Le limogeage de la directrice générale de l’Anapec, Imane Belmaati, continue de susciter l’attention, non pas tant pour la décision en elle-même, mais pour la réaction peu ordinaire de l’intéressée. Quatorze mois après sa nomination à la tête de l’agence publique chargée de la promotion de l’emploi, l’ex-haute responsable a choisi de contester publiquement sa décharge, un geste rare dans le fonctionnement de l’administration marocaine.
Selon une source autorisée au sein du ministère de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, citée par nos confrères de Le360, la décision de mettre fin aux fonctions de Mme Belmaati fait suite à une série de constats de dysfonctionnement : lenteur dans le déploiement de la feuille de route pour l’emploi, inadéquation de l’offre de services aux besoins actuels du marché, problèmes internes de management et réserves persistantes soulevées par les corps d’audit. « Une nouvelle dynamique est nécessaire au sein de l’Anapec pour faire face aux défis du chômage, en particulier celui des jeunes », affirme la même source, annonçant qu’un appel à candidatures pour désigner un nouveau DG sera lancé dans les prochains jours.
En réaction, Imane Belmaati a adressé un droit de réponse aux médias, affirmant n’avoir reçu aucune notification officielle de sa décharge, et soulignant que la procédure réglementaire, notamment la validation par le chef du gouvernement, n’aurait pas été respectée. Elle revendique également un bilan positif, salué selon elle par les membres du conseil d’administration, et rappelle que les griefs évoqués par les audits concernent des périodes antérieures à sa nomination.
Ce recours médiatique, inhabituel de la part d’une responsable d’un établissement public, interroge autant qu’il surprend. Dans les usages administratifs, les changements à la tête des établissements publics stratégiques s’effectuent généralement dans une discrétion conforme à l’esprit de continuité de l’État. Cette prise de parole, inhabituelle dans la haute fonction publique, donne à l’affaire une dimension inédite, révélant en creux les tensions internes autour de la gouvernance de l’Anapec.