Interview exclusive : « Omar Alaoui, à la tête de NSI MENA, stratège des nouvelles influences »

Très tôt initié aux arcanes des cercles de décision, Moulay Omar Alaoui incarne une génération de jeunes Marocains portés par une ambition ardente et un patriotisme chevillé au corps. Longtemps visible sur les réseaux sociaux, il s’est pourtant imposé une retraite médiatique assumée, préférant le silence à l’exposition. Mais loin des projecteurs, il a tracé sa voie, opérant une percée impressionnante dans le monde feutré de l’influence stratégique.

Pour la première fois depuis plusieurs années, il s’exprime exclusivement pour Le1.ma. Depuis Dubaï, où il prend la tête du développement de Next Step Influence (NSI) — le pôle d’influence du mastodonte européen ADIT — il révèle sa vision : déployer une stratégie intégrée, à la croisée des affaires publiques et de l’influence digitale, pour accompagner États, entreprises et investisseurs dans une région MENA traversée par de profondes recompositions politiques, économiques et réputationnelles.

Fort de l’héritage d’ESL Rivington et d’Antidox, il entend positionner NSI comme un acteur de référence, capable de bâtir des passerelles durables entre Rabat, Dubaï, Paris et les capitales du Golfe. Dans un monde où l’information précède la décision et où les narratifs façonnent la puissance, le Maroc se révèle, à travers l’action de Moulay Omar Alaoui, comme un pivot discret mais essentiel, capable de relier les sphères d’influence et d’ouvrir des voies là où les lignes semblaient figées.

Pour Le1.ma, Moulay Omar Alaoui dévoile les coulisses de la montée en puissance de Next Step Influence et livre son analyse sur les dynamiques d’influence qui redessinent aujourd’hui les équilibres entre Rabat, Dubaï, Paris et les capitales du Golfe.


Le1.ma : Vous pilotez désormais le développement de Next Step Influence sur toute la zone MENA. Quelle est aujourd’hui l’architecture opérationnelle de NSI dans la région, et comment articulez-vous les hubs de Rabat, Dubaï et les relais locaux ?

Moulay Omar Alaoui : Il nous a semblé naturel de rapprocher les bureaux de Rabat et de Dubaï, deux hubs régionaux clés pour nos clients, confrontés à des enjeux d’accompagnement similaires. Dans ces deux zones en pleine transformation, marquées par une dynamique de développement tous azimuts, notre rôle est d’aider nos partenaires à décrypter les environnements locaux et à construire les passerelles nécessaires pour sécuriser et pérenniser leur activité.

Chaque desk dispose de ses propres équipes dédiées, mais nous privilégions une approche décloisonnée. Avec mon Président Alexandre Medvedowsky, nous sommes convaincus que la valeur ajoutée se crée dans la circulation des expertises et la complémentarité des profils. C’est d’autant plus vrai que nombre de nos clients interviennent sur plusieurs zones à la fois et attendent de nous un accompagnement cohérent, de Rabat à Dubaï, mais aussi à Bruxelles ou Paris, avec qui nous collaborons étroitement.

Enfin, chez NSI, nous sommes persuadés qu’un accompagnement efficace repose d’abord sur une connaissance intime des réalités locales. C’est pourquoi nous avons constitué, au fil des années, un réseau dense de relais de confiance sur le terrain – experts, institutionnels, opérateurs privés – qui travaillent main dans la main avec nos équipes et contribuent activement à la richesse de notre accompagnement.

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Moulay Omar Alaoui- Managing Partner des bureaux ESL Maroc et ESL Dubai.

Le1.ma : Le pôle NSI regroupe des expertises issues de deux entités aux ADN très différents : ESL Rivington (diplomatie d’affaires) et Antidox (influence numérique). Comment assurez-vous l’intégration de ces cultures dans un contexte aussi spécifique que celui du MENA ?

Moulay Omar Alaoui — En réalité, les expertises d’ESL et d’Antidox s’inscrivent dans une logique parfaitement complémentaire, au service d’une même ambition : défendre les intérêts de nos clients sur l’ensemble du spectre de l’influence, à la fois tangible et intangible.

Cette approche intégrée nous permet d’intervenir de manière fluide, du conseil stratégique à l’exécution opérationnelle, qu’il s’agisse d’actions d’affaires publiques, de diplomatie d’affaires, de gestion de réputation ou de communication digitale.

L’intégration des deux entités s’est opérée de manière très naturelle, portée par une demande croissante de nos clients pour un accompagnement à 360°. Dans la région MENA, de plus en plus d’acteurs comprennent qu’une stratégie d’affaires publiques ne peut pleinement réussir sans une stratégie de visibilité numérique — et réciproquement.

Les équipes d’ESL et d’Antidox collaborent depuis des années sur plusieurs thématiques et zones géographiques. C’est le cas au Maroc, notamment sur des batailles de communication d’influence autour de dossiers stratégiques pour les intérêts du Royaume dans des enceintes internationales.

Le1.maQuels sont, selon vous, les grands défis de l’influence stratégique dans la région MENA aujourd’hui ?

Moulay Omar Alaoui — Le premier défi est la fragmentation politique accrue des pays de la zone, qui rend la lisibilité du leadership difficile. Cela nous pousse à renforcer notre capacité d’anticipation, à naviguer dans la multiplication des forces en présence et à formuler des stratégies long-terme pour préserver la crédibilité de nos clients.

Le second défi est la croissance de la concurrence dans des zones à fort potentiel, devenues de véritables Eldorado pour les entreprises en quête de développement et de nouveaux relais de croissance. Dans ce contexte, nous devons proposer à nos clients des approches stratégiques audacieuses, innovantes et différenciantes pour les aider à se démarquer durablement.

Le1.maLe Maroc devient progressivement une plateforme régionale en matière de diplomatie économique et de communication institutionnelle. Comment évaluez-vous la maturité du marché marocain ?

Moulay Omar Alaoui — Côté demande, le Maroc connaît une prise de conscience progressive de l’importance des affaires publiques et de la communication d’influence comme leviers stratégiques. Néanmoins, seules les grandes entreprises nationales et les groupes internationaux implantés localement commencent à structurer leurs activités d’influence.

Côté offre, les métiers du lobbying et de la communication d’influence ne sont pas encore pleinement professionnalisés ni institutionnalisés. Peu de cabinets spécialisés locaux existent, et les règles de transparence restent embryonnaires.

Chez NSI, nous sommes fiers d’avoir été pionniers en posant les jalons des affaires publiques et de l’influence au Maroc il y a 10 ans, en contribuant à l’essor de pratiques plus matures, transparentes et professionnelles.

Le1.maQuels sont les besoins spécifiques des clients – qu’ils soient publics ou privés – dans cette région souvent soumise à des tensions réputationnelles et des pressions géopolitiques ?

Moulay Omar Alaoui — Quatre besoins dominent :

  1. L’accès à l’information fiable et précise : indispensable pour bâtir des décisions économiques éclairées.
  2. L’accès sécurisé et stratégique aux décideurs : dans un environnement fragmenté où les canaux d’accès peuvent être informels.
  3. L’anticipation réglementaire : les clients attendent une veille prospective et des analyses fines sur les évolutions législatives et les orientations des régulateurs.
  4. L’adaptation des messages : chaque communication doit être contextualisée et calibrée selon les langues, sensibilités et publics cibles, avec un ancrage digital fort.

Le1.maLe marché MENA est désormais quadrillé par des cabinets internationaux (APCO, Brunswick, H+K, Consulum…). Quelle est la valeur ajoutée spécifique de NSI ?

Moulay Omar Alaoui — Notre force repose sur trois piliers :

  1. L’appartenance au groupe ADIT : leader européen de l’intelligence économique, fort de 2 000 consultants et de 500 M€ de CA.
  2. L’expertise humaine de NSI : une équipe de haut niveau composée d’anciens diplomates, hauts fonctionnaires et experts du privé.
  3. Une présence locale solide : nos bureaux délocalisés permettent d’opérer au plus près des réalités du terrain, tout en mobilisant des standards internationaux.
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Moulay Omar Alaoui- Managing Partner des bureaux ESL Maroc et ESL Dubai.

Le1.maQuels secteurs sont aujourd’hui les plus demandeurs de services d’influence dans la région ?

Moulay Omar Alaoui — Nous intervenons dans une grande diversité de secteurs : énergie, eau, mobilité urbaine, tech et santé. Au Maroc, la Coupe du Monde 2030 agit comme catalyseur d’investissements et crée une forte demande d’accompagnement stratégique.

Notre ancrage dans le Golfe nous confère également une expertise affirmée dans le secteur financier, en particulier sur l’accompagnement des enjeux stratégiques des fonds d’investissement et des fonds souverains.

Le1.maComment voyez-vous évoluer le lien entre intelligence stratégique et influence ?

Moulay Omar Alaoui — L’intelligence stratégique constitue le socle de toute influence efficace. Dans un environnement concurrentiel et mouvant, l’information est le nerf de la guerre : elle éclaire les rapports de force, révèle les opportunités et permet d’anticiper les risques.

Une stratégie d’influence ne peut être performante sans comprendre les dynamiques, les acteurs et les leviers mobilisables. C’est cette articulation entre compréhension et action qui fait la force de notre approche.

Le1.maNSI se projette-t-elle sur de nouveaux marchés africains à partir de son ancrage marocain ?

Moulay Omar Alaoui — Oui. Le Maroc est pour nous un point de relais stratégique vers l’Afrique, à la fois pour les entreprises étrangères et marocaines. Cette expansion repose sur deux critères :

  1. une connaissance fine des spécificités locales ;
  2. un réseau solide de partenaires.

Nous n’excluons pas des opérations de croissance externe en Afrique de l’Ouest, appuyées sur notre hub marocain.

Le1.maQuel regard portez-vous sur le rôle du Maroc dans l’architecture des influenceurs globaux ?

Moulay Omar Alaoui — Le Maroc est désormais un pivot africain, méditerranéen et atlantique. Il joue un rôle de connecteur discret entre les sphères d’influence, capable de rapprocher des positions, de fluidifier les échanges et d’ouvrir des canaux là où les lignes semblaient figées.

Cette fonction de connecteur, rare et précieuse, constitue notre atout géopolitique majeur.

Nawfal Laarabi
Nawfal Laarabi
Intelligence analyst. Reputation and influence Strategist 20 années d’expérience professionnelle au Maroc / Spécialisé dans l’accompagnement des organisations dans la mise en place de stratégies de communication d’influence.

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