Le quotidien américain The New York Times a publié, le 26 septembre 2025, une longue enquête intitulée “Quand l’envoyé spécial au Moyen-Orient plaidait pour la paix, son fils démarchait des investisseurs”. Le journal y accuse Steve Witkoff, envoyé spécial du président Donald Trump au Moyen-Orient, de voir son fils Alex solliciter discrètement des milliards de dollars auprès de fonds souverains du Golfe — notamment le Qatar — au moment même où son père menait des négociations sensibles pour un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.
Selon le NYT, Alex Witkoff aurait présenté à des investisseurs potentiels un fonds immobilier américain en affirmant avoir déjà sécurisé des engagements financiers de la part de Qatar, des Émirats arabes unis et du Koweït. Le quotidien s’appuie sur des documents et des témoignages indiquant que les liens financiers entre la famille Witkoff et Doha seraient plus anciens et plus structurés qu’annoncé, remontant à la première présidence Trump et incluant notamment l’acquisition controversée du Park Lane Hotel à New York.
Les accusations du New York Times
Conflit d’intérêts potentiel : alors que Steve Witkoff menait des négociations de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas en tant qu’émissaire de Donald Trump, son fils Alex aurait cherché à lever plusieurs milliards de dollars auprès de fonds souverains du Golfe.
Sollicitations au Qatar : Alex Witkoff aurait présenté un fonds immobilier américain en affirmant avoir déjà sécurisé des engagements financiers du Qatar, des Émirats arabes unis et du Koweït.
Relations anciennes : selon le NYT, les liens entre la famille Witkoff et Doha remonteraient à la première présidence Trump, avec des investissements qataris dans des projets immobiliers new-yorkais, notamment le Park Lane Hotel.
Répétition des pratiques : le journal rappelle que la famille Witkoff a déjà été pointée du doigt pour des projets financiers liés à la famille Trump, notamment via une société de cryptomonnaie.
Réseaux d’influence : l’article replace ces transactions dans une stratégie plus large du Qatar visant à renforcer son influence à Washington par des investissements immobiliers et financiers.
Doha riposte et dénonce des “accusations absurdes”
Dès le lendemain, le 27 septembre, l’International Media Office de l’État du Qatar a diffusé un communiqué cinglant rejetant catégoriquement ces affirmations. Doha parle d’“accusations absurdes, dénuées de toute crédibilité”, assurant que les relations d’affaires avec Steve Witkoff existaient bien avant l’élection de Donald Trump et qu’elles n’ont jamais eu vocation à influencer une quelconque décision politique américaine.
Le Qatar souligne que ses décisions d’investissement sont “strictement séparées de la diplomatie”, encadrées par une gouvernance visant à éviter tout conflit d’intérêts. Le communiqué dénonce également le recours à des “sources douteuses” cherchant à nuire aux efforts de médiation en cours sur le dossier de Gaza.
Un conflit d’interprétation au parfum géopolitique
Derrière cette polémique, c’est la question plus large de l’influence des fonds souverains du Golfe à Washington qui refait surface. Le NYT place l’affaire Witkoff dans la continuité d’un usage stratégique des investissements qataris dans l’immobilier et la finance américaine depuis plus d’une décennie, souvent accusés de servir à renforcer des réseaux d’influence.
Le Qatar, lui, insiste sur la profondeur historique et institutionnelle de ses relations avec les États-Unis, notamment dans les domaines de la sécurité, de la diplomatie et des échanges économiques. En ciblant la médiation qatarie à Gaza, Doha estime que les accusations participent d’une campagne de déstabilisation menée par des acteurs hostiles à son rôle de médiateur régional.