Chine-États-Unis : Une guerre commerciale sur fond de crise du fentanyl

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Les relations sino-américaines ont atteint un nouveau point de tension ce mois-ci, alors que la Chine a lancé un avertissement ferme aux États-Unis à propos de leur différend sur les politiques liées au fentanyl et les droits de douane. Dans un communiqué publié le 4 mars 2025 sur le réseau social X par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois, Pékin a qualifié les accusations américaines sur le trafic de fentanyl de « prétexte fragile » pour justifier une hausse des tarifs douaniers sur les importations chinoises. Cette déclaration intervient dans un contexte de guerre commerciale intensifiée par les récentes mesures du président américain Donald Trump, qui a imposé une surtaxe de 10 % sur tous les produits chinois, effective à partir du 1er février 2025, et menacé d’augmenter ces tarifs jusqu’à 60 %.

Une crise du fentanyl au cœur des tensions

Le fentanyl, un opioïde synthétique extrêmement puissant, est devenu la principale cause de décès par surdose aux États-Unis, avec plus de 74 000 morts en 2023, selon les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). Les autorités américaines accusent la Chine d’être un fournisseur clé des produits chimiques précurseurs nécessaires à la fabrication de ce médicament, qui sont ensuite transformés dans des laboratoires mexicains par des cartels comme celui de Sinaloa, avant d’être introduits illicitement aux États-Unis.

En réponse, la Chine a publié un livre blanc le 4 mars 2025, détaillant ses mesures de contrôle, telles que la classification du fentanyl comme substance contrôlée en 2019 et des opérations conjointes avec les États-Unis pour limiter sa production. Pékin rejette catégoriquement toute responsabilité dans la crise américaine, affirmant que « les États-Unis, et non un autre pays, sont responsables de la crise du fentanyl à l’intérieur de leurs frontières ».

Cependant, le porte-parole chinois a dénoncé les nouvelles taxes douanières américaines comme une forme de « pression, de chantage et d’intimidation » visant à punir Pékin pour ses efforts de coopération. « Ils nous punissent pour les avoir aidés », a-t-il déclaré, ajoutant que ces mesures « mineront le dialogue et la coopération sur la lutte contre les narcotiques ».

Une guerre commerciale en pleine escalade

Les tensions commerciales entre les deux superpuissances ne sont pas nouvelles. Sous la présidence de Donald Trump, une guerre commerciale avait déjà été déclenchée en 2018 avec des droits de douane sur des milliards de dollars de marchandises chinoises, accusées de pratiques déloyales comme le dumping et le vol de propriété intellectuelle. Bien que l’administration Biden ait maintenu une partie de ces mesures, elle a également introduit des taxes spécifiques sur les véhicules électriques, les panneaux solaires et les batteries chinoises. Les récentes annonces de Trump, incluant non seulement la Chine, mais aussi le Canada et le Mexique, visent à forcer ces pays à intensifier leur lutte contre le trafic de fentanyl, mais elles ont suscité des contre-mesures immédiates.

Le 4 mars 2025, la Chine a riposté en imposant des taxes de 10 % et 15 % sur une série de produits agricoles américains, tels que le poulet, le soja et les produits laitiers, tout en qualifiant les actions de Washington de « décision unilatérale » menaçant le système commercial multilatéral. Le ministère chinois des Affaires étrangères a également averti que, si les États-Unis persistaient dans une « guerre des droits de douane, une guerre commerciale ou toute autre forme de conflit », la Chine était « prête à se battre jusqu’au bout ».

Un différend qui dépasse les frontières économiques

La rhétorique belliqueuse de la Chine, soulignée par des phrases comme « l’intimidation ne nous fait pas peur, le bullying ne fonctionne pas sur nous », reflète une frustration croissante face à ce que Pékin perçoit comme une campagne de dénigrement et de pression économique. Les États-Unis, de leur côté, maintiennent que leurs mesures sont nécessaires pour protéger leur économie et leurs citoyens face à une crise sanitaire dévastatrice. Selon une enquête de la BBC, les produits chimiques précurseurs du fentanyl proviennent principalement de Chine, où des entreprises, parfois avec la complicité présumée d’entités étatiques, les exportent vers le Mexique, où ils sont transformés en drogue finie. Malgré les efforts de Pékin pour réglementer ces substances, des réseaux criminels continuent d’exploiter des failles, utilisant des paiements en cryptomonnaie et des plateformes chiffrées pour contourner les lois.

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