À Al Hoceima, lors des obsèques de son père Ahmed Zefzafi, le leader du “Hirak du Rif” condamné à 20 ans de prison, a surpris par le ton de son intervention. Depuis le toit de la maison familiale, il a tenu à adresser publiquement sa gratitude à Mohamed Salah Tamek, délégué général à l’Administration pénitentiaire, ainsi qu’aux cadres de la DGAPR, pour avoir permis sa présence à cette cérémonie.
Dans ses mots, Zefzafi a insisté sur les efforts déployés par l’institution pénitentiaire :
« L’administration pénitentiaire, représentée en particulier par le délégué, a fourni un effort considérable. Nous savons bien que les choses ne sont pas aussi simples qu’on pourrait l’imaginer pour parvenir jusqu’à Al Hoceima. Ce mérite revient d’abord à Dieu, puis au délégué lui-même, ainsi qu’à l’ensemble des cadres qui ont travaillé jusqu’aux dernières heures afin que ce vœu se réalise : ma présence aux funérailles de mon père, que Dieu lui accorde Sa miséricorde. »
L’unité de la nation au cœur du discours
Au-delà de ce remerciement inédit, Nasser Zefzafi a choisi de hausser son propos pour l’ancrer dans une dimension politique et symbolique. Son discours n’a pas été celui d’un fils endeuillé limité à un cadre local, mais celui d’un homme qui revendique son appartenance pleine et entière à la nation marocaine. En affirmant que son attachement à la patrie dépasse le Rif pour embrasser « chaque parcelle de ce territoire, du nord au sud, de l’est à l’ouest », il a adressé un message clair : les fractures et divergences, aussi profondes soient-elles, doivent s’effacer devant l’intérêt supérieur du pays.
« Quelles que soient nos divergences, quelles que soient nos opinions et nos idées, elles convergent toutes vers l’intérêt de la patrie, d’abord et avant tout. Rien ne saurait s’élever au-dessus de l’intérêt national. […] Et lorsque je parle de la patrie, j’entends par là son Sahara, son sud, son est, son nord et son ouest. Comme nous l’avons déjà dit, nous sommes prêts à verser notre sang pour chaque parcelle de cette terre. » a scandé Nasser Zefzafi.
Ce passage, lourd de sens, a été interprété comme une volonté de repositionner sa parole loin des lectures régionalistes ou identitaires qui ont souvent accompagné son nom. Dans un moment de deuil personnel, Zefzafi a ainsi transformé sa tribune en un acte politique : réaffirmer l’unité nationale comme horizon indépassable.
Un hommage à son père et à son combat
Il a ensuite rendu hommage à son père, présenté comme un homme ayant « voué sa vie à la patrie ». Il a proposé de le surnommer « Abou al-Ahrar wa al-Haraïr » – le père des hommes et des femmes libres. Conformément à ses dernières volontés, la prière funéraire devait se tenir à la mosquée Al-Atiq avant l’inhumation au cimetière des Moudjahidine.
Zefzafi a réitéré son engagement et celui de ses compagnons : ils restent prêts à « donner leur sang pour chaque parcelle de ce pays ». Dans ce moment de deuil intime, il a choisi de transformer sa parole en un appel solennel à l’unité nationale. Mais au-delà de la fermeté de l’engagement, c’est un ton empreint de maturité et d’apaisement qui a marqué son intervention, comme s’il avait voulu transmettre l’image d’un homme en quête de réconciliation avec l’histoire, avec la nation et, peut-être aussi, avec lui-même.