L’ancien ministre d’État chargé des droits de l’Homme et des libertés, El Mostapha Ramid, a publié un message sans détour pointant du doigt un malaise profond dans la vie publique marocaine. Selon lui, le Royaume traverse une phase préoccupante, marquée par une absence criante de débat national, une faiblesse du dialogue institutionnel et la montée en puissance de ce qu’il appelle “la culture de la futilité” sur les réseaux sociaux.
Un désert du dialogue, un risque pour la démocratie
Dans son post sue sa page Facebook, Ramid dénonce ce qu’il qualifie de «crise de communication publique» : les partis politiques, les institutions et même le gouvernement brillent par leur silence face aux grands défis sociaux et économiques du pays. En contrepartie, ce sont les contenus «décérébrés» et«creux» qui dominent l’espace numérique, «diffusant des tares intellectuelles et des pollutions culturelles», selon ses mots.
L’ancien ministre met en garde contre une «paralysie politique couplée à une atonie du débat» qui pourrait, si elle perdure, «avoir les pires conséquences» sur la trajectoire démocratique du Maroc, toujours en attente d’un véritable approfondissement.
L’exemple du droit de grève
Pour illustrer son propos, El Mostapha Ramid cite l’adoption récente du projet de loi organique n°97.15 relatif au droit de grève. Ce texte, prévu depuis la Constitution de 1962 et reporté à maintes reprises, entre en vigueur le 25 septembre 2025.
L’ancien ministre reconnaît que l’adoption de ce cadre légal constitue un acquis indéniable, à mettre au crédit du gouvernement actuel «malgré ses nombreux défauts». Le texte offre enfin un cadre juridique clair aux relations entre syndicats et employeurs, même si certaines dispositions suscitent des réserves.
Un décor suspendu
Mais Ramid relativise : l’existence de la loi n’est pas une fin en soi. Tout dépendra de son application réelle, du respect mutuel de ses dispositions par les syndicats et les employeurs, ainsi que de la rigueur des autorités dans sa mise en œuvre. À défaut, prévient-il, elle ne serait qu’un trompe-l’œil législatif, une simple parure destinée à masquer l’inaction.