Le président américain Donald Trump a confirmé mercredi avoir mis en garde le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu contre une attaque imminente des installations nucléaires iraniennes, estimant que cela compromettrait les discussions en cours entre Washington et Téhéran.
« Je vais être honnête, oui je l’ai fait », a déclaré Trump lors d’un point presse à la Maison-Blanche, en référence à un appel téléphonique échangé avec Netanyahu jeudi dernier.
Trump a jugé qu’un recours à la force serait « inapproprié » à ce stade, alors que les États-Unis espèrent parvenir à un nouvel accord nucléaire avec l’Iran dans les prochaines semaines. « Je pense qu’ils veulent un accord, et si nous pouvons en conclure un, cela sauverait de nombreuses vies », a-t-il précisé. « On peut faire sauter un laboratoire, mais personne ne doit être à l’intérieur. »
Le président a toutefois souligné que la situation restait fragile : « Cela peut changer à tout moment. Cela peut changer avec un simple appel téléphonique. »
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Une diplomatie encore incertaine, mais active
À Vienne, le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a salué la poursuite des négociations américano-iraniennes, tout en restant prudent sur leur issue.
« Le jury délibère encore », a-t-il indiqué aux journalistes lors d’un séminaire. « On ne sait pas s’il y aura un accord, mais le dialogue en cours est un bon signe. »
Grossi a révélé qu’il s’entretenait régulièrement avec le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi, ainsi qu’avec l’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff. Par ailleurs, Massimo Aparo, responsable des garanties de l’AIEA, se trouvait mercredi à Téhéran dans le cadre de missions d’inspection.
Vers un compromis sur l’enrichissement de l’uranium ?
Les pourparlers, engagés depuis plusieurs semaines à Mascate et à Rome sous médiation du ministre omanais des Affaires étrangères Badr al-Busaidi, visent à limiter l’enrichissement iranien en échange d’un allègement des sanctions économiques américaines.
L’Iran enrichit actuellement l’uranium jusqu’à 60 %, seuil proche du niveau militaire. Une nouvelle concession évoquée par le chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, Mohammad Eslami, pourrait consister à autoriser la participation d’inspecteurs américains dans les équipes de l’AIEA, en cas d’accord.
Téhéran continue cependant de nier l’existence d’une proposition américaine formelle, malgré les affirmations de Trump.
Un fossé stratégique entre Washington et Tel-Aviv
Les avertissements de Trump mettent en lumière un désaccord croissant entre les États-Unis et Israël sur la manière de gérer la menace nucléaire iranienne. Là où Tel-Aviv envisage une réponse militaire préventive, Washington privilégie encore l’option diplomatique.