Ce que Londres a scellé
Dimanche 1er juin 2025 aura marqué un basculement silencieux mais fondamental dans la bataille médiatico-diplomatique autour du Sahara marocain. Sans grande solennité, ni gesticulation idéologique, le Royaume-Uni a décidé de rejoindre le camp des capitales occidentales qui soutiennent ouvertement le plan d’autonomie proposé par le Maroc. Cette fois, ce n’est plus une reconnaissance symbolique. C’est une confirmation tectonique.
Depuis la décision-choc de Donald Trump, en décembre 2020, de reconnaître la souveraineté du Maroc sur son Sahara, une dynamique diplomatique s’est enclenchée. À l’époque, beaucoup y voyaient une manœuvre de dernière minute, une provocation isolée du président sortant. Mais l’histoire a donné tort aux sceptiques : l’Espagne a fini par suivre, la France s’est alignée sous Emmanuel Macron, et désormais, c’est le Royaume-Uni — et pas des moindres — qui appose sa griffe sur la légitimité du plan marocain.
Quand la reconnaissance devient consensus
Ce n’est pas tant la décision elle-même qui surprend. C’est sa mise en scène. Sobre. Efficace. Irrévocable. En déléguant cette annonce à son nouveau ministre des Affaires étrangères, David Lammy, et en lui confiant une série d’accords stratégiques avec le Maroc, le Premier ministre Keir Starmer vient d’imprimer une ligne claire à la diplomatie britannique : le Sahara est marocain, point.
Il ne s’agit pas ici d’une prise de position partisane, comme on pouvait l’entendre dans les cercles critiques après les déclarations de Trump, Macron ou Sanchez. Non, cette fois, les figures qui portent cette décision sont perçues comme rationnelles, modérées, presque technocratiques. Ce qui confère à la reconnaissance britannique une portée systémique. Une sorte de signature géopolitique du monde anglo-saxon qui scelle le dossier.
L’effet domino des hyperpuissances
Ce ralliement britannique a eu un effet immédiat. En 48 heures, les plus grands titres de la presse mondiale — Reuters, Bloomberg, Financial Times, Washington Post — ont tous repris la nouvelle. Avec une tonalité assumée, parfois admirative, mais surtout sans équivoque. Comme si la question du Sahara, longtemps reléguée aux marges des priorités diplomatiques, venait soudain d’être clôturée par les maîtres de la grammaire internationale.
La guerre de l’image, que l’Algérie et ses relais médiatiques tentaient encore de prolonger sur la scène onusienne et à travers les canaux activistes européens, semble avoir trouvé sa fin. Non pas dans un sommet, ni dans un conflit, mais dans une série de décisions froides, rationnelles, documentées, validées par les plus puissants relais d’influence.
L’Algérie aux abois, la communauté internationale a tranché
L’effet est brutal pour Alger. La diplomatie algérienne, déjà malmenée par une série de revers internationaux et un isolement grandissant au sein de l’Union africaine, voit ici se refermer une porte qu’elle avait tenté de forcer pendant plus de quarante ans. Le discours sur le “peuple sahraoui”, sur le “droit à l’autodétermination”, perd sa force de frappe face à la mécanique implacable de la reconnaissance successive par les grandes puissances de l’autonomie comme seule issue crédible, réaliste et durable.
David Lammy n’a pas seulement parlé. Il a incarné un consensus. Celui d’un Occident qui, face à l’instabilité sahélienne, à l’essor de la diplomatie chinoise, et à la nécessité d’un partenaire fiable au sud de la Méditerranée, a tranché. Le Maroc est ce partenaire.
Sahara : le rideau est tombé
La médiatisation massive de cette annonce n’est pas anodine. Elle marque une sorte de “baisse de rideau” médiatique sur la question. Comme si les grands acteurs de l’information mondiale avaient décidé d’en finir avec le doute. Le Sahara «occidental», sujet longtemps sensible, éruptif, devient soudain un dossier stabilisé. On ne débat plus. On acte.
Ce qui se joue ici dépasse Alger, et de loin. C’est la nouvelle cartographie des influences en Afrique du Nord et au Sahel qui s’écrit. Et dans ce nouvel ordre, le Maroc ne plaide plus. Il récolte. Parce qu’il a su être stratégique quand d’autres misaient sur l’agitation. Parce qu’il a préféré bâtir des consensus là où ses adversaires entretenaient les tensions.
Le Sahara est marocain. Désormais, le monde l’a dit.