C’est un signal diplomatique fort que vient d’adresser Nairobi depuis Rabat. En affirmant que le plan marocain d’autonomie constitue «la seule approche durable» pour résoudre le différend autour du Sahara, le Kenya franchit un cap et s’inscrit ouvertement dans le camp des soutiens consolidés à l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc. Un basculement aux implications multiples sur le plan africain comme multilatéral.
En visite officielle au Maroc, Musalia Mudavadi, Premier ministre et ministre des Affaires étrangères et de la Diaspora de la République du Kenya, a exprimé un soutien sans équivoque au plan d’autonomie présenté par le Royaume du Maroc comme solution au différend autour du Sahara. Ce positionnement, consigné dans un communiqué conjoint publié à l’issue de sa réunion à Rabat avec Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères, marque une étape décisive dans la consolidation des alliances africaines autour de la position marocaine.
CE QU’IL FAUT RETENIR
- Le Kenya soutient explicitement le plan d’autonomie marocain comme unique solution crédible.
- Nairobi salue la dynamique diplomatique menée par SM le Roi Mohammed VI ainsi que le consensus international croissant autour de cette approche.
- Le communiqué conjoint insiste sur l’exclusivité du cadre onusien pour le traitement du dossier, avec un appui affirmé à la résolution 2756 (2024) du Conseil de sécurité.
- Le Maroc, de son côté, exprime sa reconnaissance pour le positionnement kenyan et son soutien au travail de l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU.
Un soutien explicite, une rupture assumée
Le communiqué signé par les deux chefs de la diplomatie précise que le Kenya « considère le plan d’autonomie comme la seule approche durable pour la résolution de la question du Sahara ». Une formulation forte, qui dépasse les euphémismes diplomatiques traditionnels. Nairobi affirme également sa volonté de coopérer avec les États partageant cette vision en vue de faciliter la mise en œuvre du plan.
Cette déclaration intervient dans un contexte où la dynamique internationale autour du plan d’autonomie gagne du terrain, notamment après l’appui renouvelé des États-Unis, de l’Espagne et des Émirats arabes unis. Le texte précise:
« La République du Kenya se félicite du consensus international croissant et de la dynamique menée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI en faveur du plan d’autonomie présenté par le Royaume du Maroc comme la seule solution crédible et réaliste ».
Un appui au processus onusien et à l’Envoyé personnel
Les deux parties ont réaffirmé leur attachement à l’exclusivité des Nations Unies dans la gestion du processus politique, appelant à une solution durable fondée sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. À cet égard, le communiqué cite explicitement la résolution 2756 (2024), qui renouvelle le mandat de la MINURSO et appelle à une solution politique réaliste, pragmatique et durable.
Le Maroc, pour sa part, a salué la reconnaissance par le Kenya de la coopération continue du Royaume avec le Secrétaire général de l’ONU et son Envoyé personnel pour le Sahara, Staffan de Mistura, dans le but de faire progresser le processus politique.
Changement de paradigme à Nairobi
La position du Kenya ne saurait être interprétée comme une simple prise de position bilatérale. Elle s’inscrit dans une reconfiguration plus large des alliances africaines sur le Sahara, alors que l’axe Rabat–Abuja–Nairobi prend forme face aux blocages persistants entretenus par Alger et ses alliés.
Depuis l’arrivée au pouvoir de William Ruto, le Kenya a progressivement redéfini son approche sur plusieurs dossiers panafricains, en particulier ceux liés à la paix, à la sécurité et à l’unité continentale. Le soutien affiché à la solution d’autonomie reflète une vision pragmatique du dossier du Sahara Marocain, fondée sur la stabilité régionale et l’investissement économique.
Un signal aux partenaires africains et internationaux
Ce soutien explicite intervient à un moment où le Maroc capitalise sur une dynamique diplomatique multiforme, marquée par l’ouverture de consulats dans les provinces du Sud, l’implication croissante de Rabat dans les opérations de paix africaines, et la reconnaissance par des acteurs clés comme les États-Unis, l’Espagne, la France, les Émirats arabes unis ou Israël.
En s’alignant avec les résolutions du Conseil de sécurité et en coopérant avec les États partageant une vision similaire, le Kenya se positionne comme un relais de la légitimité marocaine dans les enceintes africaines et onusiennes.
Une convergence Rabat–Nairobi qui se structure
Au-delà de la question saharienne, cette déclaration commune s’inscrit dans un élargissement du partenariat stratégique maroco-kenyan, articulé autour :
- de la coopération en matière d’investissement et de commerce,
- d’initiatives communes sur les questions climatiques,
- et du renforcement de la diplomatie économique et religieuse sud-sud.
Par ce positionnement clair, le Kenya envoie un message fort : la légitimité du plan d’autonomie marocain est désormais une donnée géopolitique de plus en plus incontournable. Une reconnaissance qui conforte l’architecture diplomatique patiemment bâtie par le Royaume depuis deux décennies, et qui confirme le rôle central du Roi Mohammed VI dans la refondation des équilibres africains.