Défense : le Maroc pourrait s’équiper de sous-marins français Scorpène 

Le Maroc continue d’accélérer la modernisation de son outil militaire. Après la signature, début septembre, d’un contrat pour dix hélicoptères H225M Caracal destinés aux Forces Royales Air, Rabat pourrait franchir une étape décisive dans le domaine naval : l’acquisition de sous-marins. Selon plusieurs sources, les négociations seraient en cours et les offres françaises, portées par Naval Group, figureraient parmi les mieux placées.

Avec près de 3 500 km de façades atlantiques et méditerranéennes, le Maroc se situe au carrefour de routes maritimes stratégiques, à proximité immédiate du détroit de Gibraltar. Pourtant, la Marine royale ne dispose pas encore de composante sous-marine. Les investissements récents – frégate multi-missions FREMM Mohammed VI, corvettes SIGMA équipées de sonars performants – traduisent une orientation claire vers l’anti-sous-marin, mais l’absence de submersibles limite la permanence opérationnelle et les capacités de renseignement discret.

Des experts cités par OPEXNEWS estiment qu’un format minimal de deux à trois unités serait nécessaire pour assurer un cycle opérationnel équilibré : un sous-marin en mission, un en préparation et un en entretien. Une telle flotte offrirait au Maroc la possibilité d’assurer une présence continue et de renforcer la dissuasion face à un environnement régional sous tension.

L’option française : Scorpène et coopération industrielle

Naval Group propose la classe Scorpène, un sous-marin conventionnel (diesel-électrique) reconnu pour sa furtivité, sa polyvalence et sa modularité. Outre la lutte anti-surface et anti-sous-marine, il est conçu pour des missions de renseignement, d’appui aux opérations spéciales et de projection de forces.

Scorpene

L’industriel français va au-delà de la simple vente d’unités : il met en avant un « package » incluant transfert de compétences, participation locale et potentielle implication dans la gestion d’un chantier naval à Casablanca. Cette offre industrielle, cohérente avec la politique marocaine de développement d’écosystèmes souverains, constitue un argument stratégique. La coopération navale franco-marocaine n’est pas nouvelle : la FREMM livrée en 2014 avait déjà consolidé cette relation de confiance.

Le marché demeure ouvert. L’allemand TKMS propose ses familles éprouvées (type 209, 212 ou 214), tandis que d’autres options, y compris des navires d’occasion, circulent depuis plusieurs années. Néanmoins, la dynamique politique actuelle – illustrée par les récents choix français dans l’aérien – renforce la cohérence d’une solution tricolore. L’interopérabilité avec les plateformes déjà en service et la proximité stratégique entre Rabat et Paris constituent des atouts indéniables.

Les pays qui ont opté pour le sous-marin français Scorpène

StatutPaysDétail
Opérateurs livrésChili, Malaisie, Inde, BrésilSous-marins en service ou livrés
Contrat signéIndonésie2 unités Scorpène Evolved
En négociation / projetsArgentine, Égypte, Philippines, Pologne, Roumanie, GrèceOptions ou discussions en cours
Une modernisation globale et multidomaine

L’éventuelle entrée en scène des sous-marins s’inscrirait dans une logique de montée en puissance globale :

  • renouvellement des flottes de surface ;
  • acquisition d’hélicoptères Caracal pour le transport d’assaut, le sauvetage et les opérations spéciales ;
  • réflexion sur l’intégration de drones maritimes pour étendre la surveillance côtière ;
  • intérêt marqué pour des avions de patrouille maritime (ATR 72 MPA, C-295 MPA) afin de constituer une chaîne ISR cohérente entre mer, air et terre.

Chaîne ISR

Une chaîne ISR désigne l’ensemble cohérent de moyens, de capteurs et de systèmes qui permettent de :
1. Détecter (grâce à des radars, sonars, satellites, drones, avions de patrouille maritime, senseurs au sol ou en mer, etc.) ;
2. Surveiller (suivi permanent de zones sensibles : détroits, frontières, espaces aériens, ZEE maritimes, etc.) ;
3. Recueillir et analyser du renseignement (fusion des données, traitement dans des centres de commandement, élaboration d’une image de situation globale).

L’arbitrage final reposera sur trois variables clés :

  1. Le coût complet de possession (acquisition, formation, soutien logistique) ;
  2. Le calendrier de livraison, crucial dans un contexte de montée des tensions en Méditerranée élargie ;
  3. Le contenu industriel local, qui déterminera la durabilité et la souveraineté de cette capacité nouvelle.

Après avoir sécurisé ses cieux avec les Caracal, Rabat regarde désormais sous la ligne d’horizon. L’arrivée de coques furtives dans ses arsenaux marquerait un basculement symbolique et opérationnel, confirmant le Royaume comme une puissance navale émergente dans l’Atlantique et la Méditerranée.

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