Lacoste ose l’impensable : son Crocodile devient une «chèvre» pour Djokovic

À l’occasion de l’US Open 2025, Lacoste a osé ce qu’aucune marque n’avait encore entrepris : modifier son logo iconique. Le Crocodile, emblème centenaire et signature de René Lacoste, a été redessiné sous la forme d’une chèvre. Ce choix repose sur un double sens : en anglais, « chèvre » se dit goat, et GOAT est également l’acronyme largement utilisé pour désigner le Greatest Of All Time – le plus grand de tous les temps. À travers cette opération baptisée From the Crocodile to the GOAT, la marque rend hommage à Novak Djokovic, son ambassadeur depuis plus de huit ans, et inscrit son identité visuelle dans un récit qui associe héritage sportif et reconnaissance d’un palmarès exceptionnel.

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Une capsule «GOAT» collection pensée comme un objet de désir

Pour sa campagne Djokovic, Lacoste a lancé une collection capsule exclusive composée de cinq pièces iconiques – polo, t-shirt, veste, pantalon et casquette – toutes ornées du logo revisité. L’édition limitée, distribuée uniquement dans certains marchés stratégiques, exploite deux ressorts puissants du marketing premium : la rareté et l’exclusivité, transformant la capsule en objet de désir autant qu’en produit de consommation.

New York, théâtre du lancement

Le choix du lancement renforce la narration. Le 22 août, Djokovic a dévoilé la capsule dans le nouveau flagship Lacoste de la Fifth Avenue à New York. Le dispositif événementiel, incluant une apparition de Djokovic en personne pour un meet & greet, illustre une stratégie d’activation où l’expérience de marque prend autant de valeur que le produit.

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La localisation est loin d’être anodine : c’est sur le sol américain que René Lacoste fut surnommé « Crocodile », qu’il remporta les US Championships en 1926 et 1927, et qu’il conçut l’idée du polo. En lançant cette capsule à New York, Lacoste connecte son héritage fondateur à ses ambitions sur le premier marché mondial du sportswear.

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Une opération d’alignement entre l’athlète et la marque

Au-delà de l’événement, ce rebranding ponctuel révèle un alignement exemplaire entre ambassadeur et marque. Djokovic n’est pas seulement un sportif sponsorisé : il est devenu un vecteur de valeurs – ténacité, longévité, dépassement de soi – qui résonnent avec le positionnement premium et intemporel de Lacoste.

Thierry Guibert, CEO de Lacoste, l’explique ainsi : « Au-delà de l’extraordinaire joueur, sa ténacité, son état d’esprit et ses valeurs ont contribué à amplifier la marque. » En d’autres termes, Djokovic ne se contente pas de porter Lacoste : il la légitime et la projette dans l’univers du GOAT marketing, où le produit s’efface presque derrière l’icône qu’il incarne.

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Le palmarès qui plie l’icône

Avec 24 titres du Grand Chelem, un record de semaines au sommet du classement mondial et une suprématie sur les Masters 1000, Djokovic impose un palmarès sans équivalent. Son dernier exploit symbolique ? Avoir poussé Lacoste à transformer son logo. Peu d’athlètes peuvent revendiquer une telle empreinte culturelle : inscrire leur nom à la fois dans l’histoire du sport et dans l’ADN graphique d’une marque mondiale.

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Une lecture géopolitique en arrière-plan

Au-delà du marketing, certains y voient un mouvement stratégique de repositionnement. Originaire des Balkans, Djokovic est parfois perçu à travers le prisme de ses proximités culturelles et politiques, notamment avec la Russie.

Alors que les États-Unis et la Russie connaissent une phase de détente, portée par la stratégie d’apaisement du président Donald Trump vis-à-vis de Vladimir Poutine, Lacoste semble avoir saisi l’opportunité pour repositionner son ambassadeur. Novak Djokovic, dont l’image avait été fragilisée ces dernières années par des prises de position instrumentalisées et par son exclusion de certains tournois, retrouve ici une forme de réhabilitation symbolique.

En transformant le Crocodile en chèvre, la marque déplace le regard : elle replace Djokovic au centre du récit sportif et universel, en faisant de lui l’incarnation du Greatest Of All Time, au-delà des controverses diplomatiques.

Un cas d’école de brand strategy

Cette initiative constitue un case study rare de branding expérientiel. En osant modifier son logo – actif le plus sacré de toute maison – Lacoste démontre comment une marque peut créer un brand moment mondial. L’opération combine héritage (René Lacoste et son crocodile), activation expérientielle (lancement Fifth Avenue, présence de Djokovic), culture populaire (le GOAT comme code urbain), et rareté (capsule limitée). Un exemple inspirant pour les marketeurs et entrepreneurs : comment transformer un hommage sportif en levier conversationnel global, et faire d’un logo un capital émotionnel et aspirationnel.

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