En raison du Hamas, refus saoudien et émirati de participer à la reconstruction de Gaza

Selon le quotidien israélien Israel Hayom, la visite de Steve Witkoff, envoyé spécial du président américain Donald Trump, et de son gendre Jared Kushner à Riyad et Abou Dhabi n’a pas abouti aux résultats escomptés par Washington. L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont opposé un refus à la demande américaine de jouer un rôle central dans la mise en œuvre du plan américain pour mettre fin à la guerre de Gaza, notamment en participant à la sécurité, à l’administration civile et à la reconstruction du territoire.

Conditions saoudiennes

D’après une source diplomatique citée par le journal, les autorités saoudiennes ont indiqué aux émissaires américains que toute participation de leur part à la reconstruction de Gaza restait conditionnée à deux exigences :

  1. Le désarmement complet du mouvement Hamas et le transfert de son contrôle à l’Autorité palestinienne ;
  2. L’implication précoce de l’Autorité palestinienne dans le processus de reconstruction et dans la gestion administrative.

Le même interlocuteur précise que la réunion a été brève sur ce point, les discussions ayant porté principalement sur l’accord de sécurité bilatéral entre les États-Unis et l’Arabie saoudite.

Un haut responsable saoudien a par ailleurs exprimé de fortes inquiétudes au sujet de l’accord de sécurité global conclu entre Washington et Doha, estimant que cet accord pourrait garantir la survie du Hamas dans la bande de Gaza et faciliter son retour au pouvoir.

Israel Hayom rappelle que Riyad et Abou Dhabi avaient déjà critiqué la volonté américaine de renforcer le rôle régional du Qatar. Les deux pays demandent désormais à bénéficier d’un accord sécuritaire similaire, mais assorti de conditions plus favorables, tout en accusant Doha de continuer à soutenir les réseaux des Frères musulmans dans plusieurs pays arabes.

Réaction israélienne

Toujours selon le quotidien, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou accueille favorablement la condition saoudienne relative au démantèlement du Hamas, mais se montre préoccupé par celle concernant l’implication de l’Autorité palestinienne. Les Saoudiens exigeraient en outre que toute aide à cette dernière soit conditionnée à des réformes internes, notamment dans la lutte contre l’extrémisme, bien que ce point n’ait pas été abordé lors de la réunion récente.

Kushner et Witkoff auraient également transmis des messages israéliens aux autorités saoudiennes sur la période post-conflit, le processus de normalisation et l’élargissement des Accords d’Abraham. D’après la même source, les Saoudiens ont précisé qu’aucun progrès politique ne serait possible sans horizon crédible vers la création d’un État palestinien conforme à leur plan.

Position des Émirats arabes unis

À Abou Dhabi, les discussions entre les émissaires américains et Cheikh Tahnoun ben Zayed, conseiller à la sécurité nationale et frère du président Mohammed ben Zayed, ont porté sur la stabilisation régionale et la fin des hostilités.

Officiellement, les Émirats affirment participer à la reconstruction dans les zones humanitaires et sous contrôle israélien. Mais, selon le quotidien, les déclarations d’Anwar Gargash, conseiller diplomatique du président, traduisent une réserve similaire à celle de Riyad :

« Revenir à la situation d’avant le 7 octobre ne serait ni juste ni constructif. Les Émirats soutiennent les efforts américains, mais à deux conditions : une clarification du cadre politique futur et la garantie d’une base sécuritaire stable. Nous n’enverrons pas nos fils sur un théâtre d’opération sans compréhension claire de la situation au sol. »

Un rôle accru du Qatar et de l’Égypte

Selon Israel Hayom, la position actuelle de Riyad et d’Abou Dhabi devrait laisser à court terme la gestion du dossier de Gaza à d’autres acteurs, notamment le Qatar, l’Égypte et la Turquie. Les deux monarchies du Golfe continueraient d’apporter un soutien financier et humanitaire limité dans les zones jugées sûres, mais resteraient à l’écart du volet politique tant que le mouvement Hamas n’est pas écarté du pouvoir.

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