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Sahara : Horst Köhler n’a pas démissionné pour des raisons de santé

Horst Köhler a pris la décision de quitter ses fonctions d’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU au Sahara au lendemain du vote de la résolution 2468 (2019). Et pour cause, le Maroc a réussi à faire barrage à toute tentative d’intégration du contrôle des droits de l’Homme aussi bien dans les prérogatives de la Minurso que dans les missions de l’Union Africaine. Sachant que la question des droits de l’Homme au Sahara était défendue, entre autres, par l’Allemagne et son ancien président Horst Köhler, cet état de fait a été vécu par ce dernier, comme un échec personnel. De plus, la déconfiture du pouvoir algérien, désormais considéré par la communauté internationale comme partie prenante du dossier, et la grande préoccupation de l’Allemagne quant à la survie de l’Europe sous sa forme actuelle suite aux élections européennes à haut risque de ce dimanche, autant d’éléments qui n’ont fait qu’accélérer le départ de Horst Köhler.

La veille de sa démission, Horst Köhler co-signait avec l’ancien ministre fédéral des Finances de Merkel et membre du SPD, Peer Steinbrück, un article paru sur le quotidien le plus lu d’Allemagne, Bild, au titre choc : « L’Europe est en grand danger ». Un article qui exhorte les allemands à se présenter massivement aux urnes pour les élections européennes. Le 7 mai dernier, Horst Köhler, nourri par la même inquiétude a présidé une conférence de presse aux côtés des sénateurs de la Fondation nationale allemande, une fondation destinée à promouvoir l’identité nationale allemande dans le cadre de l’Union Européenne, pour appeler les allemands aux élections. Une première !

Le 7 avril dernier, alors que les tractations du vote de la résolution 2468 (2019) battaient leur plein, Horst Köhler était au Rwanda, en sa qualité d’ancien président de l’Allemagne Fédérale, représentant son pays dans la 25e commémoration du génocide contre les Tutsi « Kwibuka 25 ». Le désormais ancien envoyé spécial d’Antonio Guterres, avait déjà tourné la page du dossier Sahara.

Bourita peu surpris de la démission de Köhler

La rapidité de la réaction du ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, à l’annonce «surprise» de la démission de Horst Köhler est révélatrice de l’implication de la diplomatie marocaine dans cette décision. Une source proche du dossier aurait révélé au site web d’information Yabiladi, que ce départ serait la conséquence de «pressions exercées par le Maroc». Rabat refusait la volonté manifeste de Köhler d’impliquer l’Union africaine dans le règlement du conflit régional, précise la même source.

Yabiladi révèle également que Nasser Bourita aurait effectué un très discret voyage aux Etats-Unis la semaine dernière, où il aurait exprimé le refus catégorique de Rabat de poursuivre le processus de négociation avec Köhler.

Il est évident que cette démission a été préparée avec Rabat, qui a préféré cette fois-ci une gestion moins frontale et plus diplomatique de sa relation avec l’Envoyé Personnel du Secrétaire général des Nations Unies, que celle qu’elle a eu avec le couple Ban Ki-Moon, Christopher Ross.

Dans son communiqué, le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a annoncé avoir pris note, “avec regret”, de la démission de Horst Köhler. Le ministère déclare également que le « Royaume du Maroc rend hommage à Horst Köhler, pour les efforts qu’il a déployés depuis sa nomination en août 2017, saluant la constance, la disponibilité et le professionnalisme avec lesquels M. Köhler s’est acquitté de ses fonctions». Tout est bien qui finit bien !

En 2019, le Maroc a verrouillé sa souveraineté juridique sur le Sahara auprès de la communauté internationale, mais la crise en Algérie et au Sahel risque de prolonger le statu quo

« Le Royaume du Maroc est le seul habilité juridiquement, dans le cadre de l’exercice de sa souveraineté, à négocier et signer des accords incluant le Sahara marocain » c’est le grand acquis arraché par le Maroc durant les six derniers mois auprès de l’ensemble de la communauté internationale. Les ressources naturelles, les aides aux populations sahraouis, la présence militaire autant de sujets que Rabat a mis au clair avec ses partenaires.

Cependant, en vue la complication de la situation au Sahel aggravée par l’escalade de la violence en Libye, ainsi que l’instabilité politique en Algérie qui perdure, il est peu probable pour les Nations unies de pouvoir arracher une solution rapide du dossier avec des parties prenantes sous pression.

Le Maroc reste le partenaire le plus sérieux et le plus constant, offrant l’option la plus réaliste pour résoudre le conflit. Toutefois, avec cet environnement mouvant et tendu, il est très probable que le statu quo perdure encore longtemps.

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