Quand on évoque les élites marocaines qui ont réussi à se hisser au plus haut niveau des multinationales, le nom de Hajar Alafifi s’impose désormais comme une évidence. Lauréate de l’ENCG de Casablanca, elle débute sa carrière chez Unilever au Maroc avant d’enchaîner les responsabilités à Londres, aux Pays-Bas, en Afrique du Sud, puis en Asie du Sud-Est.
Vingt ans plus tard, c’est au Sri Lanka que cette Casablancaise s’impose comme une dirigeante respectée, en prenant la tête d’Unilever Sri Lanka, l’une des plus grandes entreprises de biens de consommation de l’île, au cœur d’un marché complexe et concurrentiel. À 40 ans passés, elle devient la première Marocaine à piloter une filiale de cette taille dans la région.
Le pari de Mostafa Terrab
Ce n’est donc pas un hasard si le président du Groupe OCP, Mostafa Terrab, a choisi de la rappeler au pays pour lui confier les rênes d’OCP Africa. Le signal est fort : miser sur un talent marocain qui a brillé dans des contextes lointains et souvent jugés « exotiques » par les cadres locaux, pour incarner la nouvelle phase de développement du groupe sur le continent.
Avec cette nomination, OCP ne se contente pas de promouvoir la diversité et l’empowerment féminin : il injecte dans son ADN un style de management internationalisé, inclusif et disruptif, mais profondément ancré dans les valeurs marocaines.
Un leadership de conviction
Hajar Alafifi n’est pas une dirigeante comme les autres. Au Sri Lanka, elle a marqué les esprits par son engagement pour la durabilité et l’égalité des genres. Sous son mandat, Unilever Sri Lanka a atteint la parité hommes-femmes, introduit des congés spécifiques (menstruel, fertilité), et mené des campagnes contre les violences domestiques.
Elle s’est également distinguée par sa capacité à mobiliser ses équipes autour d’un projet collectif : « Ce n’est pas mon succès, c’est celui de toute une équipe », déclarait-elle en recevant le Global Leader of the Year Award, une distinction internationale qui récompense les dirigeants les plus inspirants de la planète.
Leçons d’Asie pour l’Afrique
Ce que Hajar Alafifi ramène aujourd’hui d’Asie, ce n’est pas seulement un parcours impressionnant, mais aussi un regard neuf sur les marchés émergents. Elle a appris à composer avec des économies fragiles, des consommateurs diversifiés et des crises profondes, tout en bâtissant des marques de confiance et des chaînes de valeur résilientes.
Son approche repose sur trois piliers clairs :
- L’écoute des cultures locales, afin d’adapter les produits aux réalités des consommateurs.
- L’innovation rapide, comme lorsqu’elle lança une ligne de désinfectants produits localement en seulement 18 jours pendant la pandémie.
- L’authenticité du leadership, en prônant la clarté et la sérénité face à la crise.
Un retour aux sources
Avec sa nomination à la tête d’OCP Africa, le Maroc rapatrie l’un de ses talents les plus prometteurs. Ce n’est pas seulement un changement de gouvernance ; c’est un message adressé aux jeunes générations : on peut partir loin, briller dans les environnements les plus compétitifs, et revenir pour mettre son expertise au service du continent.
OCP Africa, bras stratégique du groupe sur le terrain agricole, s’offre ainsi un profil rare : une femme marocaine, cosmopolite mais attachée à ses racines, capable d’incarner la nouvelle diplomatie économique africaine.
Le choix de Terrab est clair : placer à la tête d’OCP Africa une leader de conviction, à la fois produit du Maroc et citoyenne du monde. Avec Hajar Alafifi, OCP mise sur une dirigeante qui sait que la performance économique n’a de sens que si elle est associée à un impact social et environnemental tangible.
Une chose est sûre : le continent africain s’apprête à découvrir une nouvelle voix, celle d’une Marocaine qui n’a pas peur de dire que les grandes ambitions se construisent avec humilité, courage et détermination.
