Textile marocain : l’urgence hydrique accélère le virage technologique de la filière

Confronté à un stress hydrique durable, le Maroc voit l’un de ses piliers industriels, le textile, rattrapé par l’urgence environnementale. Des technologies comme l’impression numérique ou le recyclage par séparation des fibres offrent aujourd’hui des alternatives concrètes. Dans cette perspective, Epson — groupe technologique engagé dans l’innovation industrielle — apporte une contribution qui ouvre la voie à une réflexion plus large sur la transformation durable de la filière textile au Maroc.

Une filière stratégique face à un défi silencieux

Dans l’imaginaire collectif, un jean incarne la mode accessible et intemporelle. Mais derrière son apparente simplicité se cache un coût écologique démesuré : selon les données des Nations Unies, près de 4 000 litres d’eau sont nécessaires à sa fabrication. Soit l’équivalent de 50 baignoires.

Le Maroc, où l’industrie textile représente l’un des principaux employeurs du secteur industriel, se retrouve directement concerné. Cette filière — concentrée dans les régions de Casablanca, Fès et Tanger — consomme des quantités massives d’eau, notamment pour le traitement du coton (blanchiment, teinture, lavages répétés).Or, dans un contexte national marqué par la raréfaction des ressources hydriques, cette consommation n’est plus soutenable. La question de la durabilité du textile devient ainsi un enjeu de souveraineté écologique.

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Un modèle de production à bout de souffle

Selon l’Agence européenne pour l’environnement, la production textile est responsable de 20 % de la pollution mondiale en eau propre. À l’échelle européenne, la garde-robe moyenne nécessite plus de 800 000 litres d’eau pour être produite.

Dans le contexte marocain, où le coton est majoritairement importé mais transformé localement, le gaspillage hydrique commence dès l’amont de la chaîne de valeur et se prolonge jusqu’à la gestion des rejets industriels. Peu d’unités intègrent des solutions de traitement ou de recyclage de l’eau. La problématique est donc structurelle.

La technologie, levier d’une transition possible

C’est dans ce contexte que s’inscrit la démarche entreprise par Epson Afrique Francophone, qui à travers sa communication met en avant des solutions industrielles de réduction de la consommation d’eau, notamment à travers l’impression textile numérique.

Parmi les innovations citées : la Monna Lisa ML-13000, une imprimante à encre pigmentaire capable de réduire jusqu’à 97 % la consommation d’eau par rapport aux techniques traditionnelles. L’impression numérique permet également une production à la demande, évitant la surproduction et donc le gaspillage textile et hydrique.

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Une autre innovation mentionnée par Epson est la Dry Fiber Technology, un procédé de recyclage capable de décomposer des vêtements usagés et des chutes de tissu en fibres réutilisables, sans utiliser d’eau. Ce procédé a notamment été utilisé par le créateur japonais Yuima Nakazato pour ses pièces exposées lors de la Fashion Week de Paris, démontrant ainsi le potentiel de la technologie dans la haute couture circulaire.

Une opportunité pour le Maroc

Ces innovations ne sont pas de simples vitrines technologiques. Elles offrent au industriels marocains l’opportunité de réinventer leurs process, en les alignant avec les impératifs climatiques et les standards internationaux de durabilité.

Mais pour que cette transformation s’opère, une articulation claire entre les parties prenantes est nécessaire :

  • Politiques publiques favorisant l’investissement dans l’équipement industriel bas carbone,
  • Financements verts pour moderniser les unités de production,
  • Partenariats industriels intégrant les startups marocaines innovantes dans le secteur des matériaux et de la data industrielle.
  • Le Maroc dispose déjà d’un écosystème d’accélérateurs et de zones industrielles intégrées (notamment à Tanger Med ou Aïn Sebaâ). Il lui reste à faire de la sobriété hydrique un axe stratégique de son développement industriel.
Vers un « New Deal » textile

Le Maroc ambitionne de devenir un acteur majeur des industries à valeur ajoutée, tout en préservant ses ressources naturelles. L’eau pourrait bien devenir le déclencheur d’un basculement profond du modèle industriel textile, au même titre que l’énergie l’a été pour le secteur automobile.

Le communiqué d’Epson agit comme un signal faible, révélateur des technologies disponibles et des directions à prendre. Encore faut-il que ces solutions soient intégrées dans une politique industrielle coordonnée, avec une vision claire de ce que peut être un textile marocain circulaire, innovant et résilient.

« Il est clair que l’industrie du vêtement a une réelle opportunité de réduire considérablement le gaspillage d’eau si elle adopte le principe d’innovation, impact zéro et les technologies qui en découlent. Au Maroc, ces innovations technologiques peuvent jouer un rôle déterminant dans la transformation durable du secteur textile », souligne Réda Jai Hokimi, responsable des ventes commerciales et industrielles pour Epson Afrique francophone.

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