Alors que l’Allemagne ambitionne de devenir un leader mondial de l’hydrogène vert, la réalité industrielle semble marquer le pas. D’après le dernier rapport Energy Transition Progress Monitor 2025, publié par le cabinet EY et l’association allemande de l’énergie BDEW, la production d’hydrogène vert stagne, freinée par des obstacles structurels majeurs.
Une production à l’arrêt
En 2023, seulement 0,5 % de l’hydrogène produit en Allemagne l’a été à partir de sources renouvelables via électrolyse. Le reste reste massivement dépendant du gaz fossile, malgré les objectifs climatiques affichés. Cette dépendance est aggravée par le recul de l’activité dans les industries lourdes (raffineries, ammoniac, méthanol), historiquement grandes consommatrices et productrices d’hydrogène.
Une ambition à la peine
Sur les 10 GW de capacité de production par électrolyse visés à l’horizon 2030, à peine 1,6 GW sont aujourd’hui sécurisés, selon le rapport. La filière est confrontée à une série de défis :
- incertitude sur le prix futur de l’hydrogène,
- cadre réglementaire flou,
- retards dans les infrastructures de transport.
Le manque de visibilité freine l’engagement des investisseurs, compromettant les ambitions allemandes de transition énergétique.
Alors que la sortie progressive du gaz fossile affaiblit les volumes d’hydrogène gris issus de l’industrie lourde (raffineries, ammoniac, méthanol…), la bascule vers une économie H2 verte semble en panne de moteur.
Une relance par l’Europe ?
Face à ces blocages, une lueur d’espoir émerge du côté de la coopération franco-allemande. Dans un communiqué commun publié le 27 mai, BDEW, VCI, VDA, Hydrogen Europe et d’autres acteurs industriels appellent à un sursaut stratégique :
«75 ans après la Déclaration Schuman, il est temps de repenser nos filières stratégiques.»
Ils plaident pour :
- une accélération du réseau transfrontalier de l’hydrogène,
- la mise en place de standards européens unifiés,
- et un réalignement des politiques industrielles entre Paris et Berlin.
Contexte géopolitique
Cette stagnation allemande intervient alors que les États-Unis et la Chine accélèrent leur course à l’hydrogène vert. L’Union européenne, malgré ses ambitions, peine encore à construire un marché intégré, faute d’harmonisation réglementaire et d’interopérabilité des infrastructures.