Kaspi, une fintech kazakhe de tous les records, conjure la pandémie

Les Kazakhs utilisent les services de Kaspi pour payer leurs factures, rendre la monnaie mais aussi recevoir les aides du gouvernement contre la pandémie, qui a encore accéléré le succès de cette fintech, succès d’un genre nouveau pour le Kazakhstan.

AFP

Kaspi.kz, leader des systèmes de paiement numériques et du e-commerce au Kazakhstan, est devenu le groupe à la plus importante capitalisation du pays après avoir été valorisé à 6,5 milliards de dollars lors de son entrée à la Bourse de Londres en octobre.

Kaspi a ainsi réussi – après un premier échec en 2019 – la deuxième plus importante entrée en Bourse au Royaume-Uni depuis le début de l’année.

Parmi ses investisseurs, il y a Goldman Sachs et Baring Vostok, fonds occidental spécialisé dans l’espace post-soviétique et un des artisans de l’entrée en Bourse record de Yandex en 2011 sur le Nasdaq.

La pandémie de coronavirus, qui a fait exploser le e-commerce dans le monde, a profité au groupe, accélérant sa croissance.

«Nous pensons avoir beaucoup de marge pour croître encore à l’avenir», affirme à l’AFP Mikheil Lomtadze, le patron de Kaspi. Au siège du groupe, ce diplômé de la Business School de l’université d’Harvard, originaire de Géorgie, accueille en jeans et col de chemise ouvert.

«Nous sommes des pionniers de la numérisation du pays», affirme l’entrepreneur de 45 ans, indiquant qu’au-délà de la Chine, où les systèmes de paiement numériques Alipay et WeChat sont omniprésents, peu de pays ont vu ce type de système révolutionner les habitudes des utilisateurs autant que le Kazakhstan.

Boostés par la pandémie

La crise sanitaire a mis à dure épreuve du Kazakhstan, première économie d’Asie centrale, dont le PIB annuel devrait baisser cette année pour la première fois en plus de deux décennies.

Kaspi, au contraire, a vu les utilisateurs actifs de son application augmenter de 70% au premier semestre 2020, sur un an, atteignant près de 8 millions dans un pays aux 19 millions d’habitants.

Le groupe a commencé en tant que banque dans cette ex-république soviétique avant de s’étendre aux paiements entre particuliers et au commerce en ligne.

Malgré les mesures de confinement réduisant les déplacements en mars et avril, une armée de livreurs Kaspi a continué de sillonner le pays, apportant un soutien vital aux commerces fermés, qui pouvaient vendre leurs produits sur la plateforme.

Mais l’application a également été le vecteur de plus de 60% des sommes versées par le gouvernement en soutien aux citoyens éligibles. «Pendant cette période difficile nous sommes devenus encore plus importants», affirme avec fierté M. Lomtadze.

Tous accro

Dans le centre d’Almaty, même les musiciens de rue affichent leur numéro Kaspi comme alternative aux espèces, et les conducteurs de taxi utilisent l’application pour rendre la monnaie aux clients.

Jibek, étudiante de 21 ans, affirme à l’AFP que même une matinée sans l’application – qu’elle utilise depuis un an – s’avère difficile. « C’est très pratique », affirme-t-elle, citant le paiement de factures en exemple, « tout le Kazakhstan est accro ».

Une panne de quelques heures, survenue deux semaines après l’arrivée fracassante du groupe à la Bourse londonienne, a provoqué une déferlante de réactions sur les réseaux sociaux, les internautes évoquant avec humour un retour à la préhistoire.

En 2014, la situation semblait cependant peu favorable: une soudaine chute de la devise nationale, le tenge, avait laissé craindre que des banques ne mettent la clé sous la porte.

Pour rassurer les clients, Mikheil Lomtadze et Vyatcheslav Kim, camarade de classe à Harvard et président de Kaspi, se sont rendus dans les filiales de la banque, raconte l’analyste financier Tulegen Askarov.

«Quand les propriétaires d’une banque parlent aux clients qui déposent leur argent, il y a des chances qu’ils se fassent une meilleure idée de ce à quoi leur business devrait ressembler», indique l’analyste.

Le voisin chinois, où les hommes d’affaires kazakhs ont découvert Alipay et WeChat, a accéléré le tournant de Kaspi vers la fintech, ajoute M. Askarov.

Le groupe se projette désormais au-delà des frontières kazakhes. Kaspi s’est déjà lancé en Azerbaïdjan, où il détient une plateforme de vente. Prochain dans le viseur: l’Ouzbékistan, pays le plus peuplé d’Asie centrale avec 34 millions d’habitants.

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