Paniqué, Akhannouch tente de mater une majorité qui lui échappe

Le Chef du Gouvernement convoque l’Istiqlal et le PAM après des déclarations jugées "malvenues"

Sous la pression de la rue et d’une opinion publique chauffée à blanc par la GenZ212, Aziz Akhannouch tente de sauver les apparences d’une majorité gouvernementale au bord de la rupture. Le chef du gouvernement a convoqué, lundi à Rabat, les leaders de ses alliés de l’Istiqlal et du PAM pour tenter de rétablir un semblant d’unité après plusieurs prises de distance publiques jugées malvenues. Mais derrière la façade, la confiance est rompue.

Une colère froide, des alliés en retrait

Selon des sources politiques concordantes, Aziz Akhannouch aurait mal vécu les récentes déclarations de certains ministres du PAM et de l’Istiqlal, jugées trop bienveillantes à l’égard des revendications des jeunes manifestants. Ces prises de position, interprétées comme des signaux de désolidarisation, auraient déclenché la colère froide du chef du gouvernement, qui y voit une tentative de préserver des positions électorales au détriment de la solidarité gouvernementale.

Mais dans les couloirs de Rabat, plus personne ne croit à un véritable recadrage. La réunion de ce lundi n’aurait été, selon un observateur, «qu’une tentative de dernier recours pour sauver un front politique déjà fissuré».

Akhannouch, de la fuite à l’isolement

Depuis le début de la crise, Aziz Akhannouch a choisi de s’effacer, laissant les sécuritaires en première ligne face à la colère des jeunes. Une posture jugée risquée, voire incompréhensible, pour un chef de gouvernement confronté à une crise nationale à la fois sociale et politique.
Ce retrait prolongé a fini par laisser le champ libre à ses alliés, qui s’en sont servis pour prendre leurs distances — d’abord par prudence, puis par calcul.

“Personne ne veut sombrer avec lui”, confie un ancien ministre. “A moins d’un miracle politique, le RNI est en chute libre, et les autres partis de la majorité se positionnent déjà pour l’après-Akhannouch.”

Le basculement du pôle audiovisuel public

Le tournant est aussi médiatique. Après des semaines de silence institutionnel, le pôle audiovisuel public a décidé de s’ouvrir aux revendications des jeunes, donnant la parole à des voix jusque-là marginalisées. Cette ouverture marque un basculement symbolique : le discours officiel n’est plus monolithique.

Pour Akhannouch, c’est un double désaveu : celui d’un appareil médiatique qui ne relaie plus la ligne du gouvernement, et celui d’une coalition qui ne parle plus d’une seule voix.

La majorité dans le brouillard, les limogeages en rumeur

Les spéculations vont bon train sur un remaniement imminent, visant au moins deux ministres clés : celui de la Santé et celui de l’Éducation nationale, tous deux exposés aux critiques publiques. Mais cette manœuvre pourrait s’avérer insuffisante pour apaiser une opinion qui réclame des réponses politiques, pas des têtes symboliques.

À moins d’un an des élections, ni le PAM ni l’Istiqlal ne semblent disposés à suivre Akhannouch dans sa chute. Chacun prépare déjà son repositionnement, laissant le chef du gouvernement seul face à la tempête, tentant de gouverner un exécutif qui n’y croit plus lui-même.

Une majorité à bout de souffle

La réunion de lundi aura eu le mérite de rappeler une évidence : la coalition gouvernementale n’existe plus que sur le papier.

Ce qui fut conçu comme un pacte de stabilité s’est mué en attelage électoral sans vision partagée, où chaque parti calcule désormais sa survie.

Akhannouch, isolé, affronte non seulement la colère des jeunes, mais aussi le désengagement de ses propres alliés, au moment même où l’État, lui, multiplie les gestes d’ouverture et d’écoute à l’égard de la jeunesse.

Une recomposition silencieuse est en marche, celle d’un pouvoir institutionnel qui s’adapte, pendant que le chef du gouvernement tente, seul, de retenir ce qui s’effondre autour de lui.

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