70 séances d’écoutes et auditions; 30 visites de terrain; 35 séances d’écoute citoyenne; 113 Ateliers d’experts; 360 experts nationaux; 75 experts internationaux; 5 rencontres citoyennes avec 440 participants, 3277 dissertations lycéennes, 14 projets et articles universitaires distingués, 25 conférences labélisées; 12 rencontres régionales, 2270 contributeurs et 53 373 utilisateurs web; 9 719 personnes en interaction directe via les réseaux sociaux et 16 mois de labeur de la CSMD, couronnés par un discours royal érigeant « l’opérationnalisation du modèle de développement » et le « lancement d’une nouvelle génération de projets et de réformes intégrés » comme l’une des priorités du quinquennat Aziz Akhannouch. La messe est dite, le nouveau gouvernement n’avait qu’à s’atteler au travail.
De l’ensemble des recommandations, tous secteurs confondus, la transformation numérique en a été le fil rouge et le voeu pieux. L’attente était forte et la nomination d’une jeune ministre rattachée directement à la Chefferie du gouvernement a nourri tous les espoirs. Alors qu’on s’attendait à ce qu’on déroule la feuille de route Royale, qu’on apprenne de nos échecs passés, qu’on modélise le NMD, le gouvernement nous pond, à une semaine de la première sortie médiatique d’Akhannouch, ce qu’il fait de mieux, de la confusion. Le lancement de la stratégie numérique du gouvernement Akhannouch s’est résumé à un titre « Morocco Tech», des hashtags #BeBold #BeDigital, un site web bricolé, des selfies et des discours creux. Aucun chiffre, aucun parti pris, aucune annonce phare, rien, nada! Finalement, c’est évènement a tout l’aire d’être une manoeuvre politique, une opération d’enfumage d’un Chef du gouvernement acculé, qui en vue d’un naufrage programmé sur les plateaux télés de ce mercredi, a envoyé au casse-pipe une ministre néophyte.
Occulter le travail de ses prédécesseurs et ne pas apprendre des erreurs du passé, surtout en matière de politiques publiques et d’investissement sont des attitudes prédictives à l’échec. Et c’est dans ce gouffre, que s’est enfoncée la Ministre déléguée auprès du chef du gouvernement chargé de la Transition numérique et de la Réforme administrative, Ghita Mezzour.
La jeune ministre déléguée a en effet fait preuve, dans toutes ses prises de paroles publiques, d’une suffisance et d’une condescendance quand aux réalisations de ses prédécesseurs quand au chantier de simplification des procédures administratives. Elle doit probablement ignorer ou ne pas apprécier à sa juste valeur, le combat quotidien qu’ont mené et que mènent toujours, entre autres, les cadres des départements de l’Intérieur et de l’Economie et des Finances. Ainsi que les montagnes de défis, juridiques, techniques, budgétaires et de «Change Management» dont font face des femmes et des hommes anonymes.
En entamant son mandat sur le numérique avec le lancement d’une marque cocotte minute, La jeune ministre révèle sa profonde méconnaissance de la complexité et de la difficulté de sa tâche. Une simple retrospective des conditions de la création de l’ADD et la lecture du rapport de la Cour des Comptes qui étrille la stratégie nationale Numeric 2013 lui auraient évité bien de mauvaises décisions.
Aziz Akhannouch, le politique, cherche à recoller les morceaux de son navire chavirant. Ghita Mezzour, la technocrate, devait se concentrer sur sa mission et travailler son projet. La précipitation, le manque de discernement et l’incompétence ont donné lieu à ce que le choix du nom de l’étendard national de l’économie numérique s’est fait sans s’assurer que le domaine «.ma» correspondant soit disponible. En effet, MoroccoTech.ma créé e 2020 est celui d’une société de droit marocain. Le comble pour une stratégie nationale fruit d’un NMD qui prône une sereine souverainté.

MoroccoTech, la marque nationale consacrant le Maroc Digital, est aujourd’hui logée sous le domaine .Org, faute du .ma et tenez-vous bien hébergée sur un serveur français OVH. Souveraineté dites-vous ?
Quand au contenu du site Moroccotech.org, il s’agit d’une landing page construite sous la forme d’un site pour évènements et en aucun cas un portail d’information sur la marque ou la stratégie.
Quid de la propriété de la marque ? Le site est enregistré jusqu’au moment on nous écrivons ces lignes au nom d’une société privée !
A quoi bon les 16 mois de travaux de la commision de Chakib Benmoussa ? C’est cela la valeur que vous donnez aux discours royaux ? Ça vous arrange de vous cacher derrière le souverain quand ça vous chante, Hein!?



Fallait pas s’inspirer uniquement du label et du wording de la FrenchTech, Mme la ministre déléguée
Pour le choix du label de l’étendard national du Digital, Ghita Mezzour a fait simple, copier la France.
En novembre 2013, Fleur Pellerin alors ministre déléguée au Numérique sous François Hollande, lance «French Tech» un mouvement des start-up françaises, destiné à les promouvoir, les fédérer et les faire rayonner à l’international.
L’expression «French Tech» devenue une marque ne fait pas l’unanimité à cause de son anflissime et Mme Pellerin la défend : « French Tech, c’est facile et ça claque. C’est Très français, imprononçable pour des Américains ou des Chinois ».
Fait important, la création de la marque «French Tech» survient un an après le lancement de ce qui va devenir son bras armé pour investir dans l’écosystème numérique, BPI France.
En janvier 2022 , Ghita Mezzour, Ministre déléguée à la Transition numérique sous Aziz Akhannouch, lance «Morocco Tech» un mouvement, un mouvement, une marque et un engagement à renforcer la position du Maroc en tant que pôle numérique régional.
Fait important, elle prend des selfies.
CQFD!
Alors que les juges de Driss Jettou constataient le cuisant échec de la Stratégie Nationale pour la Société de l’Information et de l’Économie Numérique, Maroc numérique 2009-2013, François Hollande se félicitait lui de son bilan :
« Pour faire de la France une République numérique, le Gouvernement a lancé un grand mouvement de mobilisation collective pour la croissance et le rayonnement des start-up numériques françaises. La labellisation de Métropoles French Tech a permis de structurer l’écosystème français sous la forme d’un réseau rassemblant Paris et 13 autres écosystèmes remarquables qui sont les têtes de pont de la French Tech en régions. Des réseaux d’entrepreneurs français sont structurés dans 12 villes du monde entier, de New York à Tokyo en passant par Moscou et Le Cap, autour des « French Tech Hubs ». Le 25 juillet 2016, 9 réseaux thématiques French Tech ont été lancés.», peut-on lire sur le portail de l’Elysée.
Emmanuel Macron, moins président normal que son predecesseur, va reprendre le flambeau et explosera quand à lui les compteurs.
Avec Jupiter, la French Tech prend un tournant politique. D’ailleurs, il va emprunter d’Israël l’expression « start-up nation » pour en faire un argument de campagne.
Président, Macron fait passer la French Tech de l’adolescence à la maturité et le pays regagne la souveraineté numérique et ambitionne même de prendre le leadership à l’échelle européenne, en appuyant la deeptech, l’industrie et la finance décentralisée. A ce titre, et à l’initiative de la France, l’Europe a lancé le « Scale-Up Europe » avec un objectif : décliner, malgré les différences culturelles et réglementaires, une dynamique French Tech à l’échelle de l’Europe, avec un accès accru aux financements et aux talents. Passer, en somme, de la start-up nation au start-up continent.
Pour avoir une idée de l’appui financier du gouvernemnt français au numérique, 7 milliards € ont été alloués au secteur dont presque la moitié au profit de la deeptech, dans le cadre du plan de relance Covid.


Pour arriver à 25 licornes avec trois ans d’avance, la France a tout mis en place en faveur de l’entrepreuner et des talents. Incentives fiscales, financements, passeports talents et spécialsations régionales. Toutefois, sans l’implication personnelle du Président Macron, les résultats auraient été moins brillants.
Contrairement à Ghita Mezzour, le préalable à la Frecn Tech était le « lac d’argent » de Bpifrance et le préalable à la «Start Up Nation», la Station F fondée par une Telco, une industrie ignorée par la marocaine.
Notons que ce n’est pas une #SelfieTech entre amis Linkedin, heureux de se retrouver enfin entre eux, qui fera du Maroc un pôle numérique régional. Peut-être, Mme la ministre n’aurait pas dû se limiter à Linkedin, il fallait peut être élargir le spectre de l’écosystème à Instagram. Fati Jamali et ses copines sont également des auto-entrepreneuses du numérique et ont leur mot à dire notamment sur la fiscalité des revenus de leurs prestations d’influenceuses.