Qui est Jamieson Greer, l’émissaire commercial de Trump, architecte de la doctrine «America First» et adversaire du phosphate marocain ?

Jamieson Greer est un avocat et haut fonctionnaire américain spécialiste du commerce international, connu pour son rôle central dans la politique commerciale protectionniste de Donald Trump. Ancien chef de cabinet du représentant au Commerce des États-Unis (USTR) Robert Lighthizer durant la présidence Trump (2017-2021), il a contribué à l’imposition de tarifs douaniers punitifs, notamment contre la Chine, et à la renégociation d’accords comme l’ALENA (devenu l’USMCA). Après ce premier passage au gouvernement, Greer s’est tourné vers le secteur privé en rejoignant le cabinet d’avocats King & Spalding, où il a défendu les intérêts de l’industrie américaine des engrais phosphatés face à la concurrence marocaine. Début 2025, il fait son retour au sommet de l’appareil commercial américain : il a été nommé Représentant au Commerce (USTR) dans la nouvelle administration Trump, symbolisant la continuité d’une doctrine « America First » agressive en matière de commerce international.

Un profil protectionniste au cœur de l’ère Trump

Jamieson Greer s’est imposé comme l’un des artisans de la ligne dure commerciale de Donald Trump. Diplômé en droit (Université de Virginie) et en affaires internationales (Sciences Po Paris et Paris I Panthéon-Sorbonne), cet ancien officier de l’US Air Force a rejoint l’équipe Trump dès 2017. En tant que chef de cabinet de Lighthizer à l’USTR, il a été intimement associé à la mise en œuvre des tarifs douaniers massifs contre la Chine et à la négociation de l’accord commercial de « phase 1 » avec Pékin. Robert Lighthizer loue son rôle dans la stratégie commerciale populiste de Trump, visant à corriger des accords jugés défavorables aux États-Unis et à rééquilibrer les échanges. Greer a ainsi joué un « rôle clé » dans l’imposition de tarifs et le remplacement de l’ALENA par l’USMCA, démarche présentée comme une victoire pour les travailleurs américains par Donald Trump lui-même.

Fervent défenseur des outils protectionnistes, Greer assume l’usage des droits de douane comme arme au service de l’économie américaine. « La politique commerciale peut jouer un rôle crucial pour garantir notre sécurité économique et donc notre sécurité nationale. Nous disposons d’une fenêtre de temps relativement courte pour restructurer le système commercial international afin de mieux servir les intérêts américains » a-t-il affirmé lors de son audition au Sénat. Il accuse de longue date des pays comme la Chine de pratiques déloyales (subventions, surcapacités, barrières non tarifaires) nuisant aux producteurs américains. Son credo « America First » se traduit par une approche unilatérale et offensive : recours accru aux tarifs, renégociation des accords jugés inefficaces, et fermeté face aux importations considérées comme « inéquitables ». Cette posture, applaudie par certains industriels américains, lui vaut aussi une image de « faucon » du commerce sur la scène internationale.

Parallèlement à son passage dans le secteur public, Jamieson Greer a tissé des liens étroits avec l’industrie des engrais phosphatés aux États-Unis. Entre 2020 et 2024, avocat chez King & Spalding à Washington, il a conseillé et représenté des acteurs majeurs du secteur comme la J.R. Simplot Company, un important producteur américain d’engrais. Cette expérience l’a placé au premier plan d’un contentieux commercial emblématique opposant les producteurs américains de phosphates à leur concurrent marocain, l’Office Chérifien des Phosphates (OCP). Greer s’est ainsi retrouvé au cœur de la « guerre du phosphate » qui a éclaté sous l’ère Trump : un affrontement entre, d’un côté, des entreprises américaines accusant le Maroc de concurrence déloyale, et de l’autre, le champion marocain OCP défendant son accès au marché américain. Son profil illustre donc la convergence entre une conviction politique (le protectionnisme économique) et des intérêts industriels spécifiques (le lobby des fertilisants), convergence qui a façonné plusieurs décisions commerciales majeures de l’administration Trump.

L’avocat de la bataille des phosphates : l’affaire OCP vs. Mosaic (2020-2023)

À partir de 2020, Jamieson Greer a joué un rôle déterminant dans la bataille juridique opposant les producteurs américains d’engrais phosphatés à l’OCP marocain. En juin 2020, la société américaine Mosaic Co., leader domestique des phosphates, dépose plainte auprès du Département du Commerce et de la Commission du commerce international des États-Unis (USITC) contre les importations d’engrais en provenance du Maroc et de la Russie. Mosaic accuse l’OCP de bénéficier de subventions publiques massives (énergie à tarif préférentiel, facilités fiscales, participation de l’État…) faussant la concurrence. La J.R. Simplot Company, autre acteur américain du secteur, s’implique également dans la procédure – avec Greer comme conseil juridique – pour soutenir la défense de l’industrie américaine face à ces importations étrangères.

Greer et l’équipe de King & Spalding ont élaboré une stratégie juridique offensive visant à démontrer que les engrais phosphatés marocains arrivaient sur le marché américain à des prix artificiellement bas grâce à des aides étatiques illégales. C’était la première fois que les États-Unis visaient le Maroc dans une enquête en droits compensateurs. Au fil de l’enquête en 2020, des mémoires techniques et des auditions ont eu lieu devant l’USITC pour évaluer l’impact des importations marocaines sur l’industrie domestique. Greer a mené la participation de Simplot dans l’affaire avec succès, “défendant l’industrie américaine contre des importations déloyales” selon sa biographie officielle au Congrès. Les arguments mis en avant incluaient la part de marché croissante occupée par l’OCP grâce à ses prix compétitifs, et la fermeture concomitante de capacités de production aux États-Unis. Par exemple, Mosaic avait fermé en 2017 une usine en Floride de 2 millions de tonnes, ce qui a réduit l’offre domestique. Les partisans de l’OCP ont rétorqué que cette situation – combinée à des aléas climatiques ayant réduit la demande d’engrais aux États-Unis – expliquait l’augmentation des importations sans qu’il y ait nécessairement un préjudice causé par des subventions marocaines.

Néanmoins, fin 2020, le Département du Commerce américain a donné raison aux plaignants en concluant de manière préliminaire que les engrais phosphatés marocains étaient bien subventionnés à un niveau significatif. Cette conclusion a été confirmée au début de 2021 : le 9 février 2021, le Département du Commerce a rendu une détermination finale positive, estimant que les importations en provenance du Maroc bénéficiaient de subventions compensables. Quelques semaines plus tard, le 11 mars 2021, l’USITC – après enquête – a statué que ces importations subventionnées causaient un préjudice important à l’industrie américaine. En conséquence, des droits compensateurs ont été formellement institués sur les engrais phosphatés du Maroc (et de Russie) pour une durée initiale d’au moins cinq ans. Le taux définitif retenu pour l’OCP s’est élevé à 19,97 % ad valorem, reflétant le cumul de plusieurs programmes de soutien public marocains identifiés par les autorités américaines.

Cette victoire juridique des producteurs américains – à laquelle Greer a contribué côté Simplot – a eu des effets immédiats sur le commerce du phosphate entre Rabat et Washington. Dès l’instauration en 2021 de ces droits compensateurs de près de 20 %, l’OCP a quasiment cessé ses exportations vers le marché américain, jadis l’un de ses débouchés majeurs. Greer s’est ainsi affirmé comme l’adversaire du “phosphate marocain”, ayant aidé à ériger une barrière tarifaire protectrice autour du marché américain des fertilisants.

Covington & OCP : une défense à 15 millions de dollars


Depuis octobre 2020, le cabinet Covington & Burling LLP a perçu près de 15 millions de dollars d’honoraires pour défendre le groupe marocain OCP S.A. dans le différend commercial l’opposant aux autorités américaines sur les droits compensateurs visant les engrais phosphatés. Selon les documents déposés auprès du ministère de la Justice des États-Unis, Covington fournit des services juridiques et stratégiques pour contester les sanctions imposées en 2021 par l’USITC, à la suite d’une plainte du groupe américain Mosaic Co..
Le cabinet agit également sur le terrain politique, développant des arguments pour alerter le Congrès et les agences fédérales sur l’impact négatif de ces mesures sur les agriculteurs américains.
Parmi les soutiens d’OCP : cinq grandes fédérations agricoles américaines, dont la National Corn Growers Association, qui ont déposé un amicus brief en faveur du producteur marocain.
Source : Reuters

Droits de douane fluctuants : l’évolution du litige OCP–USA de 2021 à 2024

Si l’imposition initiale de droits compensateurs en 2021 a constitué une victoire pour Mosaic et ses alliés, le litige commercial entre l’OCP et les États-Unis est loin d’être clos et a connu plusieurs rebondissements. L’OCP, soutenu par le gouvernement marocain, a contesté la décision américaine sur deux fronts : en lançant une procédure devant la Cour du commerce international des États-Unis (US Court of International Trade, CIT) dès 2021, et en engageant parallèlement des démarches de réexamen administratif auprès du Département du Commerce (procédures de “review” annuelles prévues par la loi américaine).

Après plus de deux ans de bataille juridique, un premier tournant est survenu à l’automne 2023. En septembre 2023, le juge Stephen Vaden de la CIT a donné raison à l’OCP sur certains points et a ordonné à l’USITC de réexaminer son verdict de 2021. Le tribunal a estimé que la Commission n’avait pas suffisamment pris en compte certains facteurs internes aux États-Unis pouvant expliquer les difficultés de l’industrie domestique. Par exemple, la fermeture par Mosaic d’une grande usine américaine en 2017 et les problèmes logistiques (inondations perturbant le transport fluvial en 2019) ont pu contribuer aux pénuries et hausses de prix, indépendamment des importations marocaines. Cette décision de la CIT a ouvert la voie à un possible renversement (ou au moins ajustement) du verdict initial sur le préjudice, et a exercé une pression sur les autorités administratives pour qu’elles revoient leur copie.

Parallèlement, le Département du Commerce menait son premier examen annuel des droits compensateurs. En novembre 2023, coup de théâtre : Commerce a annoncé la réduction du droit compensateur applicable à l’OCP de 19,97 % à seulement 2,12 %. Cette baisse drastique, résultat du review portant sur la période 2021, a été accueillie avec soulagement par les agriculteurs américains, qui y voyaient l’espoir d’une détente sur les prix des engrais. Des parlementaires américains de 39 États avaient d’ailleurs écrit à la secrétaire au Commerce Gina Raimondo pour souligner que les tarifs de 2020 avaient contribué à une forte volatilité des prix des engrais, à une hausse des coûts pour les cultivateurs et à un risque de pénurie étant donné l’insuffisance de l’offre domestique. La National Corn Growers Association a salué cette décision, rappelant que les producteurs de maïs avaient subi des prix « exorbitants » et des pénuries de fertilisants « à la merci de The Mosaic Company » durant 2021-2022. Pour ces acteurs, l’abaissement des droits compensateurs à 2 % était une victoire du bon sens économique sur les intérêts protectionnistes.

Toutefois, ce soulagement a été de courte durée. Dès 2024, la situation s’est de nouveau renversée dans le cadre du deuxième réexamen annuel. Le Département du Commerce, dans ses résultats finaux publiés le 7 novembre 2024, a relevé le taux de la taxe compensatoire appliquée à l’OCP d’environ 2 % à 16,81 %. Ce nouveau taux s’applique rétroactivement aux importations de l’année 2022 et sert de nouveau taux de dépôt pour les importations courantes, au moins jusqu’au prochain examen en 2025. La décision a provoqué l’indignation de l’OCP, qui l’a qualifiée de « profondément viciée » (“deeply flawed”) en accusant Washington d’utiliser des méthodologies inadéquates et contraires au droit commercial américain. L’entreprise marocaine a souligné qu’à ses yeux « rien ne justifie l’imposition de droits compensateurs sur nos exportations d’engrais vers les États-Unis », annonçant poursuivre ses appels en cours devant la Cour du commerce international contre ces mesures. En d’autres termes, le contentieux se poursuit sur le terrain judiciaire, l’OCP espérant faire annuler purement et simplement ces tarifs devant la CIT voire, en dernier ressort, devant l’Organisation mondiale du commerce.

À ce stade (début 2025), les relations commerciales entre Rabat et Washington autour des phosphates restent tendues et incertaines. Les droits de douane punitifs sont toujours en vigueur – à un niveau ramené autour de 17 % – et continuent de dissuader les échanges. L’USITC doit encore finaliser son réexamen suite à la remande du juge Vaden, ce qui pourrait aboutir soit à une confirmation de son constat de préjudice (et donc au maintien des droits), soit à une révision plus favorable à l’OCP. Ce feuilleton illustre la complexité des guerres commerciales de longue haleine, où chaque partie utilise tous les recours légaux à sa disposition. Jamieson Greer, en tant qu’avocat puis désormais en tant que décisionnaire côté américain, y a été impliqué à toutes les étapes, symbolisant la persistance d’une ligne dure vis-à-vis du phosphateur marocain.

Le grand retour à Washington : Greer nommé représentant au Commerce en 2025

La victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle de 2024 (et son entrée en fonction en janvier 2025) a ouvert la voie au retour aux affaires de Jamieson Greer dans l’administration fédérale. Le 26 février 2025, le Sénat américain a confirmé la nomination de Greer au poste de Représentant au Commerce des États-Unis (USTR) par 56 voix contre 43. Il s’agit du poste le plus élevé dans la hiérarchie de la politique commerciale américaine, avec rang de ministre. Greer devient ainsi, à 45 ans, l’un des plus jeunes à occuper ce poste, succédant à Katherine Tai. Sa confirmation s’est faite selon des lignes partisanes relativement marquées : seuls cinq sénateurs démocrates ont voté en sa faveur, la plupart de l’opposition dénonçant en bloc le profil très idéologique des candidats choisis par Trump. Le sénateur républicain Rand Paul, notoirement opposé aux guerres commerciales tous azimuts, a même rejoint les voix discordantes en votant contre Greer, signe des réserves de certains conservateurs libéraux envers l’approche commerciale de Trump.

Installé dans le fauteuil d’USTR, Jamieson Greer hérite d’un vaste mandat pour relancer l’agenda “America First” de Trump en politique commerciale. Dès son entrée en fonction, la Maison-Blanche lui a assigné pour priorité l’élaboration d’un plan de « droits de douane réciproques » visant les pays jugés coupables de pratiques commerciales asymétriques. En clair, il s’agirait d’imposer un tarif égal à celui que tel partenaire applique aux produits américains – une sorte de représailles automatisées, pays par pays, en dehors de tout cadre multilatéral. Greer va travailler en tandem avec le nouveau secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, pour mettre en œuvre cette stratégie du « tit-for-tat » assumé. Un mémorandum présidentiel daté du 13 février 2025 demande en effet à l’USTR et au département du Commerce de plancher sur un plan « équitable et réciproque » recensant les écarts de tarifs, les barrières non tarifaires, les taxes discriminatoires (comme certaines TVA étrangères) et même les manipulations de change, afin d’y apporter des contre-mesures musclées. La Maison-Blanche a justifié cette démarche en affirmant qu’elle « corrigera des déséquilibres commerciaux de longue date et assurera l’équité à tous les niveaux », s’inscrivant dans la continuité du discours populiste de Trump sur le commerce.

Jamieson Greer partage pleinement cette vision et l’avait annoncé sans ambages durant son audition de confirmation. Il s’est engagé devant le Congrès à “exécuter l’agenda commercial du président Trump” et à collaborer étroitement avec les élus pour ce faire. Son historique personnel confirme qu’il sera un maître d’œuvre zélé : comme l’a rappelé Donald Trump lors de l’annonce de sa nomination, Greer a « joué un rôle clé pendant \[le] premier mandat en imposant des tarifs à la Chine et en remplaçant l’ALENA par l’USMCA », contribuant à rapatrier des emplois industriels aux États-Unis. Son retour aux commandes de l’USTR signifie donc que la ligne Lighthizer/Trump – faite de fermeté vis-à-vis des partenaires commerciaux et de primauté de l’intérêt national américain – va être reprise et amplifiée. Greer a déclaré vouloir « mettre l’accent sur la réduction du déficit commercial, la défense des secteurs manufacturiers, agricoles et des services américains, et l’ouverture de marchés à l’exportation partout dans le monde ». Autrement dit, une politique calibrée pour les électeurs de Trump : protection des industries traditionnelles et offensive pour vendre les produits “Made in USA” à l’étranger, tout en punissant les importations jugées déloyales.

La prise de fonctions de Greer s’accompagne déjà de gesticulations commerciales inédites. Trump a menacé dès février 2025 de réimposer des tarifs de 25 % sur toutes les importations en provenance du Mexique et du Canada – y compris potentiellement les engrais – sous prétexte de lutte contre le fentanyl et l’immigration illégale. Il a également évoqué de nouveaux méga-tarifs (jusqu’à 60 %) sur la Chine et de 10 à 20 % sur tous les autres pays, affirmant que cela reconstruira l’industrie américaine. De nombreux économistes redoutent l’impact inflationniste et le bouleversement des chaînes d’approvisionnement que provoquerait une telle guerre commerciale globale. Mais Greer, fidèle à l’orthodoxie “America First”, défend l’idée que ces menaces permettront de négocier en position de force de nouveaux accords plus favorables aux États-Unis, ou à défaut de rapatrier des productions stratégiques. Sa nomination a en tout cas été applaudie par certains lobbies industriels (métallurgie, chimie…) et même par des organisations agricoles sur des dossiers précis : par exemple, l’association des producteurs de soja de l’Iowa a salué l’attention que Greer porte à l’accès au marché chinois, crucial pour les exportations de soja américaines. Le défi pour Greer sera de concilier ces attentes parfois divergentes des différentes filières économiques américaines, tout en naviguant une scène internationale de plus en plus méfiante à l’égard de la politique commerciale trumpienne.

Un cas inédit et controversé : un négociateur partial ?

Au-delà de son parcours singulier, la nomination de Jamieson Greer au poste de Représentant au Commerce soulève des questions géopolitiques et éthiques épineuses, en particulier vis-à-vis du Maroc. C’est en effet un cas quasi inédit qu’un individu ayant activement combattu les intérêts d’un pays en tant qu’avocat privé se retrouve quelques années plus tard en charge de la politique commerciale officielle envers ce même pays. Greer, adversaire acharné de l’OCP dans le dossier des phosphates, est désormais l’interlocuteur principal du Maroc pour toutes les questions d’accès au marché américain.

Du côté marocain, cette situation alimente une certaine inquiétude. Le Maroc est un allié de longue date des États-Unis (accord de libre-échange depuis 2006, coopération sécuritaire rapprochée, etc.). Certains analystes évoquent la crainte que Greer n’aborde les relations commerciales bilatérales avec un parti pris négatif. « Le nouveau patron de l’USTR est perçu d’abord comme « l’homme de Mosaic », celui qui a œuvré en coulisses pour évincer les phosphates marocains du marché américain » nous confie un analyste au fait de l’imbroglio judiciaire. Sa promotion pourrait donc compliquer encore la résolution du litige sur les engrais : on imagine mal Greer plaider en interne pour la levée de tarifs qu’il a lui-même contribué à instaurer. Au contraire, nombre d’observateurs anticipent qu’il fera tout pour pérenniser ces barrières commerciales afin de satisfaire la coalition protectionniste qui l’a soutenu. L’OCP a prévenu qu’elle continuerait ses combats juridiques contre les tarifs et compte sur l’impartialité des institutions américaines dans ce dossier, mais la méfiance domine désormais.

Jamieson Greer incarne la continuité de la doctrine “America First” dans toute sa complexité. Émissaire zélé de Donald Trump, il applique une vision du commerce faite de rapports de force, de protection des bastions industriels traditionnels et de méfiance envers les concurrents étrangers – fut-ce aux dépens d’alliés historiques comme le Maroc. Son ascension au poste de Représentant au Commerce, après avoir combattu l’OCP dans l’arène juridique, est le symbole d’une Amérique prête à rompre avec le multilatéralisme classique pour défendre ses intérêts perçus. Cette situation inédite met à l’épreuve la relation maroco-américaine : Rabat à l’image de tous les alliés de Washington saura-t-il trouver en l’administration Trump II un partenaire commercial solide alors que l’arbitre est un ancien belligérant du dossier phosphate ? Les prochains mois, entre négociations diplomatiques et bras de fer juridiques, seront déterminants pour l’issue de ce contentieux et, plus largement, pour la place qu’occupera la politique commerciale américaine sur la scène mondiale – coopérative ou conflictuelle – sous l’ère de Jamieson Greer.


Sources : USITC, US Department of Commerce, U.S. Court of International Trade, United States Trade Representative – statements et communiqués officiels ; OCP, Mosaic Co. – communiqués de presse et déclarations publiques ; Reuters, Politico, Roll Call, Inside Trade – articles d’actualité et d’analyse

Nawfal Laarabi
Nawfal Laarabi
Intelligence analyst. Reputation and influence Strategist 20 années d’expérience professionnelle au Maroc / Spécialisé dans l’accompagnement des organisations dans la mise en place de stratégies de communication d’influence.

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