Dans son discours historique du 31 octobre 2025, le Roi Mohammed VI a choisi la voie de la sérénité et de la fraternité. Tout en célébrant la consécration internationale de la marocanité du Sahara, le Souverain s’est adressé directement aux populations des camps de Tindouf et, avec respect, à son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune. Un langage mesuré, parfaitement aligné sur la dernière résolution du Conseil de sécurité, qui érige le Maroc en acteur central d’une paix durable au Maghreb, au Sahel et au flanc atlantique de l’Afrique.
Un message aux populations, pas au Polisario
Dans la continuité de sa diplomatie de clarté, le Roi Mohammed VI a pris soin de s’adresser aux « frères dans les camps de Tindouf », sans jamais mentionner le Front Polisario. Cette précision sémantique n’est pas fortuite : elle exprime une hiérarchie claire entre des citoyens marocains séquestrés et un groupe armé qui prétend parler en leur nom.
Désormais, après que le Conseil de sécurité a scellé la souveraineté pleine et entière du Royaume sur son Sahara, il n’existe plus aucun espace politique légitime pour un front séparatiste armé. Le vocabulaire des Nations unies comme celui du Maroc convergent : on parle de réfugiés, et le Maroc parle de frères.
Dans cette même filiation spirituelle, feu Hassan II évoquait un «pays ghafour rahim», un pays qui pardonne et qui protège. Mohammed VI, en sa qualité de Roi du Maroc, de Tanger à Lagouira, prolonge cette tradition : il se veut le gardien des droits et des intérêts de tous ses citoyens, y compris ceux encore retenus loin de la patrie.
C’est dans cet esprit que le Souverain déclare :
« Nous appelons sincèrement nos frères dans les camps de Tindouf à saisir cette opportunité historique pour retrouver les leurs et jouir de la possibilité que leur offre l’Initiative d’autonomie de contribuer à la gestion des affaires locales, au développement de leur patrie et à la construction de leur avenir, dans le giron du Maroc uni. »
Ici, le Souverain ne revendique pas : il rétablit un lien filial.
Le lexique de la fraternité et du retour : « retrouver les leurs », « le giron du Maroc uni », traduit une réintégration familiale avant d’être politique. Là où d’autres parleraient de « réconciliation nationale », le Roi parle simplement de « retrouver les siens ». Ce choix lexical marque la victoire du lien sur la fracture.
Fraternité politique envers Tebboune
La seconde adresse du Souverain, tout aussi mesurée, s’est voulue une main tendue à Alger.
« J’invite Mon Frère, Son Excellence le Président Abdelmadjid Tebboune, à un dialogue fraternel sincère entre le Maroc et l’Algérie afin que, nos différends dépassés, nous jetions les bases de relations nouvelles fondées sur la confiance, la fraternité et le bon voisinage. »
Cette phrase s’inscrit dans la grammaire du respect d’État à État.
Le Roi ne s’adresse pas à «l’Algérie» mais à «Mon Frère, le Président Tebboune», un ton à la fois protocolaire et personnel, empreint d’une bienveillance ferme.
L’adjectif «sincère» n’est pas diplomatique : il est moral. Il pose le cadre d’un dialogue authentique, loin des postures de façade. Cette formulation, rare dans le langage politique régional, inverse la logique du conflit : le Maroc parle d’avenir, non de revanche.
Une parfaite symétrie avec la sémantique onusienne
Le discours royal s’inscrit dans la continuité directe de la résolution du Conseil de sécurité adoptée le même jour (PP5 et PP6). L’ONU y «se félicite de la convocation de toutes les parties pour renforcer la dynamique», «exhorte à une participation de bonne foi», et «souligne l’importance d’éviter tout acte susceptible de compromettre le processus politique».
Le Roi reprend ces éléments, sans jamais les citer, mais en les incarnant :
| Résolution onusienne (PP5–PP6) | Discours royal – équivalences sémantiques |
|---|---|
| «Renforcer la dynamique et saisir cette opportunité» | «Saisir cette opportunité historique pour retrouver les leurs» |
| «Participation de bonne foi aux négociations» | «Dialogue fraternel sincère» |
| «Éviter tout acte compromettant le processus politique» | «Le Maroc ne brandit pas ces changements comme un trophée» |
Le lexique royal épouse la rhétorique onusienne tout en la haussant moralement.
Là où la diplomatie multilatérale appelle à la «bonne foi», le Roi invoque la «fraternité sincère».
Là où le Conseil évoque la «dynamique politique», le Souverain parle de «retrouver les siens».
Le Maroc se place ainsi dans la convergence parfaite entre légitimité nationale et langage international.
Le Maroc, puissance morale du Maghreb
Ce passage du discours illustre la constante du règne de Mohammed VI : la souveraineté sans isolement. Le Royaume s’impose non seulement comme une puissance diplomatique, mais aussi comme une puissance morale, capable de transformer la victoire politique en offre de paix.
« Le Maroc ne brandit pas ces changements comme un trophée et ne souhaite nullement attiser les antagonismes ou accentuer les divisions. »
Cette phrase, simple et claire, vaut plus qu’un communiqué diplomatique. Elle fixe le ton d’une ère nouvelle : celle d’un Maroc assuré de son droit, confiant dans sa légitimité, et tourné vers la stabilité régionale.
La grammaire d’un leadership apaisé
Dans le lexique royal, chaque mot pèse.
Le «frère» remplace l’«adversaire», le «dialogue» supplante la «négociation», et la «sincérité» prend la place du «compromis». C’est toute la grammaire d’un leadership apaisé qui se déploie ici, un style marocain du pouvoir, où la fermeté de principe s’allie à la courtoisie du geste.
Ce discours du 31 octobre 2025 n’est pas seulement une victoire diplomatique : c’est une leçon de sémantique d’État. Un texte où chaque mot consolide la paix, tout en affirmant la souveraineté.
