Un vent venu de Fès souffle sur le South Yorkshire. Dans un climat délétère à Sheffield Wednesday, le nom d’Anas Sefrioui, homme d’affaires marocain et figure majeure de l’immobilier africain, est désormais évoqué avec insistance comme l’un des prétendants les plus sérieux au rachat du club.
L’information, initialement rapportée par le journaliste Alan Nixon sur Patreon, a depuis trouvé écho dans plusieurs médias britanniques, dont The Sun et Football League World.
Le club historique de Sheffield Wednesday pourrait bientôt changer de mains – et ce n’est pas un acheteur ordinaire qui se profile. D’après plusieurs sources concordantes relayées par le journaliste Alan Nixon, le milliardaire marocain Anas Sefrioui serait en négociations avancées pour racheter le club de South Yorkshire. Une première pour un investisseur nord-africain à ce niveau du football britannique.
Un club à la dérive, une direction contestée
Depuis plusieurs mois, le propriétaire actuel Dejphon Chansiri fait face à une fronde populaire sans précédent. Accusé de mauvaise gestion financière, d’un manque de transparence et de retards dans le paiement des salaires, le dirigeant thaïlandais, en poste depuis 2015, n’exclut plus une cession, même s’il continue de nier activement chercher un repreneur.
Mais les chiffres parlent d’eux-mêmes : un déficit de 12,5 millions de dollars avant impôts, une dette brute dépassant les 85 millions, et une masse salariale estimée à 27,2 millions de dollars, pour un chiffre d’affaires annuel avoisinant 33 millions. Une équation devenue intenable, malgré une base de supporters loyale et une infrastructure de haut niveau. ( Source : Sheffield Wednesday Finances 2023/24 )

Sefrioui, un profil qui rassure… et intrigue les anglais
À 67 ans, Anas Sefrioui s’est retrouvé, à la surprise générale, au cœur de l’attention médiatique britannique ce week-end. Son nom figure parmi les plus recherchés sur Internet au Royaume-Uni, depuis que la presse locale l’a identifié comme un sérieux prétendant au rachat de Sheffield Wednesday.
Pour beaucoup d’observateurs anglais, c’est une découverte : le qualifiant de discret, à la tête d’un empire immobilier bâti autour du logement social. Patron du groupe Addoha Douja Promotion et classé 14e fortune d’Afrique par Forbes, Sefrioui dispose d’un patrimoine estimé à 1,6 milliard de dollars.
Son intérêt pour le football britannique n’est pas improvisé : il a mandaté un grand cabinet juridique pour évaluer différentes opportunités d’investissement, et Sheffield Wednesday semble retenir particulièrement son attention. Dans les médias comme dans les cercles footballistiques, son profil intrigue : solide, structuré, et éloigné des caricatures habituelles des investisseurs étrangers.
Ce regard nouveau posé sur lui au Royaume-Uni révèle, en creux, à quel point il peut suffire de viser un club anglais pour redevenir, aux yeux du monde, un capitaine d’industrie visionnaire — y compris quand l’image est plus contrastée chez soi.
Entre héritage anglais et ambitions globales
Sheffield Wednesday, quadruple champion d’Angleterre et monument du football britannique, végète aujourd’hui à la 15e place du Championship. Le club n’a plus goûté à la Premier League depuis 25 ans. Et malgré l’apport du coach allemand Danny Rohl, dont l’avenir reste incertain, la dynamique sportive est à reconstruire.

Mais pour un investisseur stratégique comme Anas Sefrioui, le club possède tous les ingrédients d’un géant endormi : un stade historique, une ferveur populaire intacte, et un potentiel commercial encore largement sous-exploité. Une opération qui, si elle aboutit, marquerait l’entrée remarquée d’un entrepreneur marocain dans l’univers très sélect du football britannique.
Ce que cela signifie pour le Maroc et l’Afrique
Mais au-delà du simple rachat d’un club anglais, c’est une dynamique bien plus profonde qui se dessine. Depuis 2008, sous l’impulsion du Roi Mohammed VI, le Maroc a fait du sport — et du football en particulier — un levier structurant de rayonnement culturel, diplomatique, économique et social. Une rupture stratégique qui a porté ses fruits : infrastructures modernes, soft power renforcé, reconnaissance internationale après la Coupe du Monde au Qatar, et consécration ultime avec la co-organisation de la Coupe du Monde 2030.
Dans ce contexte, l’émergence d’un acteur économique marocain dans l’arène du football européen ne relève pas du hasard : elle incarne une nouvelle phase de la diplomatie d’influence africaine, où les capitaux du Sud ne se contentent plus d’observer, mais investissent les symboles. Après les fonds souverains du Golfe et les milliardaires américains, le continent africain commence, lui aussi, à faire entendre sa voix dans les cercles décisionnels du football global.