Au lendemain des frappes israéliennes massives contre les installations nucléaires et balistiques iraniennes, Tel-Aviv a ordonné la fermeture temporaire du champ gazier Leviathan, l’un des principaux fournisseurs de gaz à l’Égypte. Un signal d’alerte s’allume pour le Caire, qui dépend à hauteur de 800 millions de pieds cubes par jour de ce gaz israélien. Le pays a d’ailleurs déclaré l’état d’urgence dans le secteur électrique, par anticipation des répercussions durant la canicule estivale.
Les faits clés
- Fermeture du champ Leviathan : Annonce faite vendredi 13 juin, en réaction aux menaces de représailles iraniennes.
- État d’alerte en Égypte : Le gouvernement a décrété l’état d’urgence dans le secteur électrique, craignant des perturbations dans l’approvisionnement énergétique durant la canicule estivale.
- Production suspendue également à Karish : La compagnie grecque Energean a cessé l’exploitation du champ offshore Karish, sur ordre du ministère israélien de l’Énergie, renforçant la vulnérabilité de l’approvisionnement régional.
D’où vient le gaz israélien ?
- Depuis 2020, l’Égypte importe du gaz israélien via un pipeline sous-marin en Méditerranée, reliant les champs offshore Tamar et Leviathan, selon un contrat de 15 ans.
- L’interruption actuelle remet en question ce pilier énergétique, alors que le Caire est passé du statut d’exportateur à celui d’importateur ces dernières années.
Impact immédiat : production électrique et engrais en péril
- Le déficit gazier en Égypte s’élève à 3,5 milliards de m³/jour, dont 1 milliard est couvert par Israël.
- Le reste provient de cargaisons de GNL importées via 4 navires déjà actifs, un cinquième étant prévu à court terme.
- Le secteur électrique est en ligne de front : 105 millions de m³ de gaz et 38 000 tonnes de fuel livrés aux centrales.
- Le pic de charge estimé dépasse 34 000 MW, avec risque de coupures ciblées si les tensions régionales s’intensifient.
Riposte logistique : la ruée vers le GNL
- L’Égypte a réquisitionné des unités flottantes de regazéification (FSRU) pour parer à toute rupture :
- Energos Power (Alexandrie),
- Hoegh Galleon (Ain Sokhna),
- Energos Eskimo (en route),
- Une unité turque de Botas.
- Elle a sécurisé des contrats jusqu’en 2028 avec Aramco, Vitol et Trafigura, visant l’importation de 160 cargaisons GNL en 2025.
Pression budgétaire et incertitudes financières
- Budget alloué 2025–2026 : 9,5 Mds $ pour le gaz et le fuel, contre 6 Mds $ cette année.
- Le Brent a bondi de 13 %, au-dessus des 78 $/baril, suite aux frappes israéliennes.
- Le ministère du Pétrole égyptien ne confirme pas de retour à des mécanismes de couverture contre la volatilité des prix du brut.
Impact sectoriel : engrais et industries stratégiques touchés
- Les usines d’engrais égyptiennes et les cimenteries ont été notifiées de l’arrêt des livraisons gazières israéliennes dès le vendredi matin, jusqu’à nouvel ordre.
- La situation met en danger des pans entiers de l’industrie agricole, en pleine montée des températures.
Mobilisation gouvernementale
- Le Premier ministre Mostafa Madbouly a convoqué une cellule de crise avec :
- Le gouverneur de la Banque centrale,
- Le ministre des Finances,
- Les ministres du Pétrole et de l’Électricité.
- Objectif : stabiliser le réseau, sécuriser le stock stratégique en hydrocarbures, et anticiper tout scénario de guerre élargie.