Le président du Conseil de transition du Sud (STC), Aidarus al-Zubaidi, a déclaré qu’un Yémen du Sud indépendant pourrait rejoindre les Accords d’Abraham et établir des relations officielles avec Israël.
Dans un entretien accordé au média émirati The National, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, le dirigeant sudiste – également vice-président du Conseil présidentiel yéménite – a affirmé : « Lorsque nous aurons notre État du Sud, nous prendrons nos propres décisions, et je crois que nous ferons partie de ces accords. »
Une ouverture conditionnée par la question palestinienne
Al-Zubaidi a souligné que la viabilité des Accords d’Abraham dépendra d’une issue politique au conflit israélo-palestinien et de la reconnaissance des droits des Palestiniens. Favorable à la solution à deux États, il a établi un parallèle entre l’autodétermination des Palestiniens et celle du Sud-Yémen, rappelant que « tous les peuples ont le droit de choisir leur avenir ».
Le poids des Émirats arabes unis
Le Conseil de transition du Sud bénéficie d’un soutien politique, militaire et financier important de la part des Émirats arabes unis. Depuis 2015, Abou Dhabi a joué un rôle central dans l’émergence et la consolidation du mouvement séparatiste, en lui apportant armes, entraînement et appui logistique.
- Cette relation a permis au STC de s’imposer comme une force armée structurée dans le Sud.
- Elle explique également la proximité du discours d’Al-Zubaidi avec certaines orientations diplomatiques émiraties, notamment sur la question de la normalisation avec Israël.
Si ce soutien n’efface pas les divisions internes au Yémen, il confère au STC une influence régionale accrue et le positionne comme un acteur incontournable dans l’échiquier politique du pays.
Le dirigeant du STC justifie ses ambitions séparatistes par l’expérience passée du Sud-Yémen, indépendant de 1967 à 1990 sous le nom de République démocratique populaire du Yémen. À ses yeux, une partition ne constituerait pas un précédent inédit, mais le prolongement d’une trajectoire historique interrompue.
Un conflit yéménite toujours enlisé
Ces déclarations surviennent alors que la guerre civile se poursuit. Le pays reste divisé entre :
- Les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran, qui contrôlent une grande partie du Nord,
- Le gouvernement reconnu par la communauté internationale, appuyé par une coalition menée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis,
- Et le STC, acteur dominant dans le Sud, soutenu directement par Abou Dhabi.
Dans ce contexte complexe, l’idée d’un Yémen du Sud indépendant et intégré aux Accords d’Abraham reste hypothétique. Elle traduit cependant la volonté du STC de se projeter comme un futur État doté d’alliances régionales et internationales structurantes.