Dans un entretien accordé au Parisien, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, affirme que l’Iran dispose bien des différentes pièces pour fabriquer une bombe nucléaire, sur la base des évaluations des services de renseignement français. Il alerte sur les risques majeurs d’enlisement dans le conflit entre Israël et l’Iran et appelle à un sursaut diplomatique.
Selon le ministre, l’uranium enrichi à 60 % détenu par Téhéran — inutilisable à des fins civiles — pourrait, une fois porté à 90 %, suffire à produire près de dix têtes nucléaires. À cela s’ajoute un arsenal balistique déjà opérationnel et transféré à des groupes comme les Houthis au Yémen. Pour Lecornu, l’Iran est aujourd’hui à un seuil critique : sans posséder encore la bombe, il maîtrise les leviers de montée ou de désescalade.
Le ministre avertit également contre une illusion de neutralisation rapide du programme nucléaire iranien : « quelques frappes ne suffiront pas ». Il évoque un réseau de sites enterrés, un savoir-faire diffus, et un risque accru de prolifération en cas de chaos dans la région.
Lecornu insiste par ailleurs sur le rôle structurant de la dissuasion nucléaire française, mal connue selon lui, même chez certains alliés européens. Il estime que la Défense doit redevenir un sujet central dans le débat public, à la hauteur des enjeux géopolitiques actuels.
Enfin, le ministre confirme la présence française dans la région, notamment via les bases au Moyen-Orient, tout en précisant que le porte-avions Charles-de-Gaulle est actuellement en maintenance. Le président Emmanuel Macron devrait annoncer de nouvelles priorités stratégiques lors de son discours du 13 juillet, à l’approche du sommet de l’OTAN.