Alors que la guerre à Gaza se poursuit et que le bilan humanitaire s’alourdit, Israël voit son isolement s’accentuer sur la scène internationale, affirme une enquête de CNN. La contestation, d’abord diplomatique, s’est désormais étendue aux domaines économique, culturel et même sportif, donnant à l’État hébreu l’image d’un pays rejeté, comparé par certains à l’Afrique du Sud de l’apartheid.
Comme le rappelle CNN, le point de bascule a été atteint lorsque l’ONU a conclu pour la première fois qu’Israël avait commis un génocide à Gaza. Cette conclusion, déjà soutenue par plusieurs experts et ONG, a provoqué une onde de choc. Elle s’ajoute aux mandats d’arrêt internationaux qui limitent les déplacements de Benjamin Netanyahu, forcé de contourner l’espace aérien de certains pays pour rejoindre l’Assemblée générale des Nations unies.
En parallèle, la reconnaissance croissante d’un État palestinien par de grands pays comme la France, le Royaume-Uni ou le Canada, a accentué l’isolement d’Israël lors de l’Assemblée générale de l’ONU.
Sanctions économiques et désengagement
Sur le plan économique, le signal le plus fort est venu d’Europe, estime CNN. L’Union européenne, premier partenaire commercial d’Israël, envisage de suspendre partiellement son accord de libre-échange. Déjà, plusieurs États occidentaux ont instauré des sanctions ciblées contre des colons, organisations ou responsables israéliens.
Le désengagement gagne aussi la sphère financière : le fonds souverain norvégien, le plus important au monde, a annoncé en août se délester de ses actifs israéliens, invoquant la crise humanitaire. À cela s’ajoutent les embargos partiels ou totaux sur les ventes d’armes décidés par la France, l’Italie, l’Espagne, le Royaume-Uni ou les Pays-Bas. Pour CNN, il s’agit là d’un tournant comparable aux premières sanctions internationales contre l’Afrique du Sud de l’apartheid.
Le boycott gagne la culture et le divertissement
La pression internationale ne se limite pas aux chancelleries. Le boycott touche des événements très populaires. Plusieurs diffuseurs européens – en Irlande, aux Pays-Bas ou en Espagne – menacent de boycotter l’Eurovision 2026 si Israël y participe, rappelle CNN. À Hollywood, des milliers d’acteurs et de cinéastes, parmi lesquels Olivia Colman, Emma Stone et Andrew Garfield, se sont engagés à ne plus collaborer avec des institutions culturelles israéliennes.
Même la musique classique est touchée : un festival belge a annulé un concert dirigé par le chef israélien Lahav Shani, estimant que ses prises de position ne permettaient pas d’écarter tout doute sur son rapport avec « un régime génocidaire ».
Le sport, nouveau front de l’isolement
Les terrains sportifs, souvent miroir des tensions internationales, ne sont pas épargnés. En Espagne, des joueurs israéliens se sont retirés d’un tournoi d’échecs faute de pouvoir concourir sous leur drapeau national. En cyclisme, une étape a été annulée après de grandes manifestations contre l’équipe Israel-Premier Tech.
Mais le choc le plus redouté se profile dans le football européen. Selon la presse israélienne, l’UEFA serait sous pression pour expulser Israël de ses compétitions, à l’image du bannissement de la Russie après l’invasion de l’Ukraine. Le ministre israélien des Sports Miki Zohar reconnaît lui-même que ses équipes travaillent « intensivement » pour contrer ce scénario.
La star égyptienne de Liverpool, Mohamed Salah, a rejoint la liste de joueurs de premier plan dénonçant la guerre à Gaza et exprimant leur solidarité avec le peuple palestinien, renforçant l’écho médiatique du boycott sportif.
Une comparaison avec l’apartheid sud-africain
Pour certains diplomates israéliens eux-mêmes, le pays vit un tournant comparable à celui de Pretoria. « Eurovision et football sont très populaires, et le simple lien entre pression politique et sanctions culturelles ou sportives peut avoir un impact énorme », souligne Ilan Baruch, ancien ambassadeur d’Israël en Afrique du Sud, cité par CNN.
La dynamique rappelle les boycotts contre le régime d’apartheid qui, progressivement, ont transformé l’Afrique du Sud en paria mondial jusqu’à l’abandon du système raciste.
Conscient de ce basculement, Netanyahu a reconnu que son pays faisait face à une « sorte d’isolement » qui pourrait durer des années, appelant à renforcer l’autonomie industrielle et militaire. Mais cette rhétorique d’indépendance ne masque pas la perte d’alliés traditionnels et la multiplication de fractures sur la scène internationale.
Si les États-Unis continuent de soutenir Israël diplomatiquement, le reste du monde semble s’aligner, peu à peu, sur une logique de sanctions et d’exclusion. Du Conseil de sécurité de l’ONU aux stades de football européens, Israël voit se refermer les portes d’un ordre international où il a longtemps bénéficié d’un statut privilégié, conclut CNN.