Avec Bloomberg
Pour la première fois depuis plus de deux ans, le Japon a réceptionné une cargaison de pétrole brut russe, livrée par le pétrolier Voyager, pourtant inscrit sur les listes noires de l’Union européenne et de l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) américain.
Le navire, géré par la société Sovcomflot – principal armateur énergétique russe – a accosté le 9 juin au port de Kikuma avec 600 000 barils de Sakhalin Blend, un brut extrait conjointement avec du gaz naturel liquéfié sur l’île de Sakhaline. La cargaison avait quitté le terminal de Prigorodnoye le 25 mai.
L’opération a été confirmée à Bloomberg par un porte-parole de Taiyo Oil, qui a précisé que l’achat a été réalisé à la demande du ministère japonais de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie (METI). Une interruption des livraisons aurait mis en péril la production de GNL, les deux ressources étant techniquement liées.
Avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, le Japon importait jusqu’à quatre cargaisons par mois du projet Sakhalin-2, dans lequel Mitsui (12,5%) et Mitsubishi (10%) conservent toujours des parts.
Le Japon bénéficie toujours d’une dérogation américaine valable jusqu’au 28 juin 2026, et incluse dans le 17e paquet de sanctions européennes adopté en mai. Mais le recours à un navire sanctionné met en lumière une évolution des pratiques commerciales depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, marqué par une plus grande tolérance envers les flux pétroliers russes, officiellement pour des raisons de stabilité énergétique mondiale.
Depuis janvier, 20 cargaisons de brut russe ont été livrées à la Chine et à la Syrie sur des navires également sanctionnés. Certains ont même opéré un transfert en mer vers des tankers non listés pour contourner les mesures punitives. Le cas japonais, inédit depuis 2023, confirme un climat de relâchement discret mais assumé.