié aux journalistes que l’AFD est déterminée à accompagner le Maroc et à lui fournir l’assistance technique nécessaire pour réussir ses projets, ajoutant que « la coopération entre l’AFD et le Maroc ne cesse d’accroître à la faveur d’une volonté mutuelle d’aller de l’avant dans le renforcement des mécanismes de contact et de communication dans tous les domaines ». Tout en se félicitant de l’élan donné par le Maroc en Afrique à travers de grands projets, le responsable a affirmé que la « relation avec le Maroc revêt une importance exceptionnelle et la coopération qui nous unit augmente de plus en plus grâce à la confiance mutuelle et au savoir-faire des deux parties ». Qualifiant le retour du Maroc au sein de l’Union africaine de « victoire pour l’avenir du continent », M. Collange a indiqué que la France continuera d’appuyer le Maroc en Afrique pour « l’intérêt de toutes les parties ».
Une victoire pour l’avenir
Ce dernier a profité de sa rencontre avec les journalistes marocains pour présenter les objectifs de la Stratégie 2017-2021 de l’agence en faveur du Maroc, à savoir encourager une croissance inclusive et durable, rendre les territoires plus attractifs, réduire les disparités spatiales, valoriser le capital humain et renforcer la cohésion sociale. M. Collane a précisé que cette stratégie s’assigne également comme finalité l’appui aux « transitions énergétique et écologique et l’adaptation au changement climatique ».
L’annonce de ces chiffres intervient deux mois après une grande annonce. En effet, en septembre 2018, l’AFD a présenté son Plan d'orientation stratégique 2018-2020, en présence de Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères français. Contrairement à l’accoutumée, cette présentation a eu lieu au siège de l’AFD. Il en ressort que l’agence va se recentrer davantage sur les pays pauvres et fragiles en particulier dans la zone du « Tout Afrique ».
La logique du « Tout Afrique »
La France, via l’AFD, compte faire passer ses engagements de 10,4 milliards d’euros en 2017 à 14 milliards en 2019. Cette révélation s’est faite de manière concomitante avec la promesse de la Chine lors du Sommet Sino-africain d’accorder 51 milliards d’euros de financement à l’Afrique. Rémy Rioux, Directeur général de l’AFD a estimé que l’aide au développement accordée par la France est « sur une inflexion historique ». L’Afrique demeure une priorité pour l’aide au développement. Seulement, cette fois l’aide ira à toute l’Afrique et non plus seulement aux zones francophones. « Nous sommes la seule agence à ne pas diviser l'Afrique en deux », a tenu à rappeler Rémy Rioux. Fortement concurrencée par la Chine ces dernières années en raison de montée en puissance dans le continent noir, l’AFD consacre 80% de son effort financier à l'Afrique. Le 12 avril 2018, M. Rioux a affirmé lors d’un point de presse que l’Afrique reste une priorité avec 50% des engagements de l’agence, soit 5,2 milliards d'euros. Un trend qui ira crescendo avec un intérêt particulier pour l’environnement avec près d’un milliard d’euros octroyés en 2017.