Le conseiller principal du président américain pour l’Afrique, Massad Boulos, a publié un tweet qui a valeur de marqueur diplomatique. En rencontrant Staffan de Mistura, Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, il a réaffirmé sans détour : « l’autonomie authentique sous souveraineté marocaine est la seule solution réaliste ».
Dans son message, Boulos écrit :
« Aujourd’hui, j’ai rencontré l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, S.E. Staffan de Mistura. J’ai réitéré la position claire des États-Unis : une autonomie véritable sous souveraineté marocaine est la seule solution envisageable pour le Sahara occidental. Nous avons également discuté du rôle stabilisateur de la MINURSO et des voies menant à la paix régionale. Je suis reconnaissant pour cette coordination continue en vue des prochaines discussions au Conseil de sécurité. »
À quelques semaines de la publication du rapport du Secrétaire général de l’ONU et du vote d’une nouvelle résolution du Conseil de sécurité en octobre, cette déclaration prend une résonance toute particulière. Elle confirme que le dossier du Sahara s’approche de sa ligne d’arrivée et que l’option marocaine s’impose désormais comme l’unique horizon de règlement.
Le poids des mots, la force du timing
Washington n’a jamais laissé place à l’ambiguïté depuis la reconnaissance officielle de la souveraineté du Maroc sur son Sahara en 2020. Mais le fait que Massad Boulos, figure centrale de la nouvelle architecture diplomatique américaine, choisisse ce moment précis pour réitérer cette position en dit long.
D’abord, parce que le tweet intervient alors que le Conseil de sécurité prépare une résolution décisive. Celle-ci pourrait, pour la première fois, acter la sortie définitive de l’illusion référendaire et consacrer le plan d’autonomie marocain comme base exclusive de négociation. Ensuite, parce que la séquence s’accompagne d’un débat profond au sein des Nations unies sur l’avenir même de la MINURSO.
De la MINURSO à la MANSASO : une conséquence, pas un objectif
Comme l’a récemment souligné Mohammed Loulichki, ancien ambassadeur du Maroc auprès de l’ONU, le moment est propice à une transformation radicale : remplacer la MINURSO (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) par la MANSASO (Mission d’assistance pour la négociation d’un statut d’autonomie au Sahara occidental).
Ce glissement paradigmatique ne serait pas une fin en soi, mais la conséquence logique d’un changement de fond : la consécration internationale du plan d’autonomie marocain. Pour Rabat, l’essentiel n’est pas le nom ou la structure de la mission onusienne, mais l’adoption claire et définitive d’une résolution qui écarte toute alternative à l’autonomie.
Un momentum diplomatique unique
La position américaine pèse d’autant plus que Washington est le « penholder » des résolutions sur le Sahara. Le soutien réaffirmé de Boulos, à la veille d’une échéance cruciale, est perçu comme un signal positif annonciateur d’une bascule historique.
L’année 2025 marque le cinquantenaire de l’éclatement du conflit. Cinquante ans d’impasse, de tensions, d’initiatives stériles et de médiations sans issue. Aujourd’hui, toutes les pièces du puzzle semblent alignées :
- Un appui international massif au plan d’autonomie.
- Une lassitude croissante face à l’inefficacité de la MINURSO.
- La volonté américaine de rationaliser le financement des opérations de maintien de la paix et de recentrer l’ONU sur des missions à forte valeur ajoutée.
Le Royaume face à son rendez-vous avec l’Histoire
Pour Rabat, le triomphalisme n’est pas de mise. Les diplomates marocains insistent : la priorité, c’est la résolution du mois d’octobre et le fond du texte qu’elle portera. Mais en toile de fond, la conviction est là : jamais le Maroc n’a été aussi proche d’un règlement définitif.
Le tweet de Massad Boulos vient renforcer cette impression. Il acte que le temps du statu quo touche à sa fin et que la communauté internationale est prête à franchir le pas vers l’unique solution viable : l’autonomie sous souveraineté marocaine.