Accueilli avec les honneurs réservés aux alliés les plus proches, Vladimir Poutine a été reçu vendredi par Donald Trump sur la base militaire de Joint Base Elmendorf-Richardson, à Anchorage, pour un sommet à haute portée symbolique consacré à la guerre en Ukraine. Les deux dirigeants ont vanté des « progrès » mais n’ont annoncé aucun cessez-le-feu ni accord concret.
Une mise en scène spectaculaire
Les deux présidents ont atterri presque simultanément, foulant un tapis rouge sous un ciel traversé par des F-22 et un bombardier furtif B-2, symboles de la puissance militaire américaine hérités de la Guerre froide. Trump, cravate rouge vif, a accueilli Poutine, cravate bordeaux, avec une longue poignée de main, des sourires appuyés et des tapes sur le bras.
Dans une scène inédite, Trump a ensuite invité Poutine à monter avec lui dans sa limousine présidentielle. Les deux hommes ont été aperçus côte à côte, discutant à travers les vitres teintées du véhicule, avant de rejoindre la salle des pourparlers.

Un contraste avec Zelensky
Cet accueil fastueux a tranché avec la réception réservée quelques mois plus tôt au président ukrainien Volodymyr Zelensky, publiquement réprimandé par Trump lors d’une rencontre houleuse à la Maison Blanche. Zelensky avait alors été accusé de « jouer avec la Troisième Guerre mondiale » et de manquer de respect aux États-Unis, avant que la réunion ne se conclue abruptement, sans conférence conjointe ni signature d’accord.

Des discussions sans percée
Après plusieurs heures d’entretien, Trump et Poutine sont apparus devant la presse, sur deux pupitres installés inhabituellement loin l’un de l’autre, devant une bannière proclamant « Pursuing Peace ». Les journalistes n’ont pas été autorisés à poser de questions.
Trump a reconnu que les discussions avaient permis de « faire avancer les choses », tout en précisant : « il n’y a pas d’accord tant qu’il n’y a pas d’accord ». Il a admis l’existence de quelques points de blocage, dont un « probablement très significatif », et a annoncé son intention de consulter le président Zelensky, ainsi que les dirigeants de l’OTAN et de l’Union européenne. Dans un entretien ultérieur à Fox News, il a exhorté Kiev à « conclure l’accord » et invité les Européens à « s’impliquer davantage ».
De son côté, Poutine a affirmé être « sincèrement intéressé » par la fin du conflit, mais a insisté sur la nécessité de prendre en compte les « racines profondes » et les « préoccupations légitimes » de la Russie. Il a confirmé avoir présenté à Trump deux dossiers : l’un recensant des milliers de prisonniers qui pourraient être libérés en cas d’accord, l’autre contenant des photographies de victimes de la guerre.
Le président russe a également repris à son compte l’argument souvent avancé par Trump : selon lui, Moscou n’aurait pas envahi l’Ukraine si Trump avait été président en 2022.

Entre amitié affichée et ambiguïtés politiques
Trump a salué une rencontre « 10 sur 10 » et a mis en avant sa « fantastique relation » avec Poutine. Interrogé après coup, il a écarté toute annonce immédiate de sanctions, estimant qu’il pouvait « y réfléchir dans deux ou trois semaines ».
La rencontre s’est achevée sur une nouvelle poignée de main et une remarque de Poutine en anglais : « Next time in Moscow », à laquelle Trump a répondu : « C’est intéressant… Je risque d’avoir des critiques, mais c’est possible. »
Des tensions toujours vives en arrière-plan
Malgré cette mise en scène spectaculaire, la conférence a laissé l’impression d’un statu quo. Aucune feuille de route claire n’a été présentée, et les questions de cessez-le-feu ou de retrait des troupes russes n’ont pas été évoquées publiquement.
À l’extérieur de la base, des manifestants brandissaient des drapeaux ukrainiens, dénonçant une rencontre perçue comme un affront aux victimes de la guerre.
