La réaction de l’ancien ministre d’État chargé des Droits de l’Homme et des Relations avec le Parlement, El Mostapha Ramid, à la présence de Nasser Zefzafi aux obsèques de son père, à Al Hoceima, a retenu l’attention. Dans un message empreint de gravité et d’espoir, l’ex-ministre a décrit cette journée comme une « moment exceptionnel » pour le Maroc.
Une image forte : Zefzafi sans entraves, au milieu des siens
Ramid a insisté sur la portée symbolique de la scène : voir Zefzafi, condamné à vingt ans de prison dont il n’a purgé que moins de la moitié, apparaître au milieu de centaines d’anonymes, « libre de ses mouvements, sans chaînes ni entraves », et s’exprimer avec assurance. Pour lui, cette image dépasse le strict cadre familial et funéraire pour devenir un signe politique et institutionnel.
Au-delà du simple droit humanitaire, l’ancien ministre a souligné la manière dont Zefzafi a pris la parole : « avec maturité et responsabilité », selon ses termes. Ce ton mesuré, loin de l’emportement des premières années du Hirak, a été interprété comme un indicateur d’évolution personnelle et de repositionnement politique.
Des signaux d’apaisement accumulés
El Mostapha Ramid a rappelé que Zefzafi avait déjà obtenu par le passé l’autorisation de sortir pour rendre visite à ses parents malades. Ces gestes répétés, estime-t-il, constituent « des messages clairs » indiquant que le dossier judiciaire du Hirak a connu plusieurs phases d’assouplissement et semble aujourd’hui « sur le point de vivre son tournant final ».
L’ancien ministre a par ailleurs tenu un rôle central dans d’autres épisodes d’apaisement, notamment dans la libération des journalistes Taoufik Bouachrine, Soulaïmane Raissouni et Omar Radi, marquant son implication dans la recherche de solutions négociées aux dossiers sensibles.
Ramid conclut son propos en formulant un vœu : que ce moment marque l’ouverture d’un nouveau chapitre, placé sous le signe de « la paix et du bien », et que « Dieu ne laisse pas sans récompense ceux qui œuvrent avec sincérité ».
Les mots de Zefzafi
Lors de son intervention, Nasser Zefzafi a tenu à exprimer sa gratitude à Mohamed Salah Tamek, délégué général à l’Administration pénitentiaire, et aux cadres de la DGAPR, pour avoir facilité sa présence. Il a ensuite élargi son propos à l’ensemble de la nation, affirmant que la patrie qu’il défend ne se limite pas au Rif, mais englobe « chaque parcelle du territoire, du nord au sud, de l’est à l’ouest », y compris le Sahara. Il a insisté : « Quelles que soient nos divergences, elles convergent toutes vers l’intérêt de la patrie. Rien ne saurait s’élever au-dessus de l’intérêt national. » Enfin, rendant hommage à son père qu’il a surnommé « Abou al-Ahrar », il a réitéré son engagement et celui de ses compagnons à « verser leur sang pour chaque parcelle de ce pays ».