La faillite menace l’Algérie | L’intelligence de l’information

«Le Trésor public pourrait se retrouver en incapacité de payer les salaires des fonctionnaires. » L’avertissement vient du directeur de cabinet du président Bouteflika et chef du RND (Rassemblement national démocratique, en coalition au pouvoir). Ahmed Ouyahia l’a lancé le 11 novembre à Mila (Est), selon le quotidien arabophone « El Khabar ».

Cette perspective est sérieuse. « Dans les faits, Ouyahia n’a pas tort », affirme l’analyste financier Ferhat Ait Ali au quotidien électronique TSA. Pour lui, les détenteurs de CDD (contrats à durée déterminée) pourraient être sacrifiés, et ce dès 2018, pour réduire la masse salariale des fonctionnaires qui avoisinera les 18 milliards d’euros en 2017, soit près de 40 % des dépenses globales de l’État.
Subventions très coûteuses

Tout en s’alarmant des conséquences de la baisse des revenus du pays en raison de la chute des prix du pétrole, Ouyahia critique l’immobilisme du gouvernement. Il lui reproche de ne pas avoir entamé de réformes profondes, notamment la suppression du système généralisé de subventions qui coûte à l’État environ 27 milliards d’euros par an.

Le lait, les céréales, les carburants, l’électricité, l’eau, le logement, le gaz, les médicaments, le sucre, l’huile de table, les soins et l’éducation sont largement subventionnés, et l’Algérie n’a plus les moyens de poursuivre cette politique.
À partir de 2017, le pays aura du mal en effet à trouver l’argent pour combler le déficit budgétaire, et dès 2019 il n’aura pas plus de devises pour payer ses importations. Les réserves de change, qui étaient de 121,9 milliards de dollars fin septembre, s’épuiseront d’ici à 2019, au rythme actuel des importations, selon les économistes. Même le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le reconnaît : l’année 2017 sera « notre dernière chance pour opérer un changement de vision économique privilégiant la culture du travail ».

Car l’Algérie est au bord du gouffre. Depuis 2014, les recettes des exportations des hydrocarbures ont été divisées par deux, dégringolant de 58,4 milliards de dollars à 27,1 milliards de dollars en 2016. Dans le même temps, les importations ont légèrement baissé, passant de 58,6 milliards de dollars en 2014 à 47 milliards de dollars prévus en 2016.

En 2017, les dépenses de l’État seront de 57 milliards d’euros pour des recettes prévisionnelles de 47 milliards d’euros. « L’Algérie vit clairement au-dessus de ses moyens, constate le patron d’une banque privée. Il faut des réformes profondes et urgentes pour redresser l’économie. »

Face à cette situation, le pouvoir n’a pas beaucoup de solutions, mais il ne veut pas recourir à l’endettement extérieur et veut éviter à tout prix de se tourner vers le FMI, avec son lot de mesures antisociales et leurs conséquences sur la stabilité politique. Il ne veut pas non plus s’attaquer à l’économie informelle, qui représente 40 % de l’économie réelle, ni toucher aux subventions au risque de mécontenter la population. « Malheureusement, les solutions ne sont pas nombreuses », constate le même banquier.

Otage du FMI

Ouyahia, ancien Premier ministre, connu pour être l’homme des sales besognes après avoir pris des décisions impopulaires par le passé, met en garde d’ailleurs contre le recours à l’endettement extérieur sur la souveraineté nationale. « Nous risquons de devenir l’otage du FMI en échange de 5 milliards de dollars par an », a-t-il averti. Le Premier ministre plaide, lui, pour un niveau d’endettement extérieur « faible » pour « préserver la souveraineté de notre décision économique car notre décision politique en est tributaire ».

En fait, le gouvernement base toute sa stratégie sur une hausse des prix du pétrole.

Article SudOuest.fr

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