Reuters
Le gouvernement américain s’apprête à abandonner sa recommandation de longue date limitant la consommation d’alcool à un ou deux verres par jour, annonce une dépêche de Reuters. Cette décision, qui pourrait figurer dans les prochaines Dietary Guidelines for Americans attendues d’ici fin juin, marquerait un tournant important dans la politique de santé publique — et une victoire majeure pour l’industrie de l’alcool.
Les nouvelles lignes directrices du Département américain de la Santé et de l’Agriculture devraient se contenter d’un bref rappel des risques sanitaires associés à l’alcool, appelant à la modération, sans fixer de limite chiffrée. Une évolution que certains experts jugent trop vague pour être utile.
Depuis 1990, les recommandations officielles fixaient la consommation modérée à un verre par jour pour les femmes et deux pour les hommes. Une définition aujourd’hui remise en question par des études contradictoires : certaines soulignent des risques accrus de cancer, d’autres avancent des effets protecteurs sur les maladies cardiovasculaires.
En coulisses, de grands groupes comme Diageo et AB InBev ont mené un lobbying intensif au Congrès, craignant des restrictions plus strictes face à l’alerte croissante de l’OMS sur les dangers de l’alcool. À l’inverse, des chercheurs et anciens responsables plaident pour un étiquetage sanitaire clair, évoquant un lien avéré avec au moins sept types de cancers.
Alors que les marchés financiers ont salué la nouvelle, les ONG de santé publique dénoncent un recul. « Une recommandation aussi vague risque de brouiller le message sur les vrais dangers de l’alcool », a déploré à Reuters une experte en nutrition au Center for Science in the Public Interest.
La publication des recommandations définitives est attendue dans les prochaines semaines.