Le chatbot d’intelligence artificielle Grok, développé par la société xAI fondée par Elon Musk, est en cours de déploiement progressif dans certaines agences fédérales américaines, selon une enquête de Reuters. Ce développement s’inscrit dans le cadre des initiatives du Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE) visant à rationaliser l’administration publique à l’aide de solutions technologiques.
Selon plusieurs sources proches du dossier, une version personnalisée de Grok est utilisée pour analyser des données internes, produire des rapports et assister à la prise de décision. Toutefois, l’absence d’approbation formelle par les agences concernées, comme le Department of Homeland Security (DHS), soulève des inquiétudes éthiques et juridiques. Des experts évoquent notamment un risque de conflit d’intérêts, de fuite de données sensibles et d’avantage concurrentiel indu pour xAI, entreprise privée engagée par ailleurs dans des contrats fédéraux.
Par ailleurs, xAI a conclu un accord de principe avec la messagerie chiffrée Telegram pour intégrer Grok à sa plateforme. Selon le fondateur de Telegram, Pavel Durov, l’accord prévoit un paiement de 300 millions de dollars (en espèces et en actions) et le partage à parts égales des revenus issus des abonnements générés par l’usage du chatbot. Durov précise que Grok n’accédera qu’aux données explicitement partagées par les utilisateurs dans leurs interactions avec l’IA.
Cette double implantation — dans les rouages de l’administration fédérale américaine et au sein d’une plateforme mondiale comptant plus d’un milliard d’utilisateurs — place Grok au cœur des enjeux contemporains liés à l’usage de l’IA dans les sphères publique et privée. Elle suscite des appels à davantage de transparence, notamment sur la gouvernance des données, la régulation de l’intelligence artificielle et les garde-fous démocratiques.