Les Pays-Bas connaissent une nouvelle secousse politique majeure après la démission en bloc des ministres et secrétaires d’État du parti New Social Contract (NSC). Le mouvement a été déclenché par le départ du ministre des Affaires étrangères, Caspar Veldkamp, qui a annoncé vendredi qu’il ne pouvait plus exercer ses fonctions après l’échec de ses tentatives pour faire adopter des sanctions contre Israël.
Le ministre, en première ligne depuis plusieurs jours, avait publiquement estimé que de nouvelles mesures étaient « nécessaires » à la suite de l’annonce d’un vaste projet de colonisation en Cisjordanie par le gouvernement israélien. Mais ses déclarations, non coordonnées avec ses partenaires de coalition du VVD (libéraux) et du BBB (mouvement agrarien), ont provoqué des remous jusque dans sa propre équipe gouvernementale. Vendredi, après une journée entière de débats en conseil des ministres, aucune formule de compromis n’a pu être trouvée. Veldkamp a alors claqué la porte, annonçant qu’il allait « écrire sa lettre de démission ».
Dans la foulée, ses collègues du NSC ont décidé de le suivre. Au total, cinq ministres et quatre secrétaires d’État quittent l’équipe de Dick Schoof, réduisant le gouvernement aux seuls VVD et BBB, après le départ déjà acté du parti d’extrême droite PVV. Cette hémorragie laisse l’exécutif affaibli et crée une incertitude profonde à La Haye.
Caspar Veldkamp a expliqué avoir constaté « des discussions sérieuses et des efforts » pour lui donner satisfaction, mais a jugé que ces concessions restaient insuffisantes pour engager des « mesures significatives » contre Israël. Selon la presse néerlandaise, un compromis avait pourtant été esquissé : il prévoyait notamment que le ministre puisse préparer un projet de loi national interdisant l’importation de produits issus des colonies illégales, tout en poursuivant la même démarche au niveau européen. Mais Veldkamp a refusé d’endosser ce qu’il a perçu comme un recul.
Le leader sortant du NSC, Eddy van Hijum, a confirmé ce retrait collectif en dénonçant « l’absence totale de volonté de bouger » de la part de ses partenaires. « Nous étions arrivés à un point où nous n’étions plus crédibles si nous restions. Nous en avons assez », a-t-il résumé, expliquant que Veldkamp militait depuis longtemps pour une ligne plus dure à l’égard d’Israël. Le dirigeant a reconnu la gravité de la décision, tout en assumant ses conséquences : « Nous savons que cette rupture affaiblit le gouvernement, mais nous ne pouvions plus continuer. »
La réaction des partenaires de coalition a été immédiate. Le BBB a accusé le NSC de « laisser le pays sans gouvernail », tandis que le VVD a dénoncé une attitude consistant à « quitter la table des négociations en plein milieu de la discussion ». Pour les deux formations, le départ du NSC est une faute politique lourde qui fragilise encore davantage l’image de stabilité du pays.
Cette crise interne survient dans un climat international déjà tendu. Alors que le conflit israélo-palestinien entre dans sa deuxième année, le bilan des victimes palestiniennes à Gaza dépasse 62 000 morts selon des chiffres jugés fiables par l’ONU, et l’organisation internationale a officiellement déclaré l’état de famine dans l’enclave, une première au Moyen-Orient.
L’annonce israélienne de nouvelles colonies en Cisjordanie, condamnée cette semaine par vingt États européens dont les Pays-Bas, avait donné à Caspar Veldkamp l’occasion de pousser pour une politique plus ferme. Mais son incapacité à rallier ses partenaires a précipité son départ et celui de tout son parti.
Le Premier ministre Dick Schoof doit désormais s’exprimer devant la Chambre basse pour tenter de sauver ce qui reste de son gouvernement. Mais pour de nombreux observateurs, la coalition, réduite à deux partis seulement, apparaît fragilisée au point que l’hypothèse d’élections anticipées semble désormais inévitable.