Succession en Arabie Saoudite : La Russie met en garde contre les ingérences américaines

La Russie voit d’un mauvais œil la campagne contre son nouvel allié dans le Palais royal de Riyad, le Prince héritier Mohamed Ben Salmane. Elle a mis en garde les Etats-Unis contre toute ingérence dans la succession royale saoudienne par la voix de l’envoyé spécial de Vladimir Poutine au Moyen-Orient, Mikhail Bogdanov, qui occupe également le poste de vice-ministre des Affaires étrangères. La Russie apporte ainsi de manière indirecte son soutien à MBS, objet d’une vive critique internationale après le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi dans le consulat de son pays en Turquie.

MBS Putin
Poignée de main énergique entre le président russe et le prince héritier saoudien, à l’ouverture du G20 – Novembre 2018

Moscou est irritée par la campagne de certains milieux américains contre son nouvel allié MBS. Le numéro deux de la diplomatie russe n’est pas allé par quatre chemins pour fustiger l’attitude des Américains estimant que la question de la succession est résolue depuis longtemps. Dans une interview accordée à Bloomberg, Mikhail Bogdanov a affirmé que les Russes sont « contre les ingérences (…) le peuple et les dirigeants saoudiens doivent décider eux-mêmes de telles questions ». Interpellé sur la montée au trône de MBS, le numéro deux de la diplomatie russe a affirmé : «Bien sûr. Tout a été décidé, tout est absolument clair. Nous sommes en contact avec les Saoudiens et nous ne voyons aucune inquiétude particulière à ce sujet. » Le Roi Salmane Ben Abdelaziz, âgé de 82 ans et affaibli par la maladie, a laissé à son héritier de larges prérogatives. Mis en cause dans l’assassinat de Khashoggi par plusieurs milieux, MBS est, selon la Russie, hors de cause. Le gouvernement saoudien a donné une version des faits où il incrimine des agents du gouvernement qui ont bâclé une opération destinée à le forcer à rentrer chez lui. Une version acceptée par les Russes qui dédouanent MBS.

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Quant à la succession au trône, c’est une affaire résolue. «Le roi a pris une décision et je ne peux même pas imaginer sur quels motifs quelqu’un en Amérique va s’immiscer dans un tel problème et se demander qui devrait diriger l’Arabie saoudite, maintenant ou à l’avenir. C’est une affaire saoudo-saoudienne », a soutenu Mikhail Bogdanov.

Pointé d’un doigt accusateur par d’éminents membres du Congrès américain, la CIA et de grands journaux à leur tête le Washington Post et le New York Times, MBS a été qualifié par le sénateur républicain Lindsey Graham de «fou» et de «dangereux », préférant le voir loin du trône saoudien. âgé de 33 ans, MBS a tissé depuis 2017 des relations étroites avec Vladimir Poutine. Souverain de facto de l’Arabie Saoudite, il a coopéré avec la Russie pour réduire la production de pétrole pour faire monter les cours dans le cadre de l’OPEP. En 2019, le Président russe est attendu à Riyadh, une occasion pour renforcer sa relation avec MBS qu’il a rencontré en marge du sommet du G20 en Argentine et qu’il a gratifié d’une poignée de main cordiale au moment où il était salué froidement par les autres dirigeants.

Depuis le retour en Arabie saoudite du prince Ahmed Ben Abdelaziz, frère du Roi Salmane, certains médias ont affirmé qu’il était soutenu par des membres de la famille royale pour succéder au trône. Depuis sa nomination en tant que prince héritier, MBS a accru son pouvoir en écartant ses rivaux. En novembre dernier, les médias occidentaux avaient fait état de la volonté de hauts responsables américains de soutenir le prince Ahmed en tant que roi, au moment où Donald Trump essayait de ménager la chèvre et le chou en soulignant l’importance de l’alliance avec l’Arabie Saoudite. Côté russe, ces manœuvres n’inquiètent guère. Mikhail Bogdanov a déclaré que la Russie ne voyait aucune inquiétude particulière au sujet de la succession.

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