Jeudi soir, la Maison-Blanche n’avait rien d’une simple résidence présidentielle. Transformée en agora futuriste, elle a accueilli 33 figures majeures de la tech américaine, parmi lesquelles Sam Altman (OpenAI), Sundar Pichai (Google), Tim Cook (Apple), Satya Nadella (Microsoft), Mark Zuckerberg (Meta) ou encore Lisa Su (AMD). Tous, milliardaires et stratèges d’un empire numérique, ont répondu à l’appel du président Donald Trump pour ce qui s’apparente moins à un dîner protocolaire qu’à un rituel d’allégeance autour de la nouvelle arme de domination mondiale : l’intelligence artificielle.
Une alliance inédite entre pouvoir politique et Big Tech
Derrière les discours policés, une réalité crue : jamais l’administration américaine n’avait obtenu un tel alignement de la Silicon Valley. Après des années de défiance entre Washington et les géants du numérique, Trump a choisi la séduction plutôt que la confrontation. Résultat : des promesses d’investissements colossaux, comme les 600 milliards de dollars annoncés par Meta ou Apple, et un engagement collectif à rapatrier infrastructures et centres de calcul sur le sol américain.
C’est là que s’inscrit le AI Action Plan, pièce maîtresse de cette nouvelle stratégie. Pensé comme une doctrine nationale, il articule investissements massifs, accélération de la recherche et relocalisation industrielle, tout en s’appuyant sur l’éducation et la formation à l’IA, défendues par Melania Trump. Dans l’esprit de ses promoteurs, ce plan dépasse le simple cadre technologique : il trace les contours d’un complexe militaro-numérique où l’intelligence artificielle devient le socle de la puissance américaine face à ses rivaux mondiaux.
Pour les geeks, cela ressemble à la création d’une « Guilde des IA » : chaque maison technologique conserve son style, mais toutes se placent sous la bannière étoilée. Le code est clair : l’Amérique doit rester le système d’exploitation par défaut de la planète.









L’absence remarquée de Musk
Elon Musk, autrefois inséparable de Trump, a brillé par son absence. Officiellement excusé, officieusement marginalisé, le patron de Tesla et de xAI paie sa rupture avec le président et ses guerres ouvertes avec Apple et OpenAI. Ce vide en dit long : l’ère des « mavericks » rebelles cède la place à une oligarchie structurée, où les places à la table se méritent et se négocient.
Par ailleurs, les mots prononcés par les dirigeants résonnent comme un manifeste géopolitique:
- Sergey Brin (Google, co-fondateur), a évoqué « un point d’inflexion mondial ».
- Safra Catz (Oracle, CEO) a salué « le moment le plus incroyable de l’histoire de l’innovation ».
- Satya Nadella (Microsoft, CEO) a insisté sur « la confiance du monde dans la technologie américaine ».
Ce n’est plus seulement de business qu’il s’agit, mais d’un outil de domination globale. Le calcul est simple : contrôler les modèles, les puces et les clouds, c’est contrôler les flux d’information, d’innovation et donc de pouvoir.
Les nouveaux oligarques de l’ère digitale
La photo de famille, Trump au centre entouré des seigneurs de la Silicon Valley, restera comme l’image fondatrice d’un nouvel ordre technologique. Après les « barons du pétrole » et les « capitaines d’industrie », voici les oligarques de l’IA, adoubés par le politique pour conduire l’Amérique dans une course où la Chine, l’Europe et d’autres puissances ne jouent déjà plus qu’en mode rattrapage.