Les États-Unis ont transmis aux membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies une nouvelle version de projet de résolution sur le Sahara qui constitue, selon plusieurs sources diplomatiques, une inflexion majeure de la position américaine au sein de l’organe onusien. Le texte propose de reconnaître le plan d’autonomie présenté par le Maroc en 2007 comme la seule base sérieuse, crédible et réaliste pour parvenir à une solution politique définitive.
En tant que «pays porte-plume» du dossier, Washington a distribué cette nouvelle mouture en vue de sa discussion puis de son adoption au cours des prochaines semaines. La formulation de la résolution confirme la continuité de la position américaine initiée en décembre 2020, lorsque les États-Unis avaient reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara.
Le projet invite l’ensemble des parties concernées, Maroc, Front Polisario, Algérie et Mauritanie, à reprendre les négociations sans conditions préalables, sur la base exclusive de la proposition marocaine d’autonomie.
La formulation américaine écarte implicitement la référence au référendum d’autodétermination, longtemps inscrite dans les précédents textes onusiens, pour réorienter le processus politique autour d’un modèle d’autonomie sous souveraineté marocaine.
Le texte décrit l’initiative du 11 avril 2007 comme «le fondement le plus sérieux et le plus crédible pour une solution durable et mutuellement acceptable».
Le projet réaffirme par ailleurs le soutien des États-Unis au Secrétaire général et à son Envoyé personnel, Staffan de Mistura, et souligne la nécessité d’une reprise rapide des discussions quadripartites afin d’aboutir à un compromis avant la prochaine échéance du mandat onusien.
Mandat de la MINURSO réduit à trois mois
Autre évolution notable : la durée du mandat de la MINURSO serait ramenée à trois mois, jusqu’en janvier 2026, au lieu des renouvellements annuels habituels. Cette limitation temporelle vise à accélérer le calendrier diplomatique et à lier l’avenir de la mission onusienne aux résultats des négociations.
Le texte demande au Secrétaire général de présenter une évaluation intermédiaire dans les six semaines suivant la prorogation, puis un rapport final avant l’expiration du mandat, comprenant des recommandations sur la transformation ou la fin de la mission.
Les points clés du projet américain :
1. Reconnaissance du plan d’autonomie marocain (2007) comme seule base de négociation.
2. Exclusion implicite du référendum comme option de règlement.
3. Soutien au rôle de l’Envoyé personnel du Secrétaire général.
4. Renouvellement de la MINURSO pour trois mois seulement, jusqu’à janvier 2026.
5. Évaluation finale du Secrétaire général sur la transformation ou la fin de la mission.
Cette proposition américaine intervient à un moment où le contexte international est marqué par une recomposition des équilibres régionaux et par un regain d’intérêt des puissances globales pour la façade atlantique africaine.
En consolidant la position marocaine comme axe de stabilité régionale, Washington est déterminée à inscrire le dossier du Sahara dans une logique de règlement durable, fondée sur la reconnaissance d’une autonomie interne plutôt que sur la confrontation idéologique.
Le vote de la résolution, attendu dans les prochaines semaines, pourrait consacrer une convergence inédite au sein du Conseil de sécurité, portée notamment par l’évolution du positionnement russe, désormais plus aligné sur le réalisme politique incarné par le Maroc, tandis que la Chine demeure attentive à l’émergence d’un consensus durable autour du plan d’autonomie.