Le secrétaire général de la puissante centrale syndicale l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi, a annoncé jeudi soir 20 septembre 2018 que la commission administrative nationale a décrété une grève générale dans le secteur public le 24 octobre suivie d’une autre grève générale le 22 novembre dans la fonction publique, justifiant la décision par « la dégradation de la situation politique et sociale, ainsi qu'à la baisse du pouvoir d’achat. Outre l’intention du gouvernement de céder certains établissements publics afin de combler les lacunes budgétaires », rapporte la presse électronique tunisienne.
La centrale fondée par Farhat Hached, le 20 janvier 1946, a toujours tenu tête aux régimes tunisiens de Bourguiba en passant par Ben Ali. Elle monte encore une fois au front face à une situation politique, économique et sociale qui n’a pas cessé de se dégrader depuis l’avènement du fameux « printemps arabe » qui a porté au pouvoir le mouvement islamiste d’Ennahdha de Rached Ghannouchi.
L’UGTT est victime d’une diabolisation systématique par le mouvement islamiste, en qui il voit l’obstacle majeur à la réalisation de son projet « sociétal » inspiré du programme des Frères musulmans. Ces derniers jours, les médias tunisiens ont évoqué avec insistance l’avortement d’un projet d’assassinat du SG de l’UGTT. Ce dernier tient à la chute de l’actuel chef de gouvernement Youssef Chahed, taxé de tous les maux dont souffre la Tunisie aujourd’hui. Dans la réalité, c’est encore une fois une lutte pour le pouvoir. La Tunisie est à la croisée des chemins, et plus l’échéance de 2019 pour l’élection présidentielle et les législatives approchent, plus les esprits se réchauffent promettant un hiver des plus chaud.
D’ailleurs, le peuple tunisien désabusé et abusé par des promesses sans lendemain, a toujours en mémoire le jeudi noir du 26 janvier 1978 lorsque Habib Achour, patron de l’UGTT avait décrété une journée de grève générale, une première depuis l’indépendance pour affirmer son indépendance vis-à-vis du parti socialiste destourien (PSD). Le pays s’est trouvé à feu et à sang avec un bilan officiel de 46 morts mais des sources indépendantes avaient parlé de centaines de morts et de blessés.
Aujourd’hui le contexte est différent mais des jours très difficiles attendent le pays sans pouvoir prédira la tournure que prendront les événements dans les semaines à venir.