À l’heure où la Coupe du Monde 2030 est érigée en catalyseur de transformation régionale, la 33e Assemblée générale de l’Alliance des Agences de Presse Méditerranéennes (AMAN), tenue à Marrakech, marque un tournant symbolique : la réintégration officielle de la Syrie, de la Libye et de la Mauritanie dans cette communauté d’information.
Fouad Arif, Directeur général de la MAP et président en exercice de l’AMAN, a annoncé ce retour comme un fait structurant de cette édition, saluant le réengagement de ces trois pays frères dans une dynamique collective fondée sur la diversité, la coopération et l’échange de récits méditerranéens.
Ce geste n’est pas anodin. Il survient dans un contexte où le Maroc, l’Espagne et le Portugal s’apprêtent à coorganiser le Mondial 2030, un événement que M. Arif décrit comme «le point de départ d’une coopération plus profonde, plus créative et plus humaine», capable d’unir des peuples au-delà des frontières politiques.
Le retour de ces États au sein de l’AMAN est interprété comme un signal de normalisation progressive et de réintégration diplomatique dans les sphères méditerranéennes, notamment pour la Syrie, longtemps isolée. C’est aussi la confirmation que les agences de presse, en tant que bras médiatiques des États, reflètent les inflexions géopolitiques régionales, en phase avec les aspirations à une narration commune et à une couverture plus respectueuse des diversités nationales.
L’annonce n’est d’ailleurs pas passée inaperçue auprès de plusieurs médias internationaux, qui y ont vu un signe de rééquilibrage géopolitique en Méditerranée.
Les défis d’un nouveau paysage médiatique
Cette volonté de convergence a été partagée par les représentants des nouveaux pays réintégrés. Le Directeur général de l’agence syrienne SANA, Ziad al–Mahamid, a insisté sur les enjeux inédits que pose la Coupe du Monde 2030 en matière de couverture médiatique :
« La Coupe du Monde 2030, organisée conjointement par le Maroc, l’Espagne et le Portugal, impose de nouveaux défis médiatiques. La couverture de cet événement nécessite de dépasser les méthodes traditionnelles, de s’appuyer sur les médias numériques et les réseaux sociaux, avec une coordination conjointe entre les agences de presse. » a-t-il souligné en marge de l’AG.
Une déclaration qui résonne comme un appel à moderniser les pratiques journalistiques en Méditerranée, en s’ouvrant pleinement au numérique, à la vidéo courte et aux formats narratifs adaptés aux réseaux sociaux.
Sous le thème “Football et médias en Méditerranée : bâtir des ponts au-delà des frontières”, l’assemblée entend capitaliser sur le pouvoir fédérateur du sport pour raffermir les liens éditoriaux, promouvoir le fact-checking collaboratif, développer les réseaux de formation et encourager le partage de contenus.
Une participation de haut niveau
Les travaux de la 33e Assemblée ont bénéficié d’une forte implication institutionnelle, en présence de plusieurs personnalités marocaines de premier plan :
- Mehdi Bensaid, ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, dont le portefeuille recoupe directement les enjeux discutés par l’AMAN,
- Fouzi Lekjaa, ministre Délégué chargé du Budget, président de la Fédération Royale Marocaine de Football (FRMF) et figure centrale de l’organisation du Mondial 2030.
Leur présence a renforcé le message selon lequel le Maroc assume pleinement son rôle de locomotive régionale, non seulement sur le terrain sportif, mais aussi dans la diplomatie de l’information.
Une assemblée au rayonnement international
Cette 33e Assemblée a aussi été marquée par la participation exceptionnelle de dirigeants d’agences de presse venues des deux rives de la Méditerranée, notamment :
- Branka Gabriela Vojvodić, directrice générale de l’Agence de presse croate (HINA),
- Stefano De Alessandri, directeur général de l’Agence de presse italienne (ANSA),
- Ziad al-Mahamid, directeur général de l’agence syrienne (SANA),
- Momar Diongue, directeur général de l’Agence de presse sénégalaise (APS), membre du Conseil exécutif de la FAAPA.
Fouad Arif a salué la participation africaine comme le symbole d’une convergence entre Méditerranée et Atlantique, affirmant que «l’Afrique ne se contentera pas d’accueillir la Coupe du Monde, elle en sera le cœur battant.»