Après sa visite à Nicolas Sarkozy, Gérald Darmanin visé par une plainte pour «prise illégale d’intérêts»

Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, s’est rendu mercredi soir à la prison de la Santé, à Paris, pour rendre visite à l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, incarcéré depuis le 21 octobre dans le cadre de l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.

Selon les informations du Figaro, le garde des Sceaux est arrivé à 19h00 et s’est entretenu pendant environ 45 minutes avec Nicolas Sarkozy, en présence du directeur de l’établissement. Les discussions ont porté sur les conditions de sécurité et de détention de l’ancien chef de l’État. Gérald Darmanin a ensuite échangé pendant près d’une heure avec le directeur et les agents pénitentiaires sur la sécurité de la maison d’arrêt.

L’entourage de Nicolas Sarkozy n’ont pas souhaité commenter cette rencontre.

Une plainte déposée devant la Cour de justice de la République

Le lendemain de cette visite, un collectif de 29 avocats a déposé une plainte contre Gérald Darmanin pour « prise illégale d’intérêts », auprès de la Cour de justice de la République (CJR). Selon le document cité par BFMTV, les plaignants estiment que le ministre, en exprimant publiquement sa compassion envers Nicolas Sarkozy et en annonçant à l’avance sa visite, aurait pris position dans une affaire relevant de son autorité hiérarchique.

Le collectif, dans lequel figure l’avocat Me Jérôme Karsenti, évoque un « intérêt moral et amical » susceptible de compromettre l’impartialité du ministre de la Justice. Il s’appuie notamment sur les déclarations faites par Gérald Darmanin le 20 octobre sur France Inter : « J’ai beaucoup de tristesse pour le président Sarkozy […] L’homme que je suis, j’ai été son collaborateur, ne peut pas être insensible à la détresse d’un homme. »

Les avocats estiment que cette proximité personnelle pourrait constituer un conflit d’intérêts au regard de l’article 432-12 du Code pénal, qui sanctionne la prise illégale d’intérêts.

Le ministère défend la légitimité de la visite

Le ministère de la Justice a, pour sa part, affirmé que le déplacement du garde des Sceaux « s’inscrivait dans ses fonctions de chef de l’administration pénitentiaire ».
« S’assurer de la sécurité d’un ancien président de la République en prison, fait sans précédent, n’atteint en rien l’indépendance des magistrats mais relève du devoir de vigilance du chef d’administration que je suis », a écrit Gérald Darmanin sur le réseau X.

La visite du ministre, une première depuis l’incarcération de Nicolas Sarkozy, intervient alors que l’ancien chef de l’État a fait appel de sa condamnation à cinq ans de prison dans le cadre du dossier du financement libyen.

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