Un incident en mer Rouge a plongé l’internet au Moyen-Orient et en Asie du Sud dans un ralentissement généralisé. Samedi soir, les clients des opérateurs émiratis Du et Etisalat ont signalé une chute notable de la vitesse de connexion, alors que des câbles sous-marins critiques reliant l’Europe, l’Afrique et l’Asie ont été sectionnés.
Des câbles stratégiques touchés
Selon l’observatoire NetBlocks, les pannes affectent deux infrastructures vitales :
- SMW4 (South East Asia–Middle East–Western Europe 4), géré par Tata Communications ;
- IMEWE (India–Middle East–Western Europe), opéré par un consortium dirigé par Alcatel-Lucent.
Ces câbles, qui passent au large de Djeddah, constituent l’un des principaux axes numériques reliant l’Asie au Vieux Continent. Leur coupure a ralenti la connectivité en Inde, au Pakistan, aux Émirats arabes unis et dans plusieurs autres pays de la région.
Microsoft a confirmé l’incident via son site de statut : « Le Moyen-Orient peut subir une latence accrue en raison de coupures de fibres sous-marines en mer Rouge. Le trafic internet ne passant pas par la région n’est pas affecté. »
Réparations complexes dans une zone militarisée
La mer Rouge est l’un des corridors les plus sensibles du globe. Toute opération de réparation nécessite le déploiement d’un navire spécialisé et peut prendre plusieurs semaines. Or, la situation est rendue encore plus périlleuse par le contexte sécuritaire : depuis fin 2023, les rebelles houthis du Yémen, soutenus par l’Iran, mènent une campagne d’attaques contre les navires, en représailles à la guerre entre Israël et le Hamas.
Si les Houthis nient avoir visé les câbles, leur chaîne satellitaire Al-Masirah a reconnu dimanche que les coupures avaient eu lieu, citant NetBlocks. Déjà, en 2024, le gouvernement yéménite en exil les accusait de planifier des attaques sur ces infrastructures vitales.
Une panne aux répercussions régionales
Aux Émirats, des milliers d’utilisateurs ont fait état de problèmes de connexion sur DownDetector.ae, contraignant les services d’assistance de Du et d’Etisalat à répondre en urgence à une avalanche de réclamations. La Pakistan Telecommunications Company a confirmé officiellement l’incident, tandis que l’Arabie saoudite et le gouvernement émirati n’ont pas encore communiqué.
Les experts rappellent que 70 % des coupures passées de câbles sous-marins sont accidentelles, souvent causées par des ancres de navires. Mais dans le climat actuel, marqué par une multiplication des attaques houthis — plus de 100 navires ciblés depuis novembre 2023, quatre bâtiments coulés et au moins huit marins tués —, l’inquiétude demeure vive.