Le rideau est tombé sur Streameast, considéré comme le plus vaste service de streaming sportif illégal au monde. La plateforme a été fermée le 24 août en Égypte, à l’issue d’une opération coordonnée entre les autorités locales et l’Alliance for Creativity and Entertainment (ACE), coalition mondiale de lutte contre le piratage audiovisuel.
Un empire du streaming clandestin
En seulement quelques années, Streameast s’était imposé comme l’adresse incontournable des amateurs de sport en quête de retransmissions gratuites et illégales. Le site, adossé à un réseau de 80 domaines actifs, a généré plus de 1,6 milliard de visites en 2024-2025, soit une moyenne de 136 millions de visiteurs par mois.
Sa notoriété s’était construite sur l’accès illégal aux événements sportifs les plus lucratifs : Ligue des champions et compétitions européennes, NBA, NFL, MLB, combats de boxe pay-per-view et même la Formule 1. Les principaux publics provenaient des États-Unis, du Canada, du Royaume-Uni, des Philippines et d’Allemagne.
Une opération transnationale minutieusement préparée
Selon l’ACE, le coup de filet a été le fruit d’une enquête d’une année, menée avec la participation d’Europol, du Département de la Justice américain, du Bureau du représentant américain au Commerce (USTR) et du National Intellectual Property Rights Coordination Centre.
En Égypte, deux hommes ont été arrêtés dans la ville d’El-Sheikh Zaid, dans le gouvernorat de Gizeh, à une vingtaine de miles à l’ouest du Caire, sur suspicion de violations massives du droit d’auteur. Ils ont depuis été placés en détention.
Lors de la descente, les forces de l’ordre ont saisi plusieurs ordinateurs portables et smartphones utilisés pour opérer les sites, en plus d’importantes sommes d’argent liquide et de multiples cartes de crédit.

Les enquêteurs ont également mis au jour les ramifications financières du réseau : une société écran basée aux Émirats arabes unis aurait servi à blanchir l’équivalent de 6,2 millions de dollars (4,9 millions de livres sterling) de revenus publicitaires générés depuis 2010. À cela s’ajoute un portefeuille de cryptomonnaies d’une valeur de 200 000 dollars (150 000 £) et l’acquisition de plusieurs biens immobiliers en Égypte, soupçonnés d’avoir été achetés grâce à ces fonds illicites.
Un signal mondial aux réseaux pirates
« Avec cette action historique, nous avons marqué un nouveau point en faveur des ligues sportives, des entreprises de divertissement et des fans à travers le monde. Notre alliance mondiale restera mobilisée aussi longtemps qu’il faudra pour identifier et neutraliser les plus grands réseaux de piratage », a déclaré Charles Rivkin, président de l’ACE et de la Motion Picture Association.
L’opération revêt un caractère symbolique : elle intervient à la veille du lancement de la saison régulière de la NFL, l’un des championnats les plus piratés sur la plateforme.
Une bataille loin d’être terminée
Si la fermeture de Streameast est présentée comme une victoire majeure, elle illustre aussi l’ampleur du défi posé par le piratage numérique. Les sites illégaux se répliquent rapidement via de nouveaux domaines et utilisent des réseaux sophistiqués de financement, notamment par la publicité en ligne et les cryptomonnaies.
Tous les anciens liens associés à Streameast redirigent désormais vers la page “Watch Legally” de l’ACE, qui promeut les plateformes de diffusion autorisées. Une manière de transformer un coup d’arrêt judiciaire en opportunité pédagogique pour sensibiliser les utilisateurs aux risques du piratage et à l’importance de soutenir l’économie légale du sport et du divertissement.