Dans une décision spectaculaire, l’administration Trump a révoqué la certification de Harvard lui permettant d’accueillir des étudiants étrangers. Une manœuvre inédite qui bouleverse l’équilibre du monde académique américain et provoque un tollé dans les milieux universitaires et diplomatiques.
C’est une décision sans précédent dans l’histoire de l’enseignement supérieur américain. Jeudi, le Département de la sécurité intérieure, sous l’autorité de Kristi Noem, a notifié à Harvard la révocation immédiate de sa certification au Student and Exchange Visitor Program (SEVP), interdisant à l’université d’enrôler ou de maintenir des étudiants internationaux dans ses programmes.
Une mesure qui touche de plein fouet les quelque 6 800 étudiants étrangers actuellement inscrits, soit 27 % de l’effectif total, et prive l’université d’une source vitale de diversité intellectuelle et de revenus. Selon les autorités, Harvard aurait échoué à se conformer à des obligations de reporting dans le cadre d’une enquête ouverte le 16 avril sur un supposé «environnement hostile» pour les étudiants juifs — une accusation fortement contestée par l’institution.
Une décision à forts relents politiques
Ce nouveau bras de fer survient dans un climat déjà tendu entre Harvard et l’administration Trump, qui a multiplié ces derniers mois les attaques contre l’université : suppression de financements, remises en cause des politiques d’admission, pression sur le recrutement académique. Mais cette révocation va plus loin : elle remet en cause l’essence même de l’attractivité mondiale de Harvard.
Kristi Noem a rendu publique la lettre officielle sur les réseaux sociaux, stipulant que les étudiants étrangers actuellement sur le campus devront “être transférés ou perdre leur statut légal”. L’université, de son côté, qualifie l’action de “revancharde et illégale”, et se prépare à une nouvelle bataille judiciaire.
Harvard contre-attaque : «Une action qui menace notre mission académique»
Jason Newton, directeur des relations médias de l’université, a réagi fermement :
« Nous sommes pleinement engagés à soutenir notre communauté internationale qui enrichit immensément l’université et le pays. Cette action menace gravement notre mission académique et de recherche. »
Dans un courrier adressé aux autorités le 30 avril, Harvard avait refusé de transmettre certains fichiers jugés trop intrusifs, affirmant vouloir respecter les limites légales en matière de protection des données. L’administration Trump a jugé cette réponse insuffisante et a élargi ses demandes à de nouvelles catégories d’information, tout en imposant un ultimatum de 72 heures.
Une onde de choc dans le monde universitaire
La révocation du SEVP pour Harvard ne constitue pas seulement un revers pour l’université ; elle est perçue comme une attaque directe contre l’écosystème universitaire américain dans son ensemble, longtemps valorisé pour sa capacité à attirer les meilleurs talents mondiaux.
Andrea Flores, ancienne responsable du DHS sous Obama, a dénoncé :
« C’est la première fois qu’un gouvernement cherche à redéfinir la composition d’une université en modifiant unilatéralement l’accès à ses étudiants internationaux. »
Pour un étudiant suédois en fin de cycle à Harvard intérrogé par New York Times:
« Sans ses étudiants étrangers, Harvard cessera d’être ce qu’elle est. L’administration Trump nous utilise comme des jetons dans une partie de poker. C’est extrêmement dangereux. »
Une bataille judiciaire imminente ?
Alors que Harvard se prépare à contester la décision devant les tribunaux, les experts juridiques s’interrogent sur la légalité de cette décision brutale. Les régulations fédérales encadrent strictement les motifs de révocation d’un SEVP, et la démarche de Mme Noem pourrait être interprétée comme un abus de pouvoir à des fins politiques.