Au Yémen, cette autre guerre du Golfe où Ryadh est embourbé

La guerre du Yémen qui dure depuis trois ans et demi entre d’une part l’armée régulière du gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hédi, soutenu par la coalition arabe conduite par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis contre la rébellion chiite houthie épaulée par l’Iran a connu son paroxysme cette semaine avec la bataille qui fait rage autour du port stratégique de la ville de Hodeïda sur la mer rouge. La bataille pour s’emparer de la cité a fait des dizaines de morts dans les deux camps belligérants et les dernières informations font état de la chute de l’hôpital du 22 mai entre les mains de la coalition et de véritables combats de rue s’y déroulent accompagnés de frappes aériennes de l’aviation de la Coalition.

Les Etats-Unis, en accord avec l’Arabie saoudite, ont décidé de cesser de ravitailler en carburant en vol l’aviation de la coalition. Riyad est allé jusqu’à affirmer qu’elle avait «accru sa capacité à mener de manière indépendante le ravitaillement en vol » et a donc « demandé la cessation de l'aide au ravitaillement en vol pour ses opérations au Yémen ». Toutefois médias américains et observateurs internationaux nuancent les affirmations saoudiennes par plusieurs faits.

Cyniquement, la liquidation du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat de son pays à Istanbul le 2 octobre dernier, dont le corps a été vraisemblablement dissous, a poussé la presse internationale, américaine, britannique et Al Jazeera en particulier à braquer les projecteurs sur Ryadh et à rappeler la communauté internationale le drame et les ravages de la guerre au Yémen dans lequel l’Arabie Saoudite est partie prenante surtout avec la publication par le New York Times d’un reportage poignant en date du 26 octobre dernier avec une photo à la Une d’ Amal Hussain, 7 ans, en train de dépérir de la faim en soulignant que « La guerre menée par les Saoudiens au Yémen a poussé des millions de personnes au bord de la famine ». Reportage qui a soulevé un tollé aux Etats-Unis au sein de l’opinion publique et au Congrès qui a menacé de prendre des mesures contre les ravitaillements américains et porter même des plaintes pour crimes contre l’humanité à l’encontre des parties en conflits.

Pour désamorcer tant soit peu la réaction du Congrès, le secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, a publié le 30 octobre un long communiqué dans lequel il a renvoyé dos à dos les belligérants tout en les appelant à cesser les hostilités et à se remettre à table pour négocier et mettre un terme à ce conflit : " Les États-Unis appellent toutes les parties à soutenir l'envoyé spécial des Nations Unies, Martin Griffiths, dans la recherche d'une solution pacifique au conflit au Yémen sur la base des références convenues. "

Le moment est maintenant venu pour la cessation des hostilités, notamment des frappes de missiles et les drones depuis les zones contrôlées par les Houthies vers le Royaume d'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Par la suite, les frappes aériennes de la coalition doivent cesser dans toutes les zones peuplées du Yémen.

Des consultations de fond dans le cadre de l'envoyé spécial des Nations unies doivent commencer en novembre dans un pays tiers pour mettre en œuvre des mesures de renforcement de la confiance afin de résoudre les problèmes sous-jacents du conflit, la démilitarisation des frontières et la concentration de toutes les armes de grande taille soumises à une surveillance internationale.

La cessation des hostilités et la reprise vigoureuse de la voie politique contribueront également à atténuer la crise humanitaire.

Le même appel à la cessation du conflit par le ministre britannique des affaires étrangères, Jeremy Hunt, et par le secrétaire américain à la Défense, Jim Matis, à la suite des critiques formulées à l’encontre de la campagne de bombardement au Yémen et l'assassinat de Jamal Khashoggi.

Autre fait, des analystes estiment que par leur décision de ne plus ravitailler les avions de la coalition, les américains cherchent à faire baisser la pression sur leurs alliés saoudiens en l’inscrivant comme étant une forme de sanction surtout que le président Donald Trump a brandi des menaces plus d’une fois.

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