Israël: Gideon Saar, l’ancien ministre qui défie Netanyahu

Avec ses airs de comptable «gentleman», il n’a pas le charisme de son ancien mentor Benjamin Netanyahu. Mais jeudi, Gideon Saar va défier le Premier ministre à la tête du Likoud, grand parti de droite au coeur de la vie politique israélienne.

Né à Tel-Aviv, Gideon Saar, 53 ans, est une des figures du Likoud depuis une décennie et a été plusieurs fois ministre dans les gouvernements Netanyahu entre 2009 et 2014.

Surtout, il a été l’un des premiers à réclamer l’organisation d’une primaire pour désigner un nouveau chef du parti, après l’inculpation de Benjamin Netanyahu pour corruption.

Premier ministre le plus pérenne de l’histoire d’Israël, Benjamin Netanyahu a toujours refusé de désigner un successeur à la direction du parti et M. Saar l’a accusé à plusieurs reprises de l’en écarter.

Avocat et journaliste, l’aspirant chef du Likoud entre en politique en 1999 grâce à Netanyahu qui le nomme secrétaire du gouvernement, une fonction qu’il occupera aussi dans le gouvernement d’Ariel Sharon en 2001.

Il est élu au Parlement en 2003, puis réélu en 2006, 2009 et 2013.

La popularité de Gideon Saar grandissant au sein du parti, sa rivalité avec M. Netanyahu est devenue de notoriété publique.

En septembre 2014, alors ministre de l’Intérieur, il annonce brusquement «prendre une pause» dans sa carrière politique pour passer plus de temps avec sa famille.

Il renonce ensuite à son siège au Parlement tout en restant membre du Likoud.

Durant son absence de la scène politique, il est qualifié par les commentateurs politiques de successeur potentiel à Netanyahu, qui le considère comme une menace.

En avril 2017, il annonce son retour en politique.

Les gens veulent du changement à la tête du Likoud

Marié à une célèbre présentatrice et père de quatre enfants dont deux d’un premier lit, Gideon Saar semble plus calme que le volubile Premier ministre.

«Il tient plus du gentleman», estime Gideon Rahat, professeur de sciences politiques à l’Université hébraïque de Jérusalem. «La deuxième différence est qu’il n’est pas visé par des soupçons de corruption.»

En novembre, le procureur général a inculpé Netanyahu pour corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires. Le Premier ministre, qui nie en bloc ces accusations, n’est pas obligé de démissionner de son poste tant qu’il n’est pas condamné et que tous les appels n’ont pas été épuisés, d’après la loi.

Réélu député lors des législatives d’avril puis de septembre 2019, Gideon Saar «essaie de doubler le Premier ministre sur sa droite», affirme Ofer Zalzberg, analyste au think-tank International Crisis Group (ICG).

Plus marqué à droite que Netanyahu, l’ancien étudiant en sciences politiques se dit en faveur de l’annexion des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée et appelle à restreindre le pouvoir de la Cour suprême dans ses décisions sur les questions constitutionnelles.

Alors que le Likoud, arrivé au coude-à-coude avec le parti centriste “Bleu-Blanc”, ne parvient pas à atteindre une majorité nécessaire pour former un gouvernement lors de législatives en novembre, Netanyahu déclare envisager une primaire au sein du Likoud.

Sur Twitter, Gideon Saar répond du tac au tac: «Je suis prêt». «Les gens veulent du changement à la tête du Likoud», affirme-t-il.

Le politicien aux tempes grisonnantes et aux lunettes à la monture quasi transparente, joue la carte du rassembleur au-delà de son propre camp, en misant sur ses relations avec des chefs d’autres partis et, bien qu’il n’en souffle pas mot, sur le fait qu’il n’est pas inculpé, au contraire de Netanyahu.

«Gideon Saar peut bâtir la prochaine coalition (gouvernementale). Il peut élargir nos appuis, non seulement avec «Bleu-Blanc» mais avec d’autres partis de droite», estime auprès de l’AFP Sharren Haskel, une des rares députées du Likoud qui soutient ouvertement Gideon Saar.

Mais les chances de remporter ces primaires pour Saar, qui compte pour l’heure sur le soutien public de moins de cinq députés et d’aucun ministre, semblent pour certains encore bien minces.

AFP

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