La prise de position britannique en faveur du plan d’autonomie marocain au Sahara continue de faire réagir à l’international. Le très influent Financial Times (FT) y consacre un article détaillé intitulé «UK backs Morocco’s ‘autonomy plan’ for Western Sahara», dans lequel il qualifie les propos du ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, de «reconnaissance effective de la souveraineté de Rabat sur le territoire disputé.»
Dans cette analyse co-signée par David Sheppard (Londres) et Heba Saleh (Le Caire), le FT revient sur l’évolution diplomatique opérée par le Royaume-Uni, longtemps resté sur une position prudente de non-reconnaissance, et qui choisit désormais d’intégrer pleinement la vision marocaine dans sa stratégie d’influence et d’ouverture économique au Maghreb et en Afrique.
Une rupture assumée, dictée par le réalisme diplomatique
Pour le Financial Times, cette nouvelle orientation de Londres s’inscrit dans une logique que David Lammy qualifie de “progressive realism” – un réalisme progressiste – qui articule les principes du droit international, les impératifs de stabilité régionale et les intérêts économiques britanniques.
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Le ministre britannique a décrit l’initiative marocaine comme la «base la plus crédible, viable et pragmatique pour une solution durable» au conflit du Sahara.
Le quotidien britannique souligne que cette position constitue une inflection diplomatique notable, en rupture avec l’approche traditionnelle du Royaume-Uni qui considérait jusqu’à récemment le statut du Sahara comme “indéterminé”.
Diplomatie économique : les entreprises britanniques à l’offensive
Le FT met également en lumière le volet économique de cette annonce, expliquant que le soutien au plan d’autonomie marocain intervient à l’approche de la Coupe du Monde 2030, que le Maroc co-organisera avec l’Espagne et le Portugal. Le gouvernement britannique espère ainsi ouvrir la voie à ses entreprises dans les appels d’offres liés aux infrastructures, aux énergies renouvelables et à la santé.
«Le gouvernement britannique affirme que de nouveaux accords commerciaux avec le Maroc placeront les entreprises britanniques ‘en tête de file’ pour accéder aux marchés liés à la Coupe du Monde»,, écrit le journal.
Ce basculement diplomatique s’accompagne donc d’un positionnement stratégique en Afrique du Nord, où le Maroc est perçu comme un hub de stabilité et de développement régional.
Un geste qui pourrait raviver les tensions régionales
Le Financial Times ne manque pas de souligner les répercussions régionales de cette reconnaissance implicite. L’Algérie, principal soutien du Front Polisario, pourrait voir dans cette prise de position un alignement occidental supplémentaire en faveur de Rabat, après ceux des États-Unis, de l’Espagne, de l’Allemagne et plus récemment de la France.
“Les propos de Lammy sont susceptibles d’irriter l’Algérie”, observe le journal, rappelant que les relations entre Alger et plusieurs capitales européennes se sont tendues ces dernières années à mesure que le soutien au plan marocain s’élargissait.
Une voix médiatique d’influence
La publication de cet article dans le Financial Times – une référence incontournable auprès des cercles diplomatiques, économiques et investisseurs mondiaux – marque un tournant dans la perception internationale du différend autour du Sahara. Elle légitime davantage le plan d’autonomie comme une solution de compromis sérieuse et réaliste, en même temps qu’elle consacre la montée en puissance diplomatique du Maroc sous le règne de SM le Roi Mohammed VI.