Une simple question de la part d’un journaliste du HuffPost a déclenché, jeudi, une série de réponses inhabituelles et grossières de la part des porte-paroles de la Maison-Blanche, révélant le climat tendu qui entoure l’annonce de la prochaine rencontre entre Donald Trump et Vladimir Poutine, prévue à Budapest.
Le président américain Donald Trump a confirmé jeudi son intention de rencontrer le président russe Vladimir Poutine dans la capitale hongroise pour « discuter d’une fin possible à la guerre en Ukraine ». Mais le choix de Budapest a immédiatement suscité des interrogations. La ville reste associée au Mémorandum de Budapest de 1994, dans lequel l’Ukraine avait accepté d’abandonner son arsenal nucléaire en échange de garanties de sécurité, que la Russie a violées en annexant la Crimée en 2014, puis en lançant l’invasion de 2022.
Interrogée par le HuffPost sur le choix de ce lieu lourd de symboles, la porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a répondu par SMS : « Votre mère. »
Son supérieur hiérarchique, Steven Cheung, directeur de la communication, a surenchéri une minute plus tard par un laconique : « Votre mère. »
Une escalade verbale inédite
Lorsque le journaliste de HuffPost a demandé si la porte-parole jugeait sa réponse humoristique, Leavitt a redoublé d’agressivité :
« C’est drôle que vous vous considériez comme un journaliste. Vous êtes un militant d’extrême gauche que personne ne prend au sérieux, même pas vos collègues. Arrêtez de m’envoyer vos questions biaisées et absurdes. »
Le ton de cette réponse a choqué plusieurs observateurs à Washington, qui y voient une rupture supplémentaire avec les standards de communication institutionnelle de la présidence américaine.
Contactée à son tour par The Independent, une autre porte-parole de la Maison-Blanche, Taylor Rogers, a confirmé que la réplique était « plus qu’appropriée ».
« L’individu en question n’est pas un vrai journaliste, mais un militant démocrate. Nous n’avons pas de temps à perdre avec des partisans déguisés en reporters », a-t-elle déclaré.
Le directeur de la communication Steven Cheung a ensuite reposté l’échange sur la plateforme X (ex-Twitter), sans autre commentaire, assumant la provocation.
Une communication présidentielle de plus en plus offensive
Ces attaques s’inscrivent dans une rhétorique de plus en plus virulente du camp Trump contre les médias. La veille, sur Fox News, Karoline Leavitt avait accusé le Parti démocrate de compter pour principaux soutiens « les terroristes du Hamas, les immigrés illégaux et les criminels violents ».
Cette stratégie de confrontation directe, héritée de la première présidence Trump, semble désormais érigée en doctrine de communication officielle, au risque de brouiller davantage la frontière entre le discours politique et la désinformation.
Un sommet controversé avant même d’avoir lieu
Le choix de la Hongrie comme lieu de rencontre entre Trump et Poutine n’est pas anodin : le Premier ministre Viktor Orbán, proche des deux dirigeants, a multiplié les signes d’alignement sur Moscou tout en entretenant des relations privilégiées avec Washington.
De plus, la Hongrie a engagé une procédure de retrait de la Cour pénale internationale, alors que Vladimir Poutine est visé par un mandat d’arrêt de cette même Cour pour crimes de guerre en Ukraine. Une situation qui permettrait à Budapest d’accueillir le dirigeant russe sans risque juridique.